Médecins Sans Frontières (MSF) a publié son rapport annuel 2024 pour le Cameroun, dressant un état des lieux précis des défis humanitaires rencontrés et des interventions menées sur le terrain.
L’organisation, présente dans le pays depuis 1984, a réaffirmé son engagement aux côtés du ministère de la Santé publique pour garantir un accès gratuit et de qualité aux soins pour les populations les plus vulnérables.
Une année marquée par les urgences et l’engagement de MSF
En 2024, les crises sanitaires se sont multipliées, qu’il s’agisse des épidémies, des inondations ou des conséquences des conflits armés dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord. Face à ces défis, MSF a renforcé ses opérations dans les districts de Mora, de Yagoua et de Yaoundé, tout en continuant à offrir des soins médico-chirurgicaux, des services de santé primaire et mentale ainsi que des actions de prévention.
« L’année écoulée a mis à rude épreuve notre capacité d’intervention, mais aussi notre détermination à répondre aux besoins urgents des communautés », souligne Alexis Bahati, chef de mission de MSF Cameroun.
Mora : un dispositif médico-chirurgical renforcé
Dans le département du Mayo-Sava, l’hôpital de district de Mora a accueilli 953 patients pour des interventions chirurgicales d’urgence. Parmi les 1 627 actes réalisés, plus de la moitié concernaient des pathologies non traumatiques, tandis que 36 % relevaient de la traumatologie et 13 % des soins obstétriques. Malgré des durées d’hospitalisation longues, notamment pour les brûlures et les greffes de peau, l’accompagnement médical n’a pas faibli.
En parallèle, 4 008 admissions ont été enregistrées pour des soins d’urgence, avec une prédominance de cas de paludisme sévère (24,8 %), d’infections des tissus mous et de plaies. La kinésithérapie a également été intégrée aux soins, avec 64 patients pris en charge en deux mois seulement.
Santé communautaire : une couverture en nette progression
Dans les zones de Kourgui, Kolofata, Limani et Amchidé, MSF a élargi son champ d’action. Les consultations communautaires ont doublé, atteignant 60 335 enfants et adolescents, contre 28 061 l’année précédente. Ce bond s’explique par l’extension des sites d’intervention, passant de 21 à 81.
De plus, les activités de dépistage de la malnutrition aiguë sévère ont permis de référer 2 071 enfants en état critique. La région de Kolofata concentre à elle seule 64 % des cas identifiés, conséquence directe des déplacements de population et des récoltes insuffisantes.
En matière de vaccination, MSF a soutenu les Centres de Santé Intégrés (CSI) de Kourgui, de Massaré et de Godibong, avec des taux de couverture dépassant souvent les 100 %, en raison de la prise en charge d’enfants déplacés.
Réponse aux inondations : MSF en première ligne à Yagoua
Les inondations dans le département du Mayo-Danay ont motivé une intervention d’urgence de MSF à Yagoua, Kai-Kai et dans les aires de santé isolées accessibles uniquement par pirogue. Plus de 14 000 consultations ont été effectuées, ciblant à la fois les populations hôtes et les déplacés internes.
Le paludisme, les infections respiratoires et les maladies diarrhéiques ont constitué les principales morbidités traitées. MSF a également pris en charge 122 cas de malnutrition aiguë sévère et administré plus de 2 600 doses de vaccins à 1 536 enfants. En matière de santé mentale, 195 consultations individuelles et 225 sessions de groupes ont été organisées, sensibilisant plus de 9 000 personnes.
Yaoundé : une stratégie durable contre le choléra
Face à la recrudescence des épidémies de choléra dans la capitale, MSF a lancé en 2024 un projet de prévention durable dans le district sanitaire de Djoungolo. Ce projet, mené en partenariat avec le ministère de la Santé, vise à renforcer la surveillance épidémiologique, améliorer l’accès à l’eau chlorée et assainir les quartiers vulnérables.
Plus de 22 000 personnes ont été sensibilisées aux bonnes pratiques d’hygiène et de prévention. Des infrastructures ont été réhabilitées, notamment la zone de déchets et la buanderie du Centre de traitement du choléra (CTC). Deux kits WATA, permettant la production locale de chlore, ont été acquis.
Santé mentale : un défi persistant
En matière de santé mentale, les consultations ont légèrement diminué (2 097 en 2024 contre 2 424 en 2023), en raison de l’insécurité dans certaines zones. Cependant, les cas référés par les services d’urgence ont connu une hausse significative.
Les symptômes psychosomatiques ont progressé (34,9 % des cas), tandis que les troubles anxieux et dépressifs ont enregistré une baisse relative. Les événements précipitants restent liés aux pathologies graves, à la violence et aux difficultés socio-économiques.
Ressources et budget : un engagement constant
En 2024, MSF a mobilisé 233 personnels nationaux et 22 expatriés sur ses différents sites au Cameroun. Le budget global de l’organisation s’est élevé à 5,27 milliards de FCFA, avec des dépenses effectives avoisinant les 4,95 milliards de FCFA.
Les fonds ont principalement été investis à Mora (2,83 milliards de FCFA), suivie de Yagoua (273 millions de FCFA) et de Yaoundé (109 millions de FCFA), sans compter les efforts de coordination et de préparation aux urgences.
Un défi permanent pour 2025
Le rapport 2024 de MSF Cameroun révèle la complexité des défis humanitaires dans le pays. Entre crises sécuritaires, épidémies récurrentes et besoins sanitaires croissants, l’organisation entend poursuivre ses efforts en 2025, en renforçant ses interventions et en plaidant pour un accès équitable aux soins.
« Notre engagement reste intact. Nous continuerons à travailler main dans la main avec les autorités et les communautés pour apporter des réponses adaptées et durables », conclut Alexis Bahati.
Télécharger le rapport annuel 2024 de MSF au Cameroun
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