Cameroun Actuel

Plan Mattei : le Cameroun veut sa part du gâteau italien de 5,5 milliards d’euros

En quête de ressources pour ses ambitieux programmes de développement, le Cameroun veut désormais intégrer le Plan Mattei, un vaste mécanisme d’investissement italien de 5,5 milliards d’euros (environ 3 608 milliards FCFA), mis en œuvre avec la Banque africaine de développement (BAD).

L’annonce a été faite le 28 octobre 2025 à Yaoundé, lors d’une rencontre entre le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, et l’ambassadeur d’Italie sortant, Filippo Scammacca del Murgo. L’objectif : positionner le pays parmi les bénéficiaires d’un fonds censé renforcer l’agriculture, l’énergie, les infrastructures et la formation sur le continent africain.

Cette initiative arrive à un moment stratégique. L’État camerounais, confronté à des besoins massifs de financement, multiplie les démarches pour soutenir des projets jugés prioritaires, comme le Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah), estimé à 1 336 milliards FCFA, ou le Compact énergétique national, évalué à 12,5 milliards de dollars US.

Ces deux programmes visent respectivement à réduire la dépendance alimentaire et à électrifier près de huit millions de Camerounais d’ici 2030.

Dans le même temps, le projet de rocade de Yaoundé, encore en quête de 111 milliards FCFA, illustre la tension permanente entre ambitions infrastructurelles et contraintes budgétaires. Autant de projets qui coïncident parfaitement avec les domaines prioritaires du Plan Mattei.

Mais derrière l’intérêt économique se cache une bataille diplomatique subtile. En s’ouvrant à l’Afrique à travers ce plan, Rome cherche à renforcer son influence face à la concurrence grandissante de la Chine, de la Turquie et des puissances du Golfe.

Pour le Cameroun, se placer dans cette dynamique équivaut à diversifier ses partenaires financiers, alors que la dépendance aux bailleurs traditionnels comme le FMI et la Banque mondiale reste forte.

La manœuvre du ministère des Finances traduit ainsi une volonté politique de repositionner le pays dans la géopolitique des financements africains, tout en évitant l’écueil d’une nouvelle forme de dépendance économique.

Encore faudra-t-il que Yaoundé sache tirer profit de ce partenariat sans se perdre dans les lenteurs bureaucratiques et la gestion opaque qui plombent souvent les projets publics.

Le Plan Mattei, vanté comme une approche de « partenariat plutôt que d’aide », pourrait offrir une bouffée d’oxygène à l’économie camerounaise. À condition, toutefois, que les autorités traduisent cette ouverture en résultats concrets, et non en une énième annonce diplomatique sans lendemain.

Laisser un commentaire

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi