Presque un an après le drame du 5 novembre 2024, qui a coûté la vie à plusieurs personnes ensevelies sous les éboulements de la falaise de Dschang, les promesses de reconstruction se heurtent une fois encore à la réalité des faits.
Ce tronçon stratégique reliant Dschang à Santchou, vital pour le commerce entre l’Ouest et le Littoral, demeure le théâtre d’un éternel recommencement : éboulements, mesures d’urgence, travaux précipités, puis nouvelles dégradations.
L’entreprise China First Highway Engineering Company (CFHEC), à qui le gouvernement a confié la réhabilitation du site pour un montant d’environ 3,03 milliards de francs CFA, peine à convaincre sur la qualité et la durabilité de son intervention.
À l’origine, la catastrophe de novembre 2024 avait provoqué une onde de choc nationale. Plusieurs véhicules et passagers avaient été emportés par un double glissement de terrain, révélant au grand jour la vulnérabilité géologique du site et l’imprévoyance de l’État face à un risque pourtant documenté depuis des années.
En réaction, le ministère des Travaux publics (MINTP) avait lancé en mars 2025 un chantier de reconstruction et une déviation provisoire censée rétablir rapidement la circulation.
Mais dès le mois de mai, sous l’effet des pluies diluviennes, cette voie de secours s’est à son tour affaissée sur une vingtaine de mètres, rendant le passage quasi impraticable et relançant les critiques sur la légèreté avec laquelle le projet avait été exécuté.
Le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, dans une communication récente, a reconnu la gravité de la situation tout en promettant des mesures correctives : réfection des ouvrages d’assainissement, reconstitution du remblai avec des matériaux drainants et appel au civisme des usagers.
Mais sur le terrain, les usagers dénoncent une gestion dans l’urgence et l’absence de contrôle réel. Les poids lourds continuent de circuler sur une route pourtant limitée à 3,5 tonnes, faute de postes de pesée ou de surveillance effective.
Cette désinvolture administrative alimente un sentiment d’abandon et d’injustice : des milliards sont engloutis dans un chantier « provisoire » qui se détériore à vue d’œil, pendant que les populations locales paient chaque saison le prix des retards et de la négligence.
Aujourd’hui, la falaise de Dschang symbolise l’échec d’une politique routière marquée par le culte du provisoire. À chaque effondrement, le ministère réagit dans l’urgence au lieu d’anticiper.
Aucune expertise géotechnique indépendante n’a été rendue publique, aucun audit transparent sur la gestion des fonds n’a été communiqué. Pendant que le ministre promet un retour à la normale, les Camerounais, eux, voient surtout une route qui se désagrège sous la pluie et une administration qui semble s’en accommoder.
Si rien ne change dans la méthode, la falaise de Dschang restera moins un chantier qu’un symbole national du laxisme public et du provisoire définitif.
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