Cameroun Actuel

Présidentielle 2025 : l’opposition camerounaise peut-elle s’unir pour battre le RDPC ?

Cette année est cruciale pour le Cameroun, car le pays tiendra une élection présidentielle décisive en octobre. Ce scrutin devrait se tenir un mois avant les 43 ans de règne du chef de l’État sortant, le président Paul Biya, après son accession à la magistrature suprême le 6 novembre 1982.

À l’approche de cette élection décisive, qui, selon les experts, pourrait faire ou défaire le destin du pays, compte tenu de la tension déjà croissante sur la scène politique, des appels ont été lancés à l’opposition pour qu’elle forme une coalition capable de renverser le candidat du RDPC.

Cependant, si ces appels à la formation d’une coalition par l’opposition ont atteint leur paroxysme, les principaux dirigeants de l’opposition restent divisés et s’invectivent parfois, au profit du RDPC au pouvoir.

Dans cette impasse, et alors que les Camerounais se préparent à l’élection présidentielle d’octobre, les experts politiques s’interrogent sur la force politique qu’une opposition divisée pourrait représenter face au candidat du RDPC.

À l’approche du compte à rebours des élections, la crainte d’un front uni de l’opposition pour défier le candidat du RDPC se fait de plus en plus sentir.

Cependant, les partis d’opposition étant toujours incapables de former une coalition et certains dirigeants de l’opposition se lançant dans la course politique individuellement et en désarroi, les experts politiques craignent qu’une victoire du RDPC au pouvoir ne soit un fait accompli.

Les experts politiques ont toujours affirmé que l’incapacité de l’opposition à former une coalition face au puissant RDPC constitue son talon d’Achille pour instaurer un changement à la tête de la magistrature suprême.

Il convient de rappeler que lors de l’élection présidentielle de 1992, alors que le président national du Front social-démocrate (SDF) de l’époque, John Fru Ndi (aujourd’hui de mémoire bénie), affirmait avoir battu Paul Biya du RDPC aux urnes, bien que les résultats officiels le placent deuxième avec 36 % des voix contre 39,98 % pour Biya, sa candidature était soutenue par une coalition d’opposition connue sous le nom d’Union pour le changement.

La performance de feu Fru Ndi à l’élection présidentielle de cette année-là est la meilleure qu’un candidat de l’opposition ait jamais obtenue depuis le retour au multipartisme.

Cela signifie que l’opposition camerounaise n’a jamais été aussi proche de renverser Biya qu’en formant une coalition.

Depuis lors, les coalitions d’opposition ne se sont pas concrétisées, tandis que les candidats des partis politiques d’opposition ont enregistré de très mauvais résultats à l’élection présidentielle, dont le nombre a considérablement diminué.

Et ce, malgré le fait que le président national du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le professeur Maurice Kamto, affirme avoir remporté l’élection présidentielle de 2018.

Cependant, les résultats officiels l’ont placé deuxième, avec 14,23 % des voix, contre 71,28 % pour Paul Biya.

Nombreux sont ceux qui souhaitent voir le RDPC évincé du pouvoir et qui affirment que les principaux leaders de l’opposition doivent mettre de côté leur orgueil et leur ego, fuir « la cupidité et l’égoïsme », se regrouper pour former une coalition et choisir un candidat capable de représenter une véritable force de frappe lors du scrutin présidentiel.

Certains observateurs ont émis l’hypothèse que l’espoir d’une coalition de l’opposition a été entaché par la cupidité et l’égocentrisme, soulignant qu’une opposition fragmentée aura besoin de plus qu’un miracle pour renverser le RDPC lors de toute élection. Et ce, disent-ils, quelle que soit la perfection du processus électoral.

Échec des tentatives de coalition

Parallèlement, avant l’annonce de la date des élections, certains dirigeants politiques de l’opposition ont tenté de former des coalitions, tentatives qui ont échoué ou ont été contrecarrées par le régime du RDPC.

C’était le cas de l’Alliance politique pour le changement (APC) et de l’Alliance pour la transition politique au Cameroun (ATP), dirigées respectivement par l’honorable Jean Michel Nintcheu et le professeur Olivier Mbile.

Cependant, en mars 2024, le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait qualifié les deux coalitions politiques d’« illégales » et les avait sommées de suspendre leurs activités.

Avant même l’intervention d’Atanga Nji pour « interdire » les coalitions d’opposition, les protagonistes se disputaient déjà pour savoir qui dirigerait la coalition.

Certains experts pensent donc que les alliances ont peut-être échoué, même si Atanga Nji ne les a pas rejetées.

Ils soulignent que ce n’était pas la première fois que certains acteurs politiques tentaient de former une coalition, mais que celle-ci avait échoué en raison de l’égoïsme, de la cupidité et des luttes intestines.

En 2004, Ni John Fru Ndi, Adamou Ndam Njoya, Antar Gassagay et d’autres dirigeants de partis politiques n’avaient pas réussi à concrétiser une coalition, laissant un Biya heureux se contenter d’un nouveau mandat de sept ans au Palais de l’Unité. De tels échecs ont toujours fait le jeu de Biya et de son parti, le RDPC.

