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Cameroun Actuel

Nkam: la communauté Banen s’oppose à l’expropriation de ses terres

Face aux malicieux projets d’exploitation illégale des forêts dans la zone du Nkam, de la Sanaga Maritime et du Mbam et Inoubou, avec le classement des terres ancestrales de la grande communauté Banen, comme domaine privé de l’Etat, la coalition «missi yi Benen», composée de toutes les élites autochtones et forces vives de ces différentes localités, s’est regroupé ce 07 mai 2020 au Palais d’Oka Akwa à Douala, pour s’opposer formellement, après avoir adressé une pétition, accompagnée d’une note explicative au Président de la République, S.E. Paul Biya.

La période allant de la fin des années 1950 au début des années 1970 a été marquée par des troubles socio-politiques
liés aux revendications indépendantistes des nationalistes Camerounais regroupés au sein des mouvements politiques.

Les troubles avaient commencé vers 1955 dans les grandes villes et s’étaient déportés progressivement dans la forêt où, harcelés par le pouvoir central de l’époque, certains membres du mouvement avaient trouvé refuge.

Les forêts qui bordent les villages des Banen dans l’arrondissement de Yingui Département du Nkam et dans l’arrondissement de Ndikiniméki département du Mbam et Inoubou sont denses et très accidentées, constituant ainsi une zone de refuge par excellence ; les maquis y étaient durablement installés. Pour pacifier la zone, toutes les décisions avaient été prises par l’Etat du Cameroun.

Elles passaient de la classification des terres tribales en zones interdites (territoires des cantons Lognanga et Ndoktuna par décision N° 135/DNK du 31 juillet 1963 du Préfet Koungou Edima Ferdinand) au regroupement des populations dans des camps choisis à cet effet (regroupements Ndoknabaho et Ndokbou en 1962, lboti en 1963 et Maninga-Ma-kombè en 1964).

Toutes les populations du Sud, du Sud-est, du Sud-ouest et du centre du territoire des Banen ont été déportées soit en moyenne 15 580 (Quinze mille cinq cents quatre-vingt) personnes en 1952 (Monographie de la tribu des Ndiki Tome 1, archives arrondissements de Yingui et Ndikiniméki).

En effet les méthodes appliquées dans le territoire des Banen étaient généralisées partout où il existait des foyers de tension. Seulement, ailleurs les centres de regroupements ont été développés et les villages reconstruits grâce à l’action de l’Etat, ce qui n’a jamais été le cas dans le territoire des Banen. Même les initiatives prises par les populations Banen au sein des associations telles que Conadel, Codecan, Codevil etc…

pour la reconstruction et le repeuplement de leurs villages n’ont jamais reçu l’appui de l’Etat du Cameroun, et leurs actions n’ont jamais prospérées. Jusqu’aujourd’hui, les populations Banen déportées depuis pratiquement 60 ans, demeurent des déplacées internes.

A cause de l’absence prolongée de l’activité humaine, les espaces qui, autrefois étaient de simples jachères, ont évolué irréversiblement en forêt claire où les ressources alimentaires sont abondantes et variées. Cette abondance de ressources alimentaires a favorisé une forte explosion démographique de la faune qui, en plus de nombreuses essences qui s’y trouvent attisent toutes sortes d’appétits.

En 2006, le Minfof déclarait par avis au public N° 0219/Ap/Minfof/Sg/Dfap du 03 mai de la même année une partie de la forêt d’Ebo d’utilité publique pour création d’un parc exclusif. De nombreuses oppositions ont alors été déposées, conformément aux dispositions légales.

Il y’a donc d’un côté les populations locales concernées et de l’autre le Ministère des Forêts et de la Faune, représentant l’Etat, appuyé par l’Ong WWF. Ce projet n’a pas prospéré grâce à cette opposition qui revendiquait la conciliation des intérêts des populations autochtones espérant un retour sur leurs terres et ceux de l’Etat dans le cadre d’un parc avec enclave humaine.

En 2020, par avis N°0011/AP/Min-fof/Df/Sdiaf/Sc du 04 février 2020 signé du Ministre en charge des Forêts et de la Faune, Excellence Monsieur Jules Doret Ndongo et portant classement dans le domaine privé de l’Etat d’une zone de forêt située dans les Régions du Littoral, du Centre, Départements du Nkam, de la Sanaga Maritime et du Mbam et Inoubou, Arrondissements de Yingui, de Ngambé et de Ndikiniméki vient davantage mettre le peuple Banen dans le désarroi total parce qu’il découvre l’avis dans une presse écrite plus de 30 jours après sa signature.

A cet effet, les populations de la communauté Banen marquent leur opposition à l’évolution du processus de classement de cette zone en domaine privé de l’Etat. Elles attendent de l’Etat du Cameroun toute initiative pouvant leur permettre de mettre un terme à ce statut de déplacés internes qui n’a que trop duré et leur offrir l’occasion de rentrer reconstruire et repeupler leurs villages.

Ce document se propose de montrer que le conflit n’a pas lieu d’être si lTIomme est au centre des unités de production.

D’où le projet de pétition pour élargir les échanges et prendre en compte toutes les parties prenantes dans le projet.

Fait à Yingui, le 13 avril 2020

Pour la Coalition «Missi Yi Benen», les Co-coordonnateurs, Yannick Patrice Bagnack (Président Pbcd), Dr Ghislain Mouil Sil (Coordinateur Yi-nindi), Cyrille Essomo (Président N-koul Usa), et Pr Alain Aimé Ndedi (Président Apcb).

Source: Le Soir

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