Le ministre de la Santé publique, Manaouda Malachie, a récemment dénoncé la vente illicite des produits du laboratoire Fraken au Cameroun. Dans un communiqué publié le 23 août 2023, le ministre a informé le public que ces produits, tels que les sirops (Naturcold), les comprimés et les injections, circulent dans le pays.
Cette alerte fait suite à un avertissement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) datant du 19 juillet 2023. Des enquêtes sont actuellement en cours pour déterminer l’origine de ces produits, car le laboratoire prétend être britannique. Cependant, l’OMS a rapporté que l’Agence de réglementation du médicament et des produits de santé (Mhra) a confirmé qu’aucune société portant ce nom n’existe au Royaume-Uni.
La vente de ces produits sur le marché camerounais soulève des inquiétudes quant aux risques pour la santé publique, en particulier celle des enfants. En effet, un lot de sirop Naturcold de qualité inférieure et contaminé a été identifié pour la première fois le 13 mars 2023 et signalé à l’OMS. Des analyses réalisées par un laboratoire sous contrat et préqualifié par l’OMS ont révélé des quantités inacceptables de diéthylèneglycol dans ces produits, allant jusqu’à 28,6 %, alors que la limite acceptable est de 0,10 %.
Malgré la gravité de la situation, le ministère de la Santé ne prend pas immédiatement de mesures pour retirer ces produits du marché. Le ministre lui-même reconnaît que les produits du laboratoire Fraken proviennent à la fois du circuit licite et du circuit illicite, et qu’aucun d’entre eux n’a obtenu d’autorisation de mise sur le marché ni de dérogation d’importation. Il conseille cependant au public d’être vigilant et, le cas échéant, de cesser d’utiliser ces médicaments non conformes.
Cette affaire met en lumière la problématique du développement de l’industrie pharmaceutique camerounaise. Selon les chiffres de la Direction de la pharmacie, du médicament et des laboratoires du ministère de la Santé, seulement 2 % des produits pharmaceutiques disponibles sur le marché national sont produits localement, tandis que 98 % sont importés. En 2021, les produits pharmaceutiques représentaient 4,9 % de la valeur des importations, s’élevant à 3 871,4 milliards de Fcfa, selon l’Institut national de la statistique (INS).
Il est essentiel que le gouvernement prenne des mesures strictes pour lutter contre la vente illicite de produits pharmaceutiques et garantir la sécurité des citoyens. De plus, il est nécessaire d’encourager le développement de l’industrie pharmaceutique locale afin de réduire la dépendance aux importations et d’assurer la disponibilité de médicaments sûrs et de qualité pour la population camerounaise.
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