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146 km en 3 heures : l’enfer persistant de la route Édéa–Kribi

Alors que les usagers continuent de s’enliser sur la route Édéa-Kribi, les promesses officielles peinent à se concrétiser.

Malgré l’indignation suscitée par les images de dégradation circulant sur les réseaux sociaux, le ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, reste évasif sur le calendrier réel de la réhabilitation.

Près d’un an après le lancement des travaux dits « confortatifs » confiés à l’entreprise Somaf, la route reliant la cité balnéaire à l’arrière-pays demeure dans un état critique, et les conducteurs continuent de parcourir les 146 kilomètres en plus de trois heures, au prix de leurs amortisseurs et de leur patience.

Selon le ministre, la section Édéa–Pont de Bivouba est la plus sinistrée, victime du vieillissement du bitume et d’un trafic croissant lié à l’activité du Port autonome de Kribi.

Emmanuel Nganou Djoumessi évoque également les fortes pluies et la pénurie d’intrants pour expliquer les lenteurs du chantier, estimé à 3,4 milliards F CFA.

Le taux d’avancement annoncé de 82 % contraste pourtant avec la réalité du terrain, où les nids-de-poule rivalisent avec les cratères. Pour tenter d’améliorer temporairement la circulation, le ministre a prescrit l’utilisation du ballast, en attendant une accalmie météorologique : une solution d’attente plus qu’un véritable progrès.

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Mais au-delà des justifications techniques, c’est l’absence de transparence sur la suite du projet qui alimente le malaise. Annoncée pour septembre 2025, la phase de reconstruction complète de la Nationale 7 reste au point mort.

Le ministre se contente d’affirmer que « le projet en est à l’étape du choix des entreprises », sans préciser ni les délais de démarrage ni la disponibilité effective du financement. Or, ce chantier stratégique, évalué à 148 milliards FCFA, dépend d’un montage financier complexe impliquant la Banque africaine de développement, la BDEAC et l’État du Cameroun.

Sur le terrain, les populations s’impatientent et les critiques s’amplifient. Car derrière les discours, la route Édéa-Kribi demeure un symbole du mal chronique des grands travaux publics au Cameroun : annonces spectaculaires, budgets colossaux, exécution poussive.

Tant que le ministère des Travaux publics ne communiquera pas un calendrier clair et contraignant, la promesse d’une voie moderne reliant Kribi à l’hinterland restera, elle aussi, enlisée dans la boue.

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