Pur produit de la générosité d’un autre camerounais, Luc Mbah A Moute qui allait grandement lui ouvrir les portes de la NBA, le saint des saints du Basket-ball mondial, Joël Embiid est devenu en très peu de temps, avec Pascal Siakam, les symboles de la fertilité et de l’abondance du sol camerounais, en matière de fécondation de pépites… Ces sportifs en or qui font briller l’Afrique au concert des nations, et que le monde tout entier convoite d’un regard vorace.
On en était à se vanter de partager avec lui une fraternité national que le temps a éprouvé, que la vie a consolidé, et que les victoires avec notre amour et notre soutien ont ancré et gravé sur du marbre.
Nous en étions à construire autour de sa personne un chauvinisme national, cette façon subjective de bâtir la mystique collective d’un peuple autour de ce qu’il a d’esprits brillants, lorsque nous apprîmes comme par enchantement ; d’abord par une rumeur persistante, puis des nouvelles convergentes, de quelques médias généralement bien introduits, que l’icône de toute une nation, le modèle de tant de jeunes camerounais et africains, est en passe(si ce n’est déjà fait) de quémander la nationalité française, pour en défendre les couleurs.
Quel drame ! Mais alors, quel vi.ol !
Et comme si cela ne suffisait pas, il se trouve quelques compatriotes sans sens de la mémoire, sans sensibilité à l’esprit national, pour nous interdire de dire notre mal être ! Pour nous enjoindre de la boucler. De ne point crier à la trahison, alors même que nous voyons partir si lâchement, l’un des symboles de notre fierté collective, vers un horizon futur douteux, et qui a l’art de ressusciter le passé. Avec ses plaies sans cesse puantes, encore impensées et toujours en attente d’être pansées.
Autant nous comprenions la ferme volonté d’un certain Joël Matip, de se tenir à bonne distance des affaires sportives du Cameroun, autant il m’est encore incompréhensible, impossible, de comprendre et accepter l’exil inattendu, « ékambifiant », de M. Embiid, vers l’hexagone.
J’ai bon espoir qu’à l’aurore, on me dise que tout cela n’était finalement que pur fantasme.
Ceux de nos compatriotes qui estiment que nous devrions rester de marbre, et applaudir ce qui s’apparente très justement à un camouflet Géopolitique (La géopolitique du Sport) n’ont tout simplement rien compris des enjeux de cette affaire.
Ce n’est pas parce que votre nation ne vous donne rien ou ne fait rien pour vous (encore que…), que vous avez le droit de la livrer au déshonneur, à l’angoisse des séparations amoureuses difficiles, après avoir existé dans la communauté des humains, sous ses fières couleurs, en tirant profit d’une part de la gloire.
Nous voulons garder notre Jojo.
Joël, on t’aime.
Luc Perry Wandji