Lors de la période de questions du mercredi 29 mars, Paul Sainte-Pierre-Plamondon a demandé au premier ministre François Legault si, étant donné que McGill disposait globalement, en 2021, de 16 740 $ par étudiant équivalent temps plein (EETP), Concordia de 11 435 $/EETP alors que les universités n’avaient en moyenne que 7 200 $/EETP (soit 57 % de moins que McGill), cette dernière admettant que le financement par étudiant à McGill était plus élevé qu’à l’UQAM.
Face à cette question, M. Legault a choisi de répondre sur le côté et sur un autre sujet. Il a d’abord affirmé que : « Si l’on exclut le Royal Vic, les universités françaises collectent 99 % des investissements en capital ». Comment dire? Si je donne 100 $ à Jean et 1 $ à Jean et que j’exclus Jean du calcul, il est correct de dire que Jean perçoit 100 % de l’argent. Mais avec cette réponse, M. Legault nous prend pour des idiots.
McGill et Concordia récolteront 60 % des investissements du Plan québécois des infrastructures 2023-2033. Cela équivaut à sept fois le poids démographique des anglophones au Québec.
Le Vic Royal
M. Legault affirme alors que : « Aucune université française n’a voulu du Royal Vic ». Le gouvernement aurait donc été pratiquement « forcé » de donner le Royal Vic à McGill. C’est faux. Rappelons d’abord que le Royal Vic était un bien public, propriété de tous les Québécois et non de McGill. Peu avant de quitter le pouvoir en 2018, Philippe Couillard a décidé de donner tout simplement le Royal Vic à McGill (en plus de 35 millions de dollars pour faire les plans architecturaux). La valeur comptable de ce don n’est pas connue, mais comme il s’agit du site le plus prestigieux (et immense!) de Montréal, la valeur du terrain doit approcher ou dépasser le milliard de dollars.
Ensuite, il apparaît qu’aucun appel d’offres ou appel à projets en bonne et due forme n’a été lancé. Sauf preuve contraire, le gouvernement du Québec n’a jamais sollicité de soumissions de projets d’autres universités, précisant que des centaines de millions de dollars d’argent public seraient disponibles pour développer le site. Quand le premier ministre dit que « les autres universités n’en voulaient pas », il essaie de noyer le poisson.
Chéris du gouvernement
McGill, l’université la plus riche du Québec (et de loin), compte 1 700 millions dans sa fondation (selon les dernières nouvelles) et aurait pu à la fois acheter le site et le rénover, sur ses fonds propres. Les 620 millions de dollars que Québec donne à McGill auraient pu être investis dans l’UQAM, qui en a bien besoin.
Cette histoire est emblématique de la posture générale du gouvernement du Québec envers les institutions anglophones qui sont choyées et financées au-delà de toute mesure et de toute raison. Il faut y voir, je crois, l’expression d’un complexe d’infériorité tenace qui resurgit du vieux fond…