La pénurie dure depuis deux mois. Accusés de spéculation, les distributeurs de proximité de ce combustible, invoquent les tracasseries rencontrées auprès de marqueteurs pour être approvisionnés.
Lieu-dit «carrefour le Maire», ce lundi 10 octobre 2022. C’est ici qu’est installé, un des principaux distributeurs de gaz domestique dans la ville Bafoussam. A peine a-t- il ouvert son commerce que commence le défilé des bouteilles de gaz de différents marqueteurs.
Mais à chaque fois, la réponse donnée aux consommateurs est la même : «Il n’y a pas de gaz, repassez plus tard». Loin d’avoir surgi seulement ce matin, ce problème se pose depuis plus d’un mois.
«Ça fait deux semaines que je sors tous les jours avec ma bouteille dans l’espoir de pouvoir m’approvisionner. Je constate que le gaz n’est toujours pas disponible», renseigne un consommateur dépité.
«Au départ, j’ai cm que le problème se pose uniquement dans le point où j’ai l’habitude m’approvisionner. Après avoir fait le tour de plusieurs points dans la ville, je me suis rendu compte que c’était un problème général», ajoute-t-il.
Selon nos sources, cette pénurie de gaz domestique n’affecte pas que Bafoussam, mais plusieurs autres villes de la Région de l’Ouest. «Dans la ville Dschang, nous ne trouvons plus de gaz. Cela dure depuis un bon bout», renseigne un étudiant de l’université de Dschang.
Les distributeurs accusés de spéculation
Pour l’heure, les autorités n’ont encore fait aucune sortie pour expliquer cette pénurie. Cependant les consommateurs et distributeurs ont des avis divergents sur Sa question. Les premiers accusent les seconds d’avoir créé cette pénurie afin de procéder à la hausse illégale des prix.
«On nous dit qu’il n’y a pas de gaz, mais quand tu arrives à certains endroits, on te demande plus d’argent pour te servir», révèle un consommateur. Nos investigations ont d’ailleurs permis de le confirmer. Il s’est en effet développé un marché noir où ce combustible est vendu à prix d’or.
Dans la ville de Dschang par exemple, le prix d’une bouteille de gaz de 12,5 Kg oscille désormais entre 8.000 et 10.000 Fcfa, soit une augmentation dépassant parfois les 50% du prix officiel fixé par les autorités à 6.500 Fcfa. Un constat presque similaire a été fait à Bafoussam où l’installation récente d’une usine d’enfûtage pas suffi pour éviter cette désagréable situation pour les consommateurs.
«Lorsque le gaz qui est enfûté ici à Bafoussam arrive chez moi, je ne vends pas à moins de 7.000 Fcfa. Quand ce sont les autres, c’est entre 8.000 et 10.000 Fcfa. Je fais cette augmentation parce qu’il y a trop de tracasseries pour qu’on vous livre. Depuis deux semaines, j’ai passé la commande de 200 bouteilles, c’est à peine qu’on m’en a livré 10 après tellement de tracasseries», confesse un distributeur de gaz qui a requis l’anonymat.
Si ce dernier a pu utiliser d’autres méthodes pour être servi, tel n’est pas le cas de certains de ses collègues. «Depuis deux mois, quand les clients viennent, je les renvoie parce que je n’ai une idée précise de la date à laquelle je serai livré. Depuis quelques temps, les marqueteurs qui me livrent ne décrochent même à mes appels», se plaint «Père gaz» dont le point de distribution est situé au lieu-dit «Entrée de la ville» à Bafoussam.
Péril sur des emplois
Cette pénurie de gaz domestique dans la Région de l’Ouest, n’affecte pas seulement les ménagères. Sa persistance met en péril l’emploi de nombre de jeunes. «Ça fait deux mois que nous venons et ne travaillons pas, le patron nous a dit qu’il sera obligé de fermer parce qu’il ne sait quand est-ce que le problème sera résolu. Donc ça ne me surprendrait pas que même dès ce soir, le patron vienne renvoyer mon collègue et moi. Cette situation nous fait beaucoup peur», confie un jeune, employé d’un point de distribution à Bafoussam.
Cette pénurie est-elle créée par des commerçants véreux et avide de gains ou la conséquence des dysfonctionnements émanant des marqueteurs? Les consommateurs de la Région de l’Ouest se posent une foultitude de questions et espèrent une action des pouvoirs publics pour un rapide retour à la normale.
Tonfack