Dans un discours de fin d’année marqué par des tensions grandissantes dans le secteur éducatif, le président Paul Biya a fait une déclaration sans équivoque quant à la situation des enseignants en grève pour des conditions de travail améliorées. La menace de répression est désormais clairement formulée.
L’allocution du président, prononcée le dimanche 31 décembre 2023, a focalisé une attention particulière sur le domaine éducatif, où la stabilité demeure insaisissable malgré les efforts revendiqués du gouvernement. Biya a souligné les « efforts méritoires consentis par le Gouvernement » pour soutenir les enseignants, citant une enveloppe budgétaire de 72 milliards de FCFA débloquée en 2023 à cet effet, avec une provision supplémentaire de 102 milliards prévue pour l’année en cours.
Cependant, cette tentative de soulagement financier n’a pas apaisé les tensions. Le président a exprimé sa frustration face à la poursuite de la grève, déclarant qu’il serait intolérable que l’éducation des enfants soit prise en otage par une fraction d’enseignants dont les motivations sembleraient diverger des objectifs déclarés. Biya a insisté sur sa volonté de garantir le droit à l’éducation de la jeunesse, menaçant de mesures fermes pour éviter que celle-ci ne soit compromise.
Tout en martelant cette fermeté, le président a également promis de maintenir un dialogue constructif avec les syndicats reconnus pour répondre aux aspirations légitimes des enseignants.
Cette situation découle d’une grève initiée en février 2022 par le Mouvement OTS, mobilisant des milliers d’enseignants réclamant de meilleures conditions de travail. Un des points de contention majeurs concerne les retards de solde pour les enseignants diplômés des écoles normales, contraints d’attendre parfois plusieurs années pour être rémunérés.
Malgré des promesses gouvernementales initiales, les enseignants ont de nouveau protesté en mars 2023, affirmant ne pas avoir reçu leurs paiements et déplorant la persistance du système de paiement partiel. Ces interruptions ont eu un impact désastreux sur l’évaluation des élèves dans de nombreux établissements publics, les empêchant d’assimiler le programme et de passer des évaluations en temps voulu.
Cette escalade de tensions dans le secteur éducatif, accentuée par la répression annoncée, soulève des inquiétudes quant à l’impact sur l’apprentissage des enfants et à la résolution des revendications légitimes des enseignants. La nécessité d’un dialogue véritable et de mesures concrètes pour garantir un enseignement de qualité apparaît plus cruciale que jamais.