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Grève des enseignants : le gouvernement avoue son incompétence

Le Minfopra, au moment où le mouvement «craie morte» se radicalise et que le gouvernement manipule des faire-valoir; annonce le traitement de 800 dossiers en 15 Jours. Que ne l’a-t-il pas fait en 30 ans ?

«J’ai lancé ce jour, une initiative à résultats rapides (IRR), en vue du traitement en 15 jours, de plus 8000 dossiers des enseignants reçus du Minesec et du Minedub les 14 et 23 février 2022. J’ai prescrit à mes collaborateurs abnégation et rigueur au travail.» C’est par cet étrange tweet daté du 2 mars que le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph-Le, a tenté de jouer sa partition dans le cadre de la grève des enseignants en cours depuis le 21 février et qui depuis lors n’a cessé de prendre de l’ampleur.

En réunion de crise le 1er mars, le gouvernement a montré de sérieux signes à la fois d’impuissance et de panique. S’engageant à poursuivre la réflexion avec les autres parties à l’effet de trouver des solutions aux problèmes posés, il a appelé «les membres de la communauté éducative à poursuivre normalement leurs activités pédagogiques sur toute l’étendue du territoire national».

Manœuvrant dans le sens de la division, Yaoundé a invité autour de la table des regroupements jugés illégitimes par les meneurs du collectif «On a trop souffert» (OTS). Lequel, «regrettant de n’avoir pas été associé à ces échanges (…) n’assume aucunement toute signature en bas (du) communiqué et portant la mention OTS».

Pour traduire l’embarras de ce flagrant délit d’illégitimité, les présumés «représentants du collectif OTS» se sont bien gardés de prendre une position clair. Tout juste, ont-ils «accepté d’inviter ses membres à arrêter l’opération ”craie morte » et à suspendre le mot d’ordre de grève». C’est dire si l’entourloupette gouvernementale a tourné au fiasco.

Plus compliqué encore : non seulement la misère des protestataires, portée au grand jour, reçoit un écho compassionnel de l’opinion, mais en plus le mouvement, ainsi que nous récrivions dans notre dernière édition, menace désormais de gagner les rangs dans le primaire et le supérieur dont des syndicats ont déjà exprimé leur solidarité envers les grévistes. D’autant que le gouvernement, comme souvent, semble jouer sur l’endormissement et la lassitude.

L’arnaque

Du bout des lèvres, le pouvoir s’est engagé pour le règlement des compléments de salaire, le paiement des arriérés dus aux enseignants mobilisés dans le cadre de la correction des examens officiels organisés par l’Office du baccalauréat au titre des sessions de juin 2020 et 2021, la régularisation des avancements, la prise en compte des primes de non logement, le paiement des allocations familiales et le règlement des indemnités de sujétion. Quant aux revendications portant sur la carrière et le statut, il annonce qu’elles feront l’objet de concertations ultérieures. Trop vague pour faire fléchir la détermination des pétitionnaires.

D’où, également, leur pessimisme par rapport à la tonitruante annonce de Joseph-Le, qui a attendu la grogne pour se rendre compte qu’il existe 8000 dossiers d’enseignants en souffrance dans le département dont il a la charge. Ainsi, alors que sa collègue des Enseignements secondaires (Minesec), Pauline Nalova Lyonga a perdu l’usage de la parole, que celui de l’Éducation de base (Minedub), Laurent Serge Etoundi Ngoa, a le regard ailleurs pour ne pas avoir à se mêler de ce qui le regarde, le Minfopra trahit malgré lui le cynisme des pouvoirs publics. Il s’agit également d’un aveu d’incompétence des trois membres du gouvernement, et par extension de tout l’exécutif. Et pue frise l’arnaque à plein nez.

Comment, en effet, en est-on arrivé à recruter autant d’agents de l’État sans planification budgétaire, sans avoir prévu l’intégration qui doit en découler et sans profil de carrière ? Comment, pendant autant d’années – parfois 30, pour certains -, le pouvoir a-t-il cru qu’il pouvait chloroformer des 800 personnes sans leur offrir une titularisation ou un avancement, et penser qu’il ne viendrait pas un jour où ils voudront voir clair dans leur propre condition ?

Si l’éducation des jeunes Camerounais faisait partie des priorités régaliennes, ce système ne traiterait pas avec autant de désinvolture et d’arrogance les dispensateurs du savoir. Et pourquoi la fameuse initiative à résultats rapides du Minfopra n’a pas été appliquée pour ces cas de conscience depuis le temps ?

Entre-temps, dans certaines parties du pays des autorités préfectorales, sur on ne sait quelle base, s’emploient à intimider ceux qui ne demandent qu’un peu de considération pour leur noble sacerdoce. La radio-télévision publique, Cameroon Tribune autant que ceux qui tiennent les leviers au niveau central, préfèrent ignorer le mélodrame de l’école publique. Jusqu’à quand ?

Aurore Plus

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