Pneumologue actuellement en service aux cliniques universitaires des Montagnes (Cum) et enseignant à /’Université des Montagnes de Bangangté (Udm), après avoir longtemps exercé en France, il apporte des éclairages sur la perception que les profanes ont du coronavirus depuis que cette pandémie focalise toutes les attentions.
Pour lui, au lieu de s’affoler, le respect des mesures simples permettrait aux patients de recouvrer dans un bref délai leur santé et aux autres personnes de ne pas se contaminer.
Une certaine opinion répand une information selon laquelle, le système immunitaire de “’l’homme noir” ferait qu’il soit moins exposé au coronavirus. Doit-on prendre cette opinion au sérieux ?
Certainement pas ! On aurait encore pu dire ça il y a quinze jours, aujourd’hui la réalité dément cette affirmation puisqu’il y a beaucoup de cas en Afrique et au Cameroun, le nombre de personnes infectées augmente chaque jour.
Qu’est-ce qui peut amener l’Oms à prédire le pire pour l’Afrique avec cette pandémie ?
Je ne peux pas m’étendre sur l’Afrique entière ; mais en’ ce qui concerne le Cameroun, ce qui nous pend au nez, c’est que l’indiscipline, le laxisme, le désordre vont faire que beaucoup de personnes ne vont pas appliquer les mesures qui ont été édictées par le gouvernement qui sont en réalité, les mesures de l’Organisation mondial de la santé (Oms).
Nous avons vu que le gouvernement en premier n’applique pas ses propres mesures. Parce que le président de l’Assemblée nationale a été admis dans une salle de 180 personnes au moins alors que la mesure gouvernementale dit qu’il ne faut pas des rassemblements de plus de 50 personnes.
Donc, si le gouvernement donne un si mauvais exemple, alors, que penser des citoyens ?
Que faire pour éviter que ce pire que prédit l’Oms ne survienne ?
Il faut respecter strictement les mesures qui ont été édictées par le gouvernement qui sont aussi celles de l’Oms. C’est extrêmement indispensable.
Quelle est la différence entre le Covid-19 et les autres virus grippaux ?
La grippe est causée par un virus qu’on appelle virus influenza, le corona virus est causée par un virus qu’on appelle corona virus 19 ; 19 parce qu’il a été découvert en 2019.
La grippe est une maladie qui est bénigne et se manifeste par des petites fièvres, des courbatures, des maux de tête. Dans la plupart des cas, ça se guérit spontanément, sauf chez les gens qui souffrent de maladies pulmonaires préalables.
Le coronavirus est un virus qui était animal à l’origine et qui a muté chez l’homme dans un marché de bétail en Chine dans la province du Wuhan. Il présente des formes bénignes comme la grippe d’où la confusion.
C’est l’occasion de dire que 98% de personnes qui ont ce virus vont guérir spontanément. La panique qui est observée aujourd’hui est due au fait qu’on s’imagine que tout le monde va mourir.
Parmi les 2% de gens qui pourront mourir, il s’agit souvent des gens qui ont une fragilité d’avance : les personnes âgées, les diabétiques, les cirrhotiques, les hypertendus…ces gens on risque de mauvais pronostic plus important que des sujets qui n’ont pas ces maladies.
Un chercheur français soutient mordicus que la chloroquine peut permettre de guérir du Covid-19. Quels sont les principes actifs dans ce médicament pouvant permettrë d’accorder ou pas du crédit à cette thèse ?
La chloroquine est une substance chimique que les Camerounais connaissent très bien, parce qu’il s’agit de la fameuse nivaquine qu’on donnait pour guérir du paludisme non grave et qui s’est avérée depuis lors inefficace sur le paludisme ; c’est pour cela qu’on ne parle plus de ce médicament.
Il se révèle aujourd’hui comme un candidat putatif anti-virus corona. Donc, ce n’est pas sûr, c’est à l’essai. Il pourrait être efficace, mais la communauté médicale ne peut pas encore l’affirmer. Tout comme il y a des médicaments anti-virus qui sont à l’essai. Si ça s’avère efficace, on le saura. La communauté scientifique internationale l’annoncera.
Comment appréciez-vous la manière dont le gouvernement camerounais gère cette pandémie ?
Les mesures prises par le gouvernement sont bonnes. Mais là où le bât blesse, c’est qu’elles ne sont pas bien appliquées, en commençant par le gouvernement lui-même.
Si ces mesures sont appliquées rigoureusement, on verra que l’épidémie va s’arrêter ou disparaître simplement.
