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Qui est Karim Boudiaf, le plus « Français » de l’équipe du Qatar ?

Né en France et formé à Lorient puis à Nancy, Karim Boudiaf a fait le choix étonnant de s’exiler au Qatar dès l’âge de 18 ans. Alors qu’il craignait de ne jamais pouvoir percer dans le monde professionnel, le voilà cadre de la sélection qatarie et sur le point de disputer le match d’ouverture du tournoi qui fait rêver les footballeurs du monde entier.

Il doit finalement sa présence à la plus belle des compétitions de football… à Pablo Correa. « À Nancy, j’étais à six mois de la fin de mon année U19: soit je passais pro, soit c’était terminé, rembobinait Karim Boudiaf dans un entretien à Ouest-France en mars dernier. Je ne savais pas quoi faire.

À l’époque, c’était Pablo Correa et il ne prenait pas beaucoup de jeunes. Je n’avais aucune chance d’intégrer le groupe pro. » En 2009, le milieu de terrain ne savait même pas s’il avait un avenir en professionnel. Treize ans plus tard, il s’apprête à disputer le match d’ouverture de l’un des plus gros évènements de la planète.

Même s’il ne dispose pas de la nationalité, Karim Boudiaf, originaire de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), peut être considéré comme le plus Français de la sélection qatarie. Né dans l’Hexagone d’une mère marocaine et d’un père algérien, il est désormais un pilier de l’équipe qui va donner le coup d’envoi de la Coupe du monde 2022 ce dimanche face à l’Equateur (17h).

Décrit comme « un cadre au caractère très calme » et « une pièce maîtresse de l’effectif » par les suiveurs du pays hôte, le joueur aux 115 apparitions sous le maillot du Qatar est devenu un pilier de sa sélection au fil d’un parcours hors du commun.

Exclu du centre de formation de Lorient

L’histoire n’était pourtant pas très bien partie. Repéré par le FC Lorient à l’âge de 16 ans, il est rapidement exclu du centre de formation des Merlus pour « des bêtises de jeunes », selon les propos de Reda Baiben, un recruteur de région parisienne, à So Foot en 2015. Le jeune homme rebondit alors à Nancy, où il a tapé dans l’œil des formateurs.

« Karim, je m’en souviens très bien. Il lui a suffi d’un seul match d’essai pour me convaincre de le prendre. Il avait une sacrée qualité technique, une belle qualité de passe et une intelligence de jeu largement au-dessus de la moyenne. Il jouait comme quelqu’un qui avait 300 ou 400 matchs en pro dans les jambes », se souvient Rachid Maatar, ancien responsable du centre de formation du club lorrain, pour So Foot.

Le milieu de terrain a du talent plein les jambes. Mais le passage des équipes jeunes au monde professionnel est toujours délicat. Karim Boudiaf a le sentiment que les portes de l’équipe première de l’ASNL ne s’ouvriront pas et sa patience s’effrite. Le club de Lekhiwa, devenu Al-Duhail, en D2 qatarie à l’époque, se penche alors sur son profil.

« Quand on m’a dit qu’un club s’intéressait à moi, au Qatar, la première chose que j’ai faite, c’était de taper le nom sur internet, a-t-il confié à Ouest-France. Je suis parti pour visiter, voir à quoi ça ressemblait. Je me suis entraîné avec l’équipe trois jours, on a disputé un match amical et je suis resté. »

Couvé par Djamel Belmadi

À 18 ans, il pose donc ses valises dans un pays qu’il ne connaît pas. Un choix incompréhensible pour certains, mais la décision du jeune homme est notamment motivée par des impératifs financiers. « Il a sorti sa famille de la merde, alors il ne faut pas juger trop vite son choix. Et pourtant, moi le premier, je le lui ai dit qu’il était bien trop pressé, mais c’est difficile de refuser une offre que personne ne pouvait lui offrir en France. De 500 euros par mois, son salaire est passé à 10 000 euros ! », assurait Reda Baiben dans les colonnes de So Foot il y a sept ans.

Quand il débarque au Qatar, un projet alléchant lui est également présenté: évoluer en première division, obtenir la nationalité qatarie au bout de cinq ans afin d’intégrer, si ses performances suivent, la sélection nationale en vue de la Coupe du monde 2022.

Sous la houlette de Djamel Belmadi, actuel sélectionneur de l’Algérie, franco-algérien comme lui et grand artisan de sa venue, Lekhiwa remporte le titre de champion de D1 en 2011 et 2012 pour ses deux premières saisons dans l’élite. L’ancien espoir de Nancy se fait alors approcher pour évoluer avec les U23 de l’Algérie, mais il décline l’invitation. A l’époque, il semble avoir les idées très claires quant à son avenir en équipe nationale.

« Je me sens super bien ici, je me suis vite adapté, confiait-il en 2012 à L’Est Républicain. Il y a également un projet passionnant avec l’organisation de la Coupe du monde 2022 au Qatar. J’aurai 31 ans à ce moment-là, j’espère donc participer à cette compétition. »

« J’ai affronté Messi, Ronaldo. En restant en France, ça ne me serait jamais arrivé »

Et son pari va s’avérer gagnant. L’ancien Merlu connaît sa première sélection avec le Qatar en décembre 2014 pour une rencontre amicale contre l’Estonie. Quelques jours plus tard, en janvier 2015, il dispute la Coupe d’Asie, une compétition qu’il remportera quatre ans plus tard en triomphant du Japon en finale. En parallèle, il se construit un palmarès béton en club, glanant en tout six titres de champion du Qatar avec Al-Duhail.

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Karim Boudiaf lors de la Coupe Arabe 2021 © Icon

« J’ai joué des matchs que je n’aurais jamais disputés. J’ai affronté Messi, Ronaldo. En restant en France, ça ne me serait jamais arrivé. Mon choix m’a permis de jouer contre les meilleurs joueurs du monde. C’était pourtant impossible à imaginer quand je suis parti, se félicitait-il auprès de Ouest-France en début d’année. Un choix sportif gagnant associé à une excellente adaptation à ce pays qu’il a désormais adopté. « J’y ai presque passé autant de temps qu’en France. J’ai quatre cultures, mais je me sens qatari. Ça m’arrive aussi d’aller dans le désert, mais pas comme les touristes. Moi, c’est avec les bédouins, les tentes et les faucons… »

À 32 ans, Karim Boudiaf se retrouve désormais face à son plus grand défi, celui qui le motive depuis désormais une décennie: bien figurer à la Coupe du monde. « Notre objectif, c’est de donner le maximum, clamait-il en octobre devant les médias. On sait que la Coupe du monde, c’est une compétition très difficile. Notre groupe aussi est difficile. On a le Sénégal, les Pays-Bas, l’Équateur… Mais nous aussi, on a une bonne équipe et tout est possible dans le football. » Son parcours hors du commun en est la plus belle preuve.

RMC Sport

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