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Riz : les opérateurs sommés d’importer 150 000 tonnes en fin 2023, malgré le discours sur l’import-substitution

Au cours d’une réunion de concertation organisée le 18 juillet 2023 à Yaoundé, la capitale du Cameroun, Luc Magloire Mbarga Atangana, le ministre du Commerce (Mincommerce), a instruit les acteurs de la filière riz de faire une « importation rapide de 150 000 tonnes de riz pour le dernier trimestre (2023), afin de poursuivre l’approvisionnement des marchés ». Cette injonction gouvernementale vise, apprend-on, à « irriguer le marché camerounais en riz », de manière à garantir l’approvisionnement du marché local pendant les fêtes de fin d’année, période de grande consommation.

L’instruction donnée aux opérateurs de la filière riz par le ministre du Commerce survient au moment où le discours gouvernemental est pourtant à la promotion de l’import-substitution, qui consiste à réduire les importations massives, en développant la production et la transformation locales. Notamment dans des domaines clés tels que l’agriculture, dans la mesure où le pays est officiellement crédité de plus de 25% de terres cultivables réputées fertiles.

C’est dans cette optique que depuis le 16 mai 2023, le gouvernement, à travers le ministère de l’Agriculture, s’est doté d’une stratégie de développement de la filière riz, d’un coût de 385 milliards de FCFA. Avec pour objectif de booster la production locale du riz pour la porter à 750 000 tonnes d’ici l’année 2030, et ainsi rendre résiduelles les importations qui dominent actuellement le marché.

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« L’objectif, loin d’être de produire seulement, est de rendre disponible sur les marchés un riz de haute qualité à des prix compétitifs. Cela passe par la modernisation des moyens de production via la mécanisation agricole, la réorganisation des acteurs de la filière, mais davantage de l’implication du secteur privé en amont et en aval », a confié au cours de la validation de la stratégie le ministre Gabriel Mbairobe, qui gère le portefeuille de l’agriculture au sein du gouvernement.

Réexportation frauduleuse

L’on peut cependant remarquer que ce n’est pas la première fois que le gouvernement camerounais se dote d’une stratégie pour lutter contre les importations massives du riz. Au sortir des émeutes dites de la faim, en mars 2008, le ministère de l’Agriculture avait déjà annoncé la mise en œuvre prochaine d’une stratégie visant à doper la production locale. La facture de cette stratégie, dont on ignore le sort à ce jour, était alors évaluée à environ 600 milliards de FCFA. 15 ans plus tard, c’est une nouvelle stratégie qui est annoncée.

En plus de l’incidence négative sur la balance commerciale du pays, les importations de riz au Cameroun sont souvent l’objet de pratiques répréhensibles. Exonéré de taxes à partir de l’année 2008, suite aux émeutes dites de la faim, puis minimalement taxé au droit de douane réduit de 5% depuis 2016, le riz importé par les commerçants camerounais sert aussi à alimenter les circuits de contrebande vers le Nigeria, pays voisin dans lequel cette céréale est surtaxée, pour encourager la production locale.

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Le Gabon et la Guinée équatoriale, en raison des prix attractifs dans les marchés, sont également cités parmi les réceptacles du riz réexporté par les commerçants camerounais. Selon les données de l’INS, la facture de cette réexportation frauduleuse du riz importé par le Cameroun pour les besoins de consommation locale a atteint 87 milliards de FCFA en 2019.

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