Néanmoins, de nombreux observateurs estiment que le moment est peut-être venu pour l’opposition de profiter du désenchantement croissant envers le gouvernement et le régime de Biya pour constituer une force majeure capable de surfer sur la vague du RDPC.

Lire aussi >  Paul Biya : "la situation des jeunes et des femmes est au cœur de mes priorités"

Qui pourrait prendre la tête de la coalition de l’opposition ?

Si une coalition d’opposition aussi unique se concrétise, les observateurs de la scène politique sont divisés quant à la personne la mieux placée pour diriger l’alliance.

Parmi les noms évoqués pour diriger une coalition d’opposition figurent le professeur Maurice Kamto du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) ; l’honorable Cabral Libii du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) ; Joshua Osih du Front social-démocrate (SDF) ; Akere Muna du Mouvement Now (soutenu par le parti politique Univers) ; l’honorable Kwemo Pierre de l’Union des mouvements socialistes (UMS) ; et Serge Espoir Matomba du Peuple uni pour la rénovation sociale (PURS).

Nous nous efforçons d’évaluer ces poids lourds de la politique, pressentis pour diriger une coalition d’opposition, si celle-ci se concrétise.

Les atouts de ces acteurs politiques analysés ici ne sont peut-être pas exhaustifs, mais ils témoignent de leur capacité à assumer cette lourde tâche.

Professeur Maurice Kamto

Le professeur Maurice Kamto, ancien ministre délégué auprès du ministre de la Justice sous le régime du RDPC avant de démissionner pour créer le MRC, est un poids lourd de la politique dont la moindre action a irrité le régime de Biya.

La reconnaissance internationale de Kamto en tant que professeur de droit chevronné et sommité juridique est l’un de ses atouts.

Les experts affirment que sa deuxième place à la dernière élection présidentielle de 2018 le place parmi les candidats les plus en vue pour diriger une coalition d’opposition.

Bien que le RDPC ait souvent tenté de diaboliser Maurice Kamto à tout moment, certains experts affirment que, grâce à son lobbying, le président national du MRC a gagné le cœur d’autres partis politiques, y compris au sein du RDPC au pouvoir.

Les analystes affirment que le MRC compte des sympathisants secrets au sein d’autres partis tels que le Front social-démocrate (SDF) ; Mouvement socialiste uni (UMS) de Pierre Kwemo et Front pour le changement au Cameroun (FCC) de l’honorable Jean Michel Nintcheu

Certains partisans du RDPC, excédés par le régime et nourrissant secrètement un désir de changement dans le pays, mais incapables de l’exprimer publiquement, tireraient secrètement les ficelles en coulisses pour soutenir le MRC de Kamto.

Les analystes affirment que l’un des atouts de Kamto réside dans sa solide base de soutien nationale, composée non seulement de Bamilékés, mais aussi de nombreux Bamilékés de tous horizons, tant au niveau national qu’international.

Les Bamilékés, partisans majoritaires du MRC, étant les poids lourds de la finance et des affaires du pays, leur soutien financier à Kamto pourrait changer la donne dans le paysage politique.

Il a été suggéré que certains hommes d’affaires bamilékés, au sein du MRC et du RDPC, auraient mobilisé des ressources financières pour financer la campagne de Kamto, lui-même Bamiléké, à l’élection présidentielle de 2025.

Cabral Libii

Ce député a mené le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) à une présence remarquée aux élections municipales et législatives de 2020, remportant des sièges à l’Assemblée nationale et dans de nombreuses communes, notamment dans le département de la Sanaga maritime, région du Littoral, son principal bastion.

Lors de l’élection présidentielle de 2018, Libii a créé la surprise en arrivant troisième avec 6,28 %, devançant des vétérans de la politique qui l’avaient précédé de longue date.

Il est également reconnu pour son activisme social et politique, notamment son livre sur le fédéralisme communautaire, qui a suscité un débat sur la structure politique du pays.

L’un des atouts de Libii réside dans sa jeunesse et dans son franc-parler sur de nombreuses questions touchant les plus défavorisés. Le fait qu’il dirige un parti qui a gagné en popularité sur la scène politique est un atout pour lui.

Les résultats remarquables du PCRN lors des élections jumelles de 2020, notamment sa représentation à l’Assemblée nationale et aux conseils municipaux, témoignent d’un soutien croissant.

Son livre, « Le fédéralisme communautaire », a suscité des débats sur le système politique camerounais, témoignant de son influence sur le discours public.

Joshua Osih Nambangi

Le président national du SDF, qui a longtemps été le principal parti d’opposition du pays, n’est pas un candidat facile à convaincre. Il est arrivé quatrième à l’élection présidentielle de 2018, avec 3,35 % des voix.

Osih est parfaitement bilingue, une qualité qui lui vaut l’affection des anglophones comme des francophones. Il est également jeune, dynamique, énergique et possède une vaste connaissance des questions économiques, de gouvernance et de développement dans tous les domaines.

