Paul Biya a 89 ans, dont 40 ans de règne et 60 ans dans les hautes sphères de l’Etat. Désormais, les moindres faits et gestes du président sont scrutés la loupe.
Cet homme serait-il fait d’un autre bois ? Il a survécu à plusieurs conspirations. De la tentative du coup d’Etat d’avril 1984 au scandale de l’Albatros, ce cercueil volant destiné à le faire périr, parfois, la chronique l’a dit à l’article de la mort comme cette folle rumeur qui le donnait pour mort, jetant un vent de panique sur l’ensemble du Cameroun.
A l’instar d’un phoenix, il renaît toujours de ses cendres. Mais il n’a plus l’image du président jupitérien, amateur de sport (cyclisme, tennis, golf, marche à pied), ancien séminariste qui a cultivé à l’extrême un sens de l’effacement et du mystère avec comme boussole ce précepte : “Un corps sain dans un esprit sain”.
Dans la bulle du pouvoir et sa solitude, il a eu à faire face à la trahi son des amis et des collaborateurs du premier cercle. A-t-il cédé à l’usure du pouvoir ? Difficile à dire. En quarante (40) ans, il a recherché la bonne alchimie, usant de collaborateurs parfois comme de simples fusibles, multipliant des attelages et des castings.
Son seul ennemi aujourd’hui semble être le temps qui rame inexorablement contre lui. Même s’il peut se prévaloir d’un destin exceptionnel, lui, le fils de catéchiste parti de nulle part, il laisse aujourd’hui, en héritage une société clivée par l’explosion des extrémismes, un tribalisme rampant, et la montée en puissance d’un discours de la haine.
En quarante (40) ans de règne, il y a eu forcément une crise des valeurs, voire une inversion de l’échelle des valeurs. L’Opération Epervier, saluée au départ comme une card pagne de reconstruction de la morale publique, s’est muée en une justice sélective, faite de minables petits arrangements et de liquidation des rivaux politiques. La stabilité dont on se gargarise, ne tient qu’à un fil.
Certes, il n’a passât teint le record de la Reinê d’Angleterre qui totalise 70 ans de règne.Après 40 ans de pouvoir, Paul Biya ne montre aucu.. signe de vouloir passer la main. Les collaborateurs qui ont montré la moindre velléité de pouvoir, ont été happés par la redoutable machine de démolition de tous ceux qui semblent faire ombrage au digne fils de Mvomeka’a.
Mais il faut rendre un hommage mérité à une dame partie du peuple profond, qui s’est employée à construire l’image d’un président humain. Par sa spontanéité, son goût pour le contact, sa connaissance du Cameroun, d’en haut et d’en bas, Chantal Biya, a déconstruit patiemment l’image de ce président froid et distant, presque déconnecté de son peuple. Bon anniversaire Mr le Président de la République !
L’Indépendant
