Le 6 mai 2024 marque une date capitale dans l’histoire politique du Togo. Ce jour-là, le Président de la République, Faure Gnassingbé, a officiellement promulgué la loi n°2024-005 portant révision de la Constitution togolaise. Cet événement, loin de passer inaperçu, soulève un débat intense quant à l’avenir de la démocratie dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
La rapidité du processus et son manque de transparence ont suscité des interrogations sur la sincérité du débat démocratique. Malgré les affirmations officielles selon lesquelles cette révision constitutionnelle découle d’une initiative parlementaire enrichie par les contributions des forces vives de la nation, de nombreux observateurs restent sceptiques. La brièveté des consultations et le délai court entre celles-ci et le vote final ont alimenté les doutes quant à la profondeur du débat sur des questions cruciales telles que la séparation des pouvoirs et la limitation des mandats présidentiels.
Les modifications apportées à la Constitution ont exacerbé les clivages au sein de la classe politique et de la société civile. Si les partisans du pouvoir saluent certains aspects comme l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives et le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, l’opposition et de nombreuses ONG dénoncent un stratagème visant à consolider le pouvoir de Faure Gnassingbé.
Le débat sur cette révision constitutionnelle ravive également les tensions politiques préexistantes. Dans un pays encore marqué par des périodes de troubles politiques, certains craignent que cette démarche ne fasse qu’accroître les fractures entre pouvoir et opposition. Des appels à la mobilisation se répandent sur les réseaux sociaux, tandis que le gouvernement semble déterminé à imposer sa réforme, même au prix de la confrontation.
Dans ce contexte tendu, les regards se tournent vers la communauté internationale pour jouer un rôle d’arbitre et de médiateur. Des organisations régionales comme l’Union Africaine et la CEDEAO, ainsi que des partenaires bilatéraux comme la France et les États-Unis, sont sollicités pour garantir la stabilité du pays et assurer la sincérité du processus démocratique. Un diplomate occidental souligne l’importance d’un dialogue exigeant avec toutes les parties prenantes et d’un soutien aux acteurs de la société civile et aux médias indépendants pour maintenir un débat démocratique pluraliste.
Au-delà du cas spécifique du Togo, cette révision constitutionnelle pose des questions cruciales pour la consolidation démocratique dans toute l’Afrique de l’Ouest. Les citoyens de la région observent avec attention les événements à Lomé, conscients que l’avenir de la démocratie dans leur propre pays est lié à celui du Togo. Dans cette lutte entre les forces du changement et de la stagnation, il incombe aux dirigeants de faire des choix qui reflètent les aspirations démocratiques de leurs peuples.
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