A l’ère de la décentralisation, les communes, les communautés urbaines et les régions peinent encore à s’adapter aux exigences du nouveau régime financier de l’Etat qui, depuis 2018, a consacré le budget-programme.
L’une des exigences est la remontée de l’information comptable au niveau central et une meilleure reddition des comptes. Par conséquent, la gouvernance des Collectivités territoriales décentralisées (Ctd) souffre encore d’un déficit de transparence.
Selon les explications du directeur de la Comptabilité publique au ministère des Finances, le logiciel Simba utilisé par les Ctd avait été développé dans un cadre bien précis : celui du budget classique encore appelé budget des moyens, avec une comptabilité de caisse.
« Simba était donc paramétré pour nous permettre de tenir cette comptabilité classique. Simba n’avait pas toujours les fonctionnalités axées vers la performance, axées vers la production d’états financiers annuels certifiés, en l’occurrence le bilan d’une collectivité et son compte de résultats », fait savoir Achile Basahag.
Par ailleurs, chaque mairie d’arrondissement, chaque mairie de ville et chaque région utilise de manière isolée le logiciel comptable Simba.
Dans ce contexte, tout le monde ne fait pas remonter l’information alors que la gouvernance locale est elle- aussi soumise à l’évaluation. Le Comité national des finances locales (Conafil) peine d’ailleurs à avoir une vue globale sur l’information comptable issue des territoires, à savoir les 360 communes d’arrondissement, les 14 communautés urbaines et les 10 régions.
La gestion comptable et budgétaire des Ctd a été le principal sujet discuté au cours de la deuxième session ordinaire du Conafil pour l’exercice 2024. Les travaux se sont tenus le 24 juillet 2024 à Yaoundé sous la présidence du ministre de la Décentralisation et du Développement local, Georges Elanga Obam.
Le Conafil travaille sur la mise à jour de l’application Simba afin de l’arrimer à la nouvelle nomenclature budgétaire et comptable. Ainsi, chaque Ctd pourra produire des bilans. Le basculement vers la nouvelle version de Simba est prévu le 1er janvier 2025.
Ce n’est qu’une étape vers la modernisation complète du système informatique de gestion comptable et budgétaire dans les Ctd au Cameroun. En effet, la mise à jour de Simba permettra de gérer la période transitoire avant l’implémentation d’une toute nouvelle application, confie Jean Ndoumbe, le chef de la division des systèmes d’information au ministère de la Décentralisation et du Développement local (Minddevel).
« Avec une nouvelle application centralisée, la reddition des comptes sera automatique au niveau central. Elle sera centralisée au niveau de l’Etat à Yaoundé. Cette application va également intégrer l’ensemble du périmètre fonctionnel sollicité par tous ceux qui sont dans la chaîne budgétaire et comptable », explique Jean Ndoumbe.
Il assure que l’implémentation de la nouvelle application prendra 3 ou 4 ans. Une expertise sera contractualisée pour accompagner l’Etat à la mise en place, à la définition du cahier de charges fonctionnel, technique, opérationnel, et à la maturation du projet. « Le processus de recrutement de cet assistant sera lancé dans les jours à venir », conclut-il.
Le Jour
