L’encre numérique sèche encore sur l’autopsie du match nul 2-2 de Manchester United contre Lyon en quart de finale aller de la Ligue Europa. Comme on pouvait s’y attendre, le gardien André Onana est dans le collimateur.
Les gros titres ont crié à ses « erreurs » et à ses « erreurs coûteuses », occultant commodément les faiblesses systémiques qui ont affecté toute l’équipe de Manchester United au Groupama Stadium.
Si Onana a indéniablement commis des erreurs, sa condamnation fervente, presque jubilatoire, sent le parti pris médiatique habituel. On s’empresse clairement d’identifier un coupable unique plutôt que de décortiquer les faiblesses collectives de l’équipe.
L’indignation sélective
Le récit qui circule présente Onana comme le seul responsable de la défaite à l’extérieur. Pourtant, où était ce même niveau de vitriol lorsque le gardien encensé du Real Madrid, Thibaut Courtois, a trouvé le ballon au fond de ses filets à deux reprises contre Arsenal, grâce aux coups francs magistraux de Declan Rice ?
Le silence était alors assourdissant. Un contraste saisissant avec la cacophonie qui entourait Onana. Comme l’a souligné un analyste footballistique en ligne : « C’est amusant de constater à quel point la réaction est différente lorsqu’un gardien de Manchester United commet une erreur. L’objectif est clair.»
Devons-nous croire que les erreurs de gardien ne sont impardonnables que lorsqu’elles sont commises par des joueurs portant l’écusson de Manchester United ?
Fautes défensives ignorées
Analysons les buts encaissés. Le premier, un coup franc bien frappé de Thiago Almada, a sans aucun doute surpris André Onana. Cependant, le récit omet opportunément le fait que la faute elle-même a été concédée dans une position dangereuse en raison d’un manque de discipline au milieu de terrain.
Où est l’examen minutieux des joueurs qui ont permis à Lyon de pénétrer dans cette zone menaçante ? Comme l’a commenté un autre supporter en ligne : « On a concédé un coup franc stupide. Onana aurait dû faire mieux, mais ne prétendons pas que l’occasion était inévitable. »
Plus flagrant encore est le tollé suscité par le but égalisateur dans les dernières secondes. Le ralenti montre clairement un tir de Georges Mikautadze, initialement arrêté par Onana. Le ballon a filé, certes, mais où étaient les défenseurs ? Rayan Cherki s’est faufilé pour reprendre le rebond avec un manque de pression choquant.
Rejeter la faute exclusive à Onana pour son incapacité à contenir une frappe puissante et tardive revient à ignorer l’échec fondamental de la défense à se dégager du danger.
Les défenseurs centraux marquaient-ils les espaces ou leurs adversaires ? Le silence sur cet aspect crucial est assourdissant. Un tweet particulièrement éclairant disait : « Onana a fait un arrêt ! Où était la suite de nos défenseurs ? Une défense absolument choquante. »
La pique d’avant-match de Matic : une source d’inquiétude ?
Alors que les propos d’avant-match de l’ancien milieu de terrain de Manchester United, Nemanja Matic, refont surface, amplifiés par ceux qui cherchent à attiser la négativité, il est crucial de se rappeler le contexte.
Les propos de Matic, affirmant qu’Onana est « l’un des pires gardiens de l’histoire de Manchester United », bien que reflétant peut-être des frustrations passées, ne doivent pas être utilisés pour préjuger ou occulter les nuances d’un match. Le moment opportun pour la réapparition de ces propos ne fait qu’intensifier le climat déjà critique qui entoure le gardien actuel.
Le soutien indéfectible d’Amorim
Heureusement, au milieu de cette tempête de critiques, une voix de la raison s’est fait entendre. L’entraîneur de Manchester United, Ruben Amorim, s’exprimant lors de la conférence de presse d’après-match, a défendu avec véhémence son gardien.
« André est un gardien de but de haut niveau. Il sait qu’il a commis des erreurs, mais ce sont des choses qui arrivent dans le football. J’ai une confiance totale en lui. Il a démontré ses qualités tout au long de la saison, et une soirée difficile n’y changera rien. Nous gagnons collectivement et faisons match nul collectivement. L’accent doit être mis sur la manière dont nous pouvons progresser collectivement, et non sur la stigmatisation individuelle« . Ce soutien de l’entraîneur est éloquent et offre un contre-argument indispensable au jeu des reproches.
Au-delà des erreurs individuelles
Il est facile de pointer du doigt l’homme entre les poteaux. Les erreurs du gardien sont visuellement spectaculaires et mènent souvent directement à des buts. Cependant, une approche journalistique équilibrée et juste exige une perspective plus large. Lyon, qui joue à domicile, est une équipe capable. S’attendre à un sans-faute à l’extérieur en quart de finale européen est irréaliste.
La structure défensive, le contrôle du milieu de terrain et la gestion globale du jeu ont tous joué un rôle dans le score final. Comme l’a commenté en ligne un expert du football : « United a eu des occasions de mettre fin au match. Ne prétendons pas que ce match nul soit uniquement dû au gardien. »
La précipitation à condamner Onana semble être le symptôme d’une obsession médiatique plus large pour la recherche de boucs émissaires individuels, en particulier lorsqu’il s’agit de joueurs de haut niveau dans des clubs sous pression.
C’est un récit plus simple que de décortiquer des problèmes tactiques et structurels complexes. Mais c’est un mauvais service rendu à la vérité et un mépris flagrant pour la nature collective du football.
André Onana a sans aucun doute des points à améliorer, mais le présenter comme le seul artisan de ce match nul est non seulement injuste, mais aussi une forme de journalisme paresseux.
Il est temps de regarder au-delà de la cible facile et d’analyser les multiples raisons de la performance de Manchester United à Lyon, en reconnaissant que des erreurs, tant individuelles que collectives, ont contribué au résultat final. Le syndrome du bouc émissaire doit être abandonné et remplacé par une analyse plus nuancée et holistique.