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Optimum Travel : l’échec d’un rêve entrepreneurial

Ulrich Nguegang, un jeune orateur brillant du Cameroun, s’est fait remarquer par son institut d’art oratoire. Inspiré par son désir de se lancer dans l’entrepreneuriat, il a fondé une agence de transport terrestre, Optimum Travel, dans l’espoir de révolutionner le secteur au Cameroun.

Le lancement du projet

Le projet a débuté sur de bonnes bases. Séduit par les milliers de messages d’appréciation qu’il recevait, Ulrich pensait qu’en un mois, il réussirait à lever des fonds suffisants pour transformer son rêve en réalité. Il a levé plus de 100 millions de FCFA auprès de plusieurs dizaines de personnes et a lancé la phase d’étude du projet. Premier erreur car n’étant plus capable de lever les fonds nécessaires, il décide de changer de trajectoire. Aller vers les constructeurs de bus pour partenariat.

Le déclin du projet

Cependant, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. Après une période initiale d’enthousiasme, les souscriptions ont chuté, et les actionnaires se sont faits de plus en plus rares. L’argent levé a été utilisé principalement pour négocier des partenariats avec des constructeurs de bus au Brésil et ailleurs, mais ces fonds ont aussi servi à financer des études dans des cabinets professionnels, dans l’espoir d’obtenir des financements et des partenariats.

Malheureusement, les progrès étaient lents, et le projet traînait. Les premiers actionnaires ont commencé à se fatiguer, se sentant de plus en plus frustrés par le manque de résultats concrets. Leur patience a atteint ses limites, et ils ont demandé un remboursement, mais Ulrich ne disposait pas de l’argent pour les rembourser. La pression montait, et l’absence de solutions financières a commencé à peser lourdement.

Les tentatives infructueuses

Dans une tentative désespérée de trouver des fonds pour stabiliser sa situation, Ulrich a lancé un petit champ de plantain à Kribi, pensant que cela pourrait générer des revenus pour rembourser ses créanciers. Mais cette tentative a échoué, ne rapportant que quelques maigres régimes de plantain, que l’on ne pouvait vendre qu’à 2500 FCFA. Ce fut un échec cuisant.

L’escalade des tensions

Le projet d’Optimum Travel a continué à prendre du retard. Les quelques centaines de millions de FCFA levés ont été absorbées par les études, et les créanciers ont commencé à se manifester avec encore plus de vigueur. Accusé d’escroquerie et de vol, Ulrich a vu son image se détériorer davantage. Les plaintes se sont multipliées, des convocations ont eu lieu, et il a même été placé en garde à vue. La situation semblait sans issue, et malgré sa détermination à se battre, Ulrich se trouvait dans une impasse.

Il a commis des erreurs, un rêve fou, un projet au dessus de son expérience et une levée de fonds chez les débrouillards.

L’impact des réseaux sociaux

Puis, un matin, Ulrich a été annoncé sur les réseaux sociaux, et cette annonce a fait des vagues. Les dizaines de personnes qui se considéraient comme victimes de l’escroquerie ont commencé à se manifester sur les plateformes sociales. La toile a pris feu, et de nombreux internautes ont commenté, exprimant leur colère et leur frustration.

Cette médiatisation a eu un effet dévastateur sur le projet. Les actionnaires furieux ont refusé d’écouter Ulrich, ne cherchant qu’à se venger. Leur colère s’est transformée en une campagne de dénonciation sur les réseaux sociaux, et cela a anéanti les dernières chances de redressement du projet. Finalement ils ont tous perdu, même ceux qui croyaient dénoncer.

La fin du projet

Le projet d’Optimum Travel était désormais mort. Facebook et d’autres plateformes sociales avaient transformé le rêve d’Ulrich en un fake. La toile a condamné le projet, et personne ne voulait entendre parler d’Optimum Travel. Les partenaires, qui commençaient à s’intéresser au projet, se sont tous retirés dans la panique. Ulrich a perdu tout soutien et a vu ses opportunités s’évaporer.

Loin de résoudre le problème, la dénonciation sur Facebook a aggravé la situation. Le vent de panique créé par les créanciers a détruit ce qui aurait pu encore permettre de gagner de l’argent pour rembourser les actionnaires. Une fois l’affaire rendue publique, Ulrich s’est retrouvé sans solutions, sans partenaires, et sans moyens de continuer. La médiatisation a effacé toute chance de rédemption.

La question du remboursement

Les actionnaires se sont-ils fait escroquer par Ulrich ? On ne saura jamais. Mais d’un point de vue réaliste, 200 millions de FCFA dans ce genre de projet n’auraient même pas suffi à couvrir les études et l’implantation du site nécessaires, sans parler des coûts réels d’un tel projet. Ulrich n’a pas été capable de rembourser les actionnaires, et il n’en avait pas les moyens. Même en ayant 10 ans pour le faire, le manque de ressources financières et les mauvais choix de gestion ont rendu toute idée de remboursement quasiment impossible.

Le destin d’Ulrich Guegang

Aujourd’hui, Ulrich Guegang a disparu des radars. Ses comptes Facebook sont vides, malgré quelques publications sporadiques. Il se trouve maintenant à Akwa, Douala, où il gère un petit restaurant, La Villageoise, dans l’espoir de trouver un nouveau chemin. Le projet d’Optimum Travel, ainsi que son institut d’art oratoire, sont aujourd’hui des souvenirs lointains.

Les leçons tirées

De cette expérience, plusieurs leçons peuvent être tirées, notamment :

1. La gestion des fonds : Lever de l’argent pour un projet nécessite une attention. Il faut refuser l’argent de certaines personnes.

2. La patience dans les affaires : Les projets ambitieux prennent du temps pour se développer. La précipitation, l’impatience et la pression peuvent nuire gravement à la réussite.

3. L’impact des réseaux sociaux : Bien que les réseaux sociaux puissent aider à sensibiliser, dans certains cas, la médiatisation prématurée d’un échec peut causer plus de tort que de bien. Ils peuvent fermer les portes à d’éventuels partenaires et investisseurs.

4. Les réalités de l’entrepreneuriat en Afrique : Monter un projet en Afrique est souvent une tâche extrêmement difficile, surtout lorsqu’il repose sur l’argent de petites personnes. L’argent levé peut sembler important, mais il est rapidement absorbé par les coûts initiaux, laissant peu de ressources pour avancer réellement.

5. Le prix de l’ambition : Parfois, les jeunes entrepreneurs qui rêvent grand doivent faire face à des échecs cuisants. Mais ces échecs sont souvent la clé pour apprendre, évoluer et, peut-être, repartir sur de nouvelles bases.

Monter un projet en Afrique avec l’argent des pauvres est un défi immense. À mes dépens, j’ai appris qu’il faut être prudent et bien gérer chaque étape d’un projet. En Afrique, on pense parfois qu’une somme comme 500 millions de FCFA est suffisante pour réaliser un grand projet, mais dans la réalité, c’est l’argent nécessaire pour quelques camions et un bâtiment. Le reste du projet reste encore à construire.

Courage à ces jeunes qui ont des rêves fous et qui payent le prix de leur ambition. Ce qui ne tue pas rend plus fort.

Fotsing Nzodjou

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