Bien que son prédécesseur au SDF, John Fru Ndi, soit décédé il y a deux ans, de nombreux Camerounais ne jurent que par lui. Selon les experts, Osih peut ainsi s’appuyer sur la popularité de Fru Ndi pour diriger une coalition d’opposition.

Certains partisans du SDF voient en Osih l’incarnation du renouveau politique au Cameroun. Son programme, selon les analystes politiques, est attrayant.

Il s’articule autour de : un plan de 100 jours pour rétablir la paix dans les régions en crise ; une politique de dignité et de développement pour les régions du Grand Nord ; trois ans pour mener à bien la réforme institutionnelle ; un mandat présidentiel visant une transformation nationale durable.

Lire aussi >  Présidentielle 2025 : des producteurs de cacao appellent Biya à se représenter

Le programme d’Osih repose sur des principes fondamentaux : le pouvoir doit venir du peuple, et non d’une élite déconnectée des réalités sociales ; l’égalité des chances est un droit fondamental, quelle que soit l’origine ; la justice sociale est une condition essentielle du développement.

Sa vision politique, selon ses partisans, repose sur trois piliers majeurs : « le souverainisme, le socialisme et le progressisme ».

Me Akere Muna

Ce poids lourd, qui a côtoyé et interagi avec les dirigeants mondiaux de tous les secteurs et de tous les horizons, a également été décrit comme une personnalité pondérée, pragmatique et pragmatique.

Ses interactions avec les personnalités internationales, selon les experts, ne peuvent qu’être bénéfiques pour le Cameroun, s’il parvient à prendre la tête d’une coalition d’opposition et est élu président.

Les experts affirment que le statut d’avocat international et de militant mondial de la lutte contre la corruption d’Akere peut lui conférer une certaine crédibilité et une reconnaissance sur la scène internationale.

Ils soulignent également que ses critiques audacieuses de la gouvernance et de la corruption du régime Biya séduisent ceux qui aspirent au changement et aux réformes.

Bien qu’issu de la société civile et à la tête du Mouvement Now, qui bénéficie d’un soutien remarquable et croissant, les analystes estiment que le soutien d’Akere par le parti Univers lors des prochaines élections lui offre une plateforme et une base de soutien potentielle.

Akere Muna est également bilingue, ce qui lui attire de nombreux soutiens francophones.

D’origine anglophone et originaire de la région du Nord-Ouest, Akere Muna bénéficie également de l’avantage qu’un grand nombre d’anglophones et de francophones estiment qu’il est temps qu’un anglophone soit président du Cameroun.

Nombre de ces francophones bien-pensants, qui souhaitent voir leurs frères anglophones prendre eux aussi la tête du pays, voteront certainement pour Akere.

De nombreux analystes voient en Akere, s’il est élu président, une solution potentielle à la crise qui fait rage dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Akere Muna a également été très actif sur le terrain récemment, effectuant des tournées de terrain au sein des communautés et recueillant le soutien de la base.

Il a insisté sur le fait qu’il ne brigue qu’un seul mandat de transition à la tête de l’État, après quoi il démissionnera. Cela lui a valu la sympathie de nombreux Camerounais, qui affirment que cela montre qu’il n’est pas un avide de pouvoir.

Hon Kwemo Pierre

Député du département du Haut-Nkam (région de l’Ouest), il a été maire de Bafang. Hon Kwemo a également occupé le poste de vice-président de l’Assemblée nationale.

L’Union des mouvements socialistes (UMS) qu’il dirige l’a récemment choisi comme porte-drapeau pour l’élection présidentielle d’octobre.

Kwemo bénéficie d’une solide base populaire, notamment dans le département du Haut-Nkam (région de l’Ouest).

Le conseil de Bafang est actuellement dirigé par l’UMS, qui détient un autre siège parlementaire dans le département du Haut-Nkam.

Après avoir été élu candidat de l’UMS lors du congrès extraordinaire du parti à Yaoundé le samedi 31 mai, Kwemo a déclaré aux partisans de l’UMS et à la presse que, malgré la ferme conviction de l’UMS de posséder les atouts nécessaires pour briguer seul la présidence du Palais de l’Unité, le parti restait pleinement ouvert à une coalition.

Il a déclaré que le parti est ouvert à de telles approches en raison de sa position de parti politique qui estime que les intérêts des Camerounais doivent être prioritaires et placés avant ceux d’institutions distinctes comme les partis politiques.

Serge Espoir Matomba

Le jeune et dynamique leader du Peuple Uni pour la Rénovation Sociale (PURS) a récemment été désigné candidat de son parti pour les élections d’octobre.

Matomba s’est fait une place dans le département du Moungo, dans la région du Littoral, où il mène la danse.

Bien qu’il soit arrivé huitième à l’élection présidentielle de 2018, avec seulement 0,56 % des voix, ses partisans affirment que depuis lors, sa popularité est en plein essor et que sa base de soutien s’élargit.

Cameroun Actuel
Me suivre

Laisser un commentaire

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi