La troisième session ordinaire de l’Assemblée nationale s’est ouverte ce 3 novembre 2025 au Palais de Verre Paul Biya, dans une ambiance solennelle mais hautement politique. À la tribune, le très honorable Cavayé Yéguié Djibril a d’entrée de jeu salué la réélection du président Paul Biya à l’issue du scrutin du 12 octobre, qu’il a décrit comme « globalement calme » malgré « quelques actes isolés de violence ».
Ce ton de satisfaction a rapidement pris la forme d’un véritable hommage : le président de la Chambre basse a adressé, « au nom du peuple camerounais », ses « chaleureuses et sincères félicitations » au chef de l’État, avant d’exprimer le souhait que le budget 2026 permette à ce dernier de « démarrer son nouveau septennat en toute sérénité ».
Tout en vantant le « jeu pluraliste et démocratique » du dernier scrutin, Cavayé Yéguié Djibril a tenu à rappeler que « depuis 1990, grâce aux lois promulguées par Son Excellence Paul Biya, les Camerounais jouissent des libertés publiques et du multipartisme ».
Une déclaration qui sonne comme un rappel d’allégeance au régime, alors même que plusieurs observateurs internationaux pointent la faiblesse du pluralisme effectif et les entraves aux libertés d’expression.
L’orateur a également salué « le fair-play des candidats malheureux » ayant accepté le verdict des urnes, avant de condamner avec virulence « un candidat » (non nommé, mais visiblement issu de l’opposition) accusé d’avoir « poussé les jeunes à la contestation, au désordre et à la destruction des biens publics et privés ».
Dans ce passage particulièrement dur, le président de l’Assemblée a dénoncé des « actes barbares et anti-démocratiques » et évoqué la mort tragique du député Abe Michael Ndra, présenté comme une victime de cette agitation.
Cette partie du discours, empreinte d’émotion mais aussi de sévérité, s’est conclue par une minute de silence en hommage aux victimes et par des félicitations appuyées aux forces de l’ordre pour leur « professionnalisme dans la préservation de la paix et de la stabilité de la République ».
Une formule qui tranche avec les rapports des ONG et des observateurs indépendants dénonçant les abus policiers et les arrestations arbitraires dans les jours ayant suivi le scrutin. La volonté de minimiser la crise post-électorale transparaît ici clairement, comme pour préserver l’image d’un pays stable sous la continuité du pouvoir Biya.
Enfin, Cavayé Yéguié Djibril a replacé cette session parlementaire dans une perspective d’avenir dominée par le mot d’ordre du nouveau septennat : « les Grandes Espérances ».
En insistant sur la nécessité d’un budget « conforme aux orientations du Chef de l’État », il a réaffirmé la place centrale du président dans la conduite des affaires nationales.
Le discours s’est clos sur les slogans désormais rituels (« Vive l’Assemblée nationale ! Vive Son Excellence Paul Biya ! Pour que vive le Cameroun ! ») qui rappellent à quel point l’Assemblée demeure avant tout un espace de loyauté politique plus qu’un véritable contre-pouvoir.
Dans un pays où la stabilité institutionnelle se confond souvent avec la longévité d’un seul homme, cette session de novembre 2025 réaffirme, une fois de plus, que la démocratie camerounaise reste étroitement encadrée par les frontières du pouvoir présidentiel.
- Samuel Eto’o élevé au rang de Grand Notable du Lamidat de Mada - 12 novembre 2025
- Qui gouverne vraiment le Cameroun ? Le trio secret autour de Paul Biya - 11 novembre 2025
- Paul Atanga Nji annonce la libération de 70 enfants arrêtés après les manifestations post-électorales - 11 novembre 2025







