L’avocat spécialisé dans les droits humains et président du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique, Nkongho Felix Agbor (Agbor Balla), a fermement condamné la fraude et les malversations électorales au Cameroun, les qualifiant de « crimes contre l’humanité ».
Agbor Balla a soutenu que la manipulation des élections au Cameroun ne constitue pas une simple faute politique, mais une atteinte à la souveraineté et à la dignité du peuple camerounais.
« Dans toute démocratie, le bulletin de vote est sacré. Il est la voix du peuple, l’instrument de légitimité et le fondement d’une gouvernance pacifique », a-t-il écrit.
« Lorsque ce bulletin est volé, manipulé ou détourné, il ne s’agit pas simplement d’une faute politique, mais d’une atteinte à la souveraineté et à la dignité de tout un peuple. »
Sa réaction intervient alors que des manifestations ont lieu dans plusieurs villes camerounaises contre des fraudes présumées lors de l’élection présidentielle de 2025, les citoyens craignant une possible manœuvre visant à reconduire le président sortant Paul Biya pour sept ans.
Bien que les résultats de l’élection du 12 octobre soient toujours attendus, l’ancien allié de Biya, Issa Tchiroma Bakary, a revendiqué sa victoire et a appelé l’homme de 92 ans à céder.
Les partisans de Tchiroma, quant à eux, ont juré que leur vote ne serait pas volé. Ces trois derniers jours, des manifestations ont éclaté à Garoua, Yaoundé, Douala, Kousserié, Dschang et Limbé, et la population réclame la transparence.
Agbor a déclaré que les fraudes électorales au Cameroun s’étendent sur des décennies et vont souvent de la manipulation des listes électorales à la falsification des urnes, en passant par l’intimidation des électeurs et l’exclusion des candidats de l’opposition.
Il a affirmé que ces pratiques témoignent d’un « schéma délibéré et systémique » de subversion électorale.
Selon Agbor Balla, lorsque la fraude électorale est pratiquée dans le cadre d’une politique de gouvernance systématique, accompagnée d’arrestations, d’intimidations et de violences, elle franchit le seuil de la simple infraction politique pour devenir un crime international.
« Le déni délibéré du droit d’un peuple à exprimer librement sa volonté atteint le seuil moral, et sans doute juridique, d’un crime contre l’humanité au regard du droit international », a-t-il déclaré.
Il a averti que la normalisation des élections volées porte atteinte à l’État de droit et érode la confiance du public dans les institutions démocratiques, appelant à la fois à une réflexion nationale et à une responsabilisation internationale.
« Le Cameroun ne peut continuer à banaliser les élections volées comme une politique routinière », a déclaré Agbor Balla. « Voler une élection, c’est voler l’âme d’une nation. »
Balla n’est pas le seul leader d’opinion au Cameroun à dénoncer la fraude liée à l’élection présidentielle de 2025.
La candidate à la présidentielle, Patricia Tomaïno Ndam Njoya, a également publié une déclaration mardi, énumérant plusieurs cas de fraude lors du scrutin qui vient de s’achever.
Cette déclaration fait suite aux déclarations des observateurs électoraux de l’Union africaine selon lesquelles le scrutin s’est déroulé sans incident.
Alors que les Camerounais attendent le résultat final du Conseil constitutionnel, la pression s’intensifie sur l’instance de gestion des élections, ELECAM, pour qu’elle ne présente que la volonté du peuple.
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