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Paul Biya relance le débat sur l’ethnicité à l’approche de la présidentielle

Misant sur le rôle crucial des médias sociaux, le président Paul Biya a écrit dans sa dernière publication : « La diversité ethnique en soi n’est pas un problème et n’est pas synonyme d’adversité ou d’hostilité. C’est lorsqu’elle est exploitée par des individus sans foi ni loi et par des politiciens sans arguments ni projets, que la diversité ethnique devient une menace.»

Cette déclaration est interprétée par des commentateurs avisés comme une « réponse et une clarification aux personnalités politiques qui instrumentalisent la question ethnique au Cameroun, à l’approche de l’élection présidentielle de 2025 ».

En moins d’une journée, sa publication sur un blog a suscité 68 réactions. Selon les commentaires, elle visait les partisans du professeur Maurice Kamto, dont le parti MRC est considéré comme un « parti bamiléké ».

Dans l’un des messages, un commentateur a écrit : « Ils ne respectent que l’argent. Ceux qui grandissent au marché ne parlent que la langue de ces endroits. Il faut pardonner ; ils ne savent pas s’exprimer autrement.»

La réponse d’un contributeur bamiléké a été : « C’est un honneur d’avoir grandi au marché. C’est ce qui forge le caractère. Nous sommes nombreux en Europe et aux États-Unis à occuper des postes de direction avec des revenus magnifiques. Sans avoir bénéficié d’une bourse du gouvernement camerounais, qui a d’ailleurs été massivement attribuée à vos frères Beti/Boulou. Qu’en ont-ils fait ?»

C’est un débat malsain sur les réseaux sociaux, qu’il convient de décourager, car il n’y a pas de règles et certains activistes sont des psychopathes sous plusieurs pseudonymes, même s’ils crient l’amère vérité.

D’autres commentateurs, engagés dans la guerre des réseaux sociaux, se demandent même si le président Biya est bien l’auteur de la publication qui a mis en lumière le problème de l’ethnicité ou du tribalisme, un fléau endémique dans le pays, comme l’a souligné le Département d’État américain aux droits de l’homme.

Dans un rapport scientifique de 2020, Dieudonné Mbarga, analyste en planification stratégique, a averti que : « La renaissance et l’expansion des discours identitaires comportent un risque de génocide ou de guerre civile, susceptible de paralyser la dynamique de l’unité nationale, l’épanouissement de la population et le développement harmonieux du Cameroun

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Lors d’une messe nationale spéciale, célébrée à l’occasion de la journée annuelle de l’unité nationale, l’année dernière, Mgr Jean Mbarga a prié pour que « l’esprit de tolérance » règne dans le pays, « au détriment de la haine et du tribalisme ».

Les publications récentes du président Biya sur les réseaux sociaux, qu’elles émanent de lui ou de ses collaborateurs – – comme c’est souvent le cas dans de nombreuses démocraties – reflètent les enjeux majeurs qui pourraient entacher l’élection présidentielle de cette année. Certains groupes tribaux, notamment dans sa région d’origine, auraient chassé les non-autochtones.

Cela devrait expliquer pourquoi un débat entre candidats à la présidentielle est crucial dans toute démocratie pour permettre aux candidats d’exprimer leurs points de vue et les solutions possibles aux défis auxquels le pays est confronté.

Le respect que les candidats manifestent envers leurs adversaires lors de tels débats est, psychologiquement, imité par l’électorat, se traduisant ainsi en facteurs de cohésion sociale, de vivre ensemble dans la diversité et de vecteurs de développement.

Comme le souligne le Centre Markkula d’éthique appliquée, ces débats présidentiels permettent « des échanges de points de vue politiques entre les candidats… les électeurs s’attendent à ce que ces débats mettent en évidence les différences importantes entre leurs politiques et leurs styles de leadership ».

Il s’agit d’un processus politique démocratique né de l’idéal éthique de créer un électorat informé, ingrédient nécessaire à la tolérance des opinions divergentes.

Ces débats offrent également aux candidats l’occasion d’apporter des réponses concrètes aux questions du modérateur, permettant aux électeurs de juger s’ils sont honnêtes dans toutes leurs réponses ou s’ils se contentent de promesses qu’ils ne sont pas en mesure de tenir pendant leur mandat.

Il est indéniable qu’un débat télévisé, impliquant tous les candidats à la présidentielle du 11 octobre 2025, offrira à leurs adversaires une occasion unique de critiquer leurs politiques et leur bilan.

Si les publications du président Biya sur les réseaux sociaux au lendemain des élections d’octobre sont louables, elles n’offrent néanmoins pas suffisamment d’informations, ni de vision de l’avenir, ni de visions concurrentes permettant aux électeurs de se prononcer sur leur avenir.

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Les véritables campagnes électorales n’ont pas encore commencé, mais il ne fait aucun doute que les candidats potentiels tâtent déjà le terrain avec des slogans publicitaires.

Au Guardian Post, nous saluons l’utilisation des réseaux sociaux par le président Biya, non seulement pour maintenir un contact constant avec ses compatriotes, mais aussi pour promouvoir la vision de son prochain mandat de sept ans, s’il est réélu en octobre.

Nous osons toutefois affirmer que de telles interventions médiatiques devraient être intégrées à un débat télévisé entre tous les candidats à la présidentielle, afin que l’électorat puisse évaluer ses capacités, son sang-froid et son honnêteté, car ce ne sont ni l’ethnicité ni le tribalisme qui constituent le principal défi à une élection libre, juste et transparente au Cameroun.

Le « grand frère » de la sous-région d’Afrique centrale, le Cameroun, ne peut se permettre le luxe de voir ses candidats à la présidentielle se détourner des débats télévisés, tandis que son « petit frère », le Gabon, vient de le faire lors de sa récente élection présidentielle.

C’est pourquoi le Guardian Post rejoint la majorité des Camerounais, unanimes à réclamer l’obligation des débats télévisés avant l’élection présidentielle décisive de cette année.

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