Alors que le gouvernement y voit une mesure pour protéger la santé des consommateurs, mais également à lutter contre la fraude fiscale, la contrefaçon et la contrebande, les producteurs quant à eux n’y voit aucune valeur ajoutée.
Depuis quelques années, le gouvernement entend imposer aux sociétés brassicoles un programme de marquage fiscal des bières. Selon la Direction générale des impôts (DGI), la réforme annoncée devrait permettre de doper les recettes fiscales et douanières, en assurant la traçabilité et le contrôle de production des produits concernés.
Ce futur marquage permettra de renforcer l’équité fiscale, améliorer la compétitivité des entreprises locales, protéger la santé des consommateurs et la mise à la disposition des industriels, des solutions leur permettant de protéger et d’authentifier leur production. Un prestataire suisse du nom de Société Industrielle et Commerciale de Produits Alimentaires (Sicpa) a été recruté à cet effet.
Du côté des brasseurs, cette mesure n’est pas la bienvenue. « Le marquage fiscal se fait sur les produits à forte valeur ajoutée pour éviter les fraudes. Sur des médicaments, les spiritueux, les alcools forts. Sur les produits de consommation courante c’est très difficile notamment sur le marquage des bières. Surtout qu’on est dans un système déclaratif », affirme Emmanuel De Taily, Directeur général du groupe SABC. Il a été interrogé sur la question lors d’un échange à Yaoundé entre la presse et la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA).
Pour ce dirigeant de société brassicole, avec les vignettes sur les bières, « on est très loin de l’objectif initial de fraude et de contrefaçon sur lesquels nous sommes tout à fait transparent. Et faire du marquage fiscal sur des lignes de production de 4e génération où on tourne à 55.000 bouteilles à l’heure c’est juste impossible ».
En effet, instaurer un marquage fiscal effectué par un prestataire recruté par l’État devrait automatiquement pousser les brasseurs à abandonner le dispositif de marquage et de traçabilité sur lequel chacune des sociétés brassicoles a investi des moyens colossaux il y’a quelques années. Cela demande aussi de modifier la disposition des lignes de production acquises, afin d’intégrer les spécifications de l’appareillage du prestataire, supporter les pertes inhérentes aux phases d’installation et de test, ou encore supporter les coûts d’adaptation et de formation du personnel à l’usage et à la maîtrise de ces nouvelles technologies.
Les brasseurs réunis au sein de la CAPA mise sur la lutte contre le commerce illicite dans laquelle ils accompagnent déjà le gouvernement. Notamment la douane avec l’opération l’Halcomi (Halte au commerce illicite).
« On interagit également avec un certain nombre d’agences pour essayer de protéger l’industrie camerounaise, mais ne pas lui donner un handicap supplémentaire. On a déjà l’augmentation du prix des matières premières, du fret, du fuel… toutes nos industries sont totalement transparente dans ce système déclaratif des assises. En plus je n’y vois aucune valeur ajoutée », martèle Emmanuel De Taily.
Otric NGON