Élu avec plus de 54 % des voix lors du premier tour de l’élection présidentielle, Bassirou Diomaye Faye doit pourtant composer avec une Assemblée nationale où son parti est minoritaire.
Le camp de l’ancien président Macky Sall, fort de sa victoire aux législatives de 2022, détient toujours la majorité absolue avec 82 députés sur 165, tandis que le parti de Faye, Pastef, ne compte que 23 sièges. Même avec l’appui de ses alliés de la coalition Yewwi Askan Wii, le président ne peut réunir qu’une quarantaine de parlementaires.
Ce déséquilibre complique la mise en œuvre des réformes promises par Bassirou Diomaye Faye durant sa campagne. Les tensions entre les deux camps sont vives, comme l’a montré le récent rejet par l’opposition majoritaire de la proposition de supprimer deux institutions jugées « budgétivores » par les nouvelles autorités. Ce blocage s’était déjà manifesté en juin dernier, lors du débat sur l’orientation budgétaire.
À partir du 12 septembre, Bassirou Diomaye Faye pourra néanmoins appeler à des élections législatives anticipées dans l’espoir de renverser la situation et d’obtenir une majorité plus favorable. Toutefois, la perspective d’un tel scrutin s’annonce incertaine dans un contexte politique tendu.
Selon Ababacar Fall, directeur du think tank Gradec, « la tension actuelle est une prolongation de l’élection présidentielle de mars 2024. Cette animosité entre les deux camps reflète l’ampleur de la rupture entérinée par les urnes ».
Le bras de fer entre le nouveau pouvoir et l’opposition semble donc loin d’être terminé, avec des enjeux cruciaux pour l’avenir politique du Sénégal. Bassirou Diomaye Faye devra user de stratégie et de diplomatie pour parvenir à débloquer la situation parlementaire et mener à bien son programme.