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Pourquoi l’Afrique est attentive à l’élection présidentielle turque

À quelques jours de l’élection présidentielle turque, les présidents africains observent la campagne. Depuis plusieurs années, le président Recep Tayyip Erdoğan a été très actif en Afrique.

Recep Tayyip Erdoğan sera-t-il réélu, le 14 mai prochain, président de la Turquie ? A priori, il est le grand favori, lui qui est candidat à sa propre succession. Du côté de l’Afrique, on observe avec attention le déroulement du scrutin. Car la Turquie est un partenaire majeur du continent. Erdoğan a poursuivi la politique africaine de son prédécesseur Abdullah Gül, et de Ahmet Necdet Sezer avant lui. Car la diplomatie turque s’est particulièrement développée au début des années 2000 : Ankara, qui dispose aujourd’hui de 43 ambassades implantées en Afrique, en a ouvert 31 depuis 2002.

Économiquement, la Turquie voit en Afrique un potentiel commercial important : le volume des échanges turcs avec l’Afrique s’est élevé en 2021 à 28,3 milliards de dollars. Avec un objectif de taille pour Ankara : doubler son commerce extérieur avec l’Afrique à l’horizon 2026. Plusieurs pays, autrefois très proches de la Chine, commencent à se tourner vers les rives du Bosphore : le Ghana et l’Angola, par exemple. Mais également les États proches de Paris.

Kemal Kiliçdaroglu, la grande inconnue

Un statu quo à la présidence turque arrangerait donc la plupart des partenaires d’Ankara, notamment en Afrique. Si l’opposant Kemal Kiliçdaroglu venait à être élu, ce serait l’inconnu pour le continent. Même si son conseiller diplomatique, Ünal Çeviköz, assure que son candidat ferait bien plus pour l’Afrique qu’Erdoğan : l’AKP « s’est révélé incapable de comprendre et de satisfaire les demandes des Africains », assure Çeviköz, qui promet la prolongation d’un « accord sur les céréales », avec Moscou et Kiev, bénéfique à l’Afrique en cas d’élection. Le conseiller de Kiliçdaroglu promet également une coopération afro-turque concernant la lutte contre le terrorisme.

Le constat du clan Kiliçdaroglu est teinté d’une bonne dose de mauvaise foi. Car le président Erdoğan, qu’il plaise ou non, est sans aucun doute l’un des fers de lance de l’offensive diplomatico-économique turque en Afrique. L’an dernier, le chef de l’État s’est notamment lancé dans une tournée qui l’a emmené dans trois nouveaux pays du continent : la République démocratique du Congo (RDC), le Sénégal et la Guinée-Bissau, quelques mois seulement après des voyages en Angola, au Nigeria et au Togo, mais surtout après le 3ᵉ Forum d’économie et d’affaires Turquie-Afrique.

Sur le marché du commerce, Ankara applique sa propre méthode, avec engagement direct sur les marchés nationaux. Le président Erdoğan prône en effet l’intégration régionale. A titre d’exemple, les entreprises turques favorisent les exportations de marchandises tanzaniennes en Angola ou au Mozambique, et sont également omniprésentes en Tunisie, où elles exportent leurs marchandises vers la Libye et l’Algérie.

Une percée tous azimuts

Une stratégie économique, couplée à une volonté de soft power efficace : désormais, le turc est enseigné dans les écoles de plusieurs plusieurs pays africains. Une percée qui touche aussi le secteur de la culture : les séries turques émergent un peu partout sur les télévisions du continent.

« Jamais président turc n’aura été aussi proactif en Afrique », écrit Le Figaro, qui rappelle que le président Erdoğan a renforcé « méthodiquement son influence sur le continent » et assuré vouloir « continuer de promouvoir (ses) relations avec les pays africains sur la base de la fraternité et de la solidarité », en février 2021. Ankara a d’ailleurs été particulièrement efficace au moment de la pandémie de la Covid-19. Erdoğan a montré qu’il respectait le continent et, forcément, sa réélection ne devrait pas, pour les présidents africains, être une mauvaise nouvelle.

Le Journal de l’Afrique

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