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Un enseignant abattu à Bambili dans une attaque présumée séparatiste

Yufemo Anselm, homme d’affaires et enseignant réputé du département du Bui, aurait été tué par des combattants séparatistes ambazoniens. Il a été abattu à Bambili, dans la subdivision de Tubah, vers 19 heures, le 27 avril 2025.

Surnommé « Wo Jum », Anselm tenait un bar à Three Corners Bambili et enseignait dans une école de Sabga, non loin de là. Des témoins racontent que trois hommes armés à moto ont fait irruption dans son magasin, l’ont sorti de force et lui ont tiré une balle dans la poitrine à bout portant avant de s’enfuir dans la nuit. Les habitants l’ont transporté d’urgence à l’hôpital, mais son décès a été constaté à son arrivée.

« Nous sommes sous le choc ; la douleur est insoutenable », a confié un membre de sa famille.

Avant de s’installer à Bambili, Anselm était professeur de géographie à Nkambe.

Augmentation des attaques ciblées contre les civils

Bien que le mobile de ces meurtres reste flou, la méthode employée rappelle les opérations séparatistes qui ravagent la région depuis des années. Dans certains cas récents, ils sont devenus des mercenaires.

Depuis 2017, les forces gouvernementales et les groupes séparatistes se livrent à un conflit sanglant dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, alors que ce dernier cherche à établir un État indépendant appelé « Ambazonie ». À mesure que le conflit s’est intensifié, les civils ont été de plus en plus souvent les principales victimes des violences, souvent pris entre attaques ciblées, extorsions et représailles.

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Civils pris entre deux feux

Les combattants d’Ambazonie ont pris pour cible à plusieurs reprises des enseignants, des hommes d’affaires, des chefs traditionnels et d’autres civils soupçonnés de collaborer avec le gouvernement ou refusant simplement de se conformer aux ordres de « ville morte » imposés par les séparatistes.

En mars 2025, le « Général le Seul Frère » autoproclamé d’Ambazonie a tué cinq civils, dont une mère allaitante qu’il avait tirée d’une église.

De même, en 2020, une tragédie a frappé Kumba, où des combattants séparatistes ont pris d’assaut l’Académie Internationale Bilingue Mère Francisca et massacré sept écoliers. En 2022, Derick Baya, un homme d’affaires populaire de Bamenda, a été menacé d’enlèvement et d’assassinat après avoir prétendument refusé de payer une « taxe » séparatiste.

Le meurtre d’Anselm s’inscrit dans une tendance inquiétante d’intimidation et de brutalité utilisée par les groupes séparatistes pour maintenir leur contrôle dans des zones agitées.

Le conflit s’intensifie tandis que les espoirs de paix s’amenuisent

La cause initiale de la crise anglophone trouve son origine dans une marginalisation perçue et des griefs légitimes, mais la violence persistante a gravement terni la cause séparatiste aux yeux de nombreux habitants.

À ce jour, la subdivision de Tubah, longtemps considérée comme un emplacement stratégique entre Bamenda et Sabga, dans le Kedjom Ketinguh, demeure extrêmement instable, de nombreux habitants vivant dans la crainte des insurgés et des forces de sécurité.

Cet incident survient moins de 48 heures après l’exécution de Suh John, dit Jean Makun, par les forces de sécurité camerounaises à Bafut, devant sa femme et ses enfants.

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La mort d’Anselm alourdit le bilan d’un conflit qui, selon les Nations Unies, a provoqué le déplacement de plus de 700 000 personnes et fait des milliers de morts depuis son déclenchement.

Les autorités locales n’ont pas encore commenté l’incident, et aucun groupe n’en a revendiqué la responsabilité. Cependant, nombreux sont ceux à Bambili qui craignent de nouvelles attaques face à l’insécurité croissante.

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