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Au Sénégal, l’hippopotame est-il voué à disparaître ?

Alors qu’un hippopotame a été abattu après avoir semé la terreur dans un village sénégalais, la question de la protection de cette espèce en voie d’extinction se pose à nouveau.

Interdiction de tuer ! Au Sénégal, l’hippopotame est une espèce protégée. Mais l’abatage d’un de ces animaux ces derniers jours, par des policiers sénégalais, relance la question de la protection de l’espèce. Car si les forces de l’ordre ont dû exécuter l’hippopotame, c’est en partie pour le danger qu’il représentait pour les habitants de la ville de Thilogne. Alors qu’il se dirigeait vers une village voisin, le mammifère a été abattu. Il faut dire que les hippopotames souffrent d’une terrible contradiction : s’ils sont protégés, le fait qu’ils tuent de plus en plus d’hommes provoque parfois des drames.

Les experts s’étonnent cependant du déroulement des faits, ces derniers jours : alors que des agents des eaux et forêts auraient pu être appelés pour tenter de neutraliser l’animal et le ramener dans son habitat naturel, le fleuve voisin, les policiers ont préféré tirer. Surtout, pourquoi des mesures n’ont pas été prises pour endiguer un phénomène de plus en plus fréquent ?

En 2016 déjà, les riverains du fleuve Gambie avaient tenté de prévenir les autorités locales. Le directeur national de la Pêche continentale, Djibril Signaté, avait alors exhorté le ministère de la Pêche à fournir aux pêcheurs de Gouloumbou, un village traversé par le cours d’eau, des pirogues métalliques motorisées pour éviter les attaques d’hippopotames. Rien qu’en dix ans, dans cette région, plus de 25 personnes avaient été tuées par les hippopotames. En octobre de cette année-là, un animal avait été abattu, à cause des risques d’attaque.

La légitime défense, arme de destruction massive

Des faits récurrents : en mars 2019, un autre hippopotame avait, cette fois, été tué dans la ville de Kédougou. Si c’était un chasseur français qui avait tiré, il avait agi à la demande des autorités locales. L’ex-ministre de l’Environnement, Haïdar el Ali,, avait alors tenu à rappeler que l’hippopotame était notamment indispensable parce qu’il « transporte les pains des arbres », dont il dissémine les graine.

Cela n’empêche pas les chasseurs, souvent autorisés à le faire par les autorités sénégalaises, d’abattre régulièrement des hippopotames qui sèment le trouble dans les villages bordant les grands fleuves.

Pourtant, le Code de la protection de la faune, cet acte est passible d’une peine de 1 à 5 ans d’emprisonnement. À moins de disposer d’un « permis scientifique ». Cependant, rappelait en 2019 Bamba Cissé, avocat au barreau de Dakar et spécialiste de la criminalité faunique, la mise à mort de ces animaux « est autorisée par la loi dans un seul cas de figure, celui de la légitime défense ».

Avant chaque abattage, il faut donc mesurer qu’un danger menace bien la vie de quelqu’un. Mais dans la panique, il est souvent difficile de jauger la situation. « C’est aux autorités compétentes de faire en sorte que le moins possible d’hippopotames soient tués, estime un expert de la faune et de la flore sénégalaises. Aucune politique efficace pour tenter de sauver cette espère n’a, jusqu’à aujourd’hui, été mise en place ».

Le Journal de l’Afrique

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