Après 120 minutes hallucinantes et de rebondissements, la sélection nationale fanion, guidée par un André Onana impérial, fait plier l’échine aux Fennecs d’Algérie et valide son ticket qualificatif pour le Mondial Qatari. Un scénario auquel beaucoup de camerounais n’y croyaient plus.
Il règne un calme de cimetière dans le vol spécial qui transporte les membres de la délégation camerounaise d’Alger pour l’aéroport Mohammed VI de Casablanca ce mercredi 30 mars 2022. En dehors de quelques allers et venues des hôtesses doublés des messages émises de la cabine de contrôle pour annoncer quelques légères turbulences, l’ambiance est au repos. Tous les joueurs ou presque, sont plongés dans un profond sommeil.
Même le staff technique regroupé aux premières loges aux côtés de Samuel Eto’o, profite de ce moment pour tenter de récupérer. Normal. Les Lions indomptables ont vécu une soirée infernale la veille au stade Mustapha Tchaker de Blida. Jamais l’aphorisme « impossible n’est pas camerounais » n’a eu autant de sens que ce 29 mars historique.
Devant un public de 35 000 spectateurs largement acquis à la cause de la sélection algérienne, Éric-Maxim Choupo Moting et ses camarades, battus à l’aller de ces barrages du Mondial 2022, vendredi à Japoma (0-1), ont réussi l’exploit de renverser la vapeur avant de sceller définitivement le sort des Fennecs à la dernière minute des prolongations.
Sur un coup franc botté dans la mêlée, la défense des Verts se dégage mal. A l’affût, les Lions rugissent. D’abord Vincent Aboubakar qui se loupe, puis, la patte magique de Toko Ekambi qui envoie le cuir mourir au fond des filets de Rais M’Bolhi, le portier algérien (2-1). Qui l’eut cru? Personne n’avait imaginé un tel revirement. Même pas Rigobert Song qui étouffe de joie devant le banc de touche. Au bord de l’extase.
Une image qui tranche avec celle où on voit Djamel Belmadi, tête contre gazon, pleurant à chaudes larmes sous une huée du public qui réclame son limogeage. Le sélectionneur algérien qui a vu son équipe, se faire éliminer au premier tour de la Coupe d’Afrique des nations au Cameroun, deux mois plus tôt, essuie un second affront. De quoi susciter l’ire des fans. Comme lui, plusieurs joueurs sont inconsolables. Ryad Mahrez, Slimani…
C’est un deuil national. Une désillusion qu’on peut comprendre Deux minutes avant, c’est l’équipe locale qui profitait d’un corner, pour égaliser (1-1) et laisser croire que le visa pour la grand’messe du football mondial est dans la poche. C’était sans compter sur le fighting spirit et cette incroyable capacité des Lions à se transcender dans les moments et les situations les plus improbables.
Quand tombe la crinière de l’invincibilité
L’Algérie, jusqu’alors invaincue à domicile depuis 1998, se voyait au Qatar. Elle jouait en plus ce match dans un stade où elle n’avait jamais perdu, en 43 matches. Autant dire que les signaux étaient au vert pour les Fennecs.
Mais ils ont été bien trop imprécis offensivement, à l’image d’Islam Slimani qui aurait pu ouvrir le score d’entrée (2’) ou encore de Youcef Belaïli (28’) qui aurait pu répondre au but d’Eric Maxim Choupo-Moting, à l’affût d’une faute de main de Raïs M’Bolhi (1-0, 22’). Une erreur rattrapée en deuxième période, quand le gardien des Fennecs réalisait un superbe double arrêt devant Léandre Tawamba et Martin Hongla (68’) et sauvait son équipe qui, quand elle ne manquait pas de justesse, butait sur un André Onana solide sur sa ligne (55’). Après le rendez-vous manqué de 2018 en Russie, le Cameroun sera donc au Qatar.
Outre les joueurs et le staff technique qui se sont montrés héroïques, le mérite de cette qualification revient également à Samuel Eto’o qui a pris les avant-postes pour transmettre à ceux qu’il appelle affectueusement ses jeunes frères, ce supplément d’âme dont ils avaient besoin pour vaincre l’Algérie. L’ambitieux président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) refuse que ses joueurs se reposent sur leurs lauriers et se contentent de cette simple qualification.
Selon lui, les Lions Indomptables doivent préparer l’échéance avec ambition. « Vous avez fait le job, mais moi je suis un très grand rêveur, je ne vais pas au Qatar pour sortir au premier tour. On ira au Qatar avec une autre mentalité. Si les autres peuvent gagner , pourquoi pas nous. On n’ira pas au Qatar en balade », a prévenu l’ex goleador .
Rigobert Song, lui, n’a pas caché son immense fierté après la qualification de son équipe au Mondial. « Quel que soit le match, il faut la patience, rester concentré jusqu’au coup de sifflet final, car, quand tu penses que tu n’es pas en danger, tu es en danger », a-t-il déclaré à la fin du match. Mission accomplie. Mais le plus dur commence. Les adversaires du Cameroun seront dévoilés vendredi prochain lors de la cérémonie de tirage au sort prévue à Doha au Qatar vendredi prochain. Tic tac…
Le Messager
