Les relations entre la France et le Burkina Faso continuent de se détériorer, avec la récente décision du gouvernement burkinabé d’expulser l’attaché militaire de l’ambassade de France à Ouagadougou. Accusé d' »activités subversives », l’attaché de défense, M. Emmanuel Pasquier, a été donné deux semaines pour quitter le pays. Cette expulsion est un nouveau signe de la dégradation des relations entre les deux pays depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré suite à un coup d’État militaire en septembre 2022.
Le gouvernement burkinabé n’a pas fourni de détails sur les « activités subversives » reprochées à M. Pasquier. Cependant, le ministère français des Affaires étrangères a réagi en qualifiant ces accusations d' »évidemment fantaisistes ». Il est important de souligner que l’expulsion de l’attaché militaire français s’inscrit dans un contexte plus large de désaccord entre les deux pays.
En mars, le Burkina Faso avait dénoncé un accord militaire de 1961 avec la France, et avait également exigé et obtenu le retrait de la force française « Sabre » du pays, qui faisait face à des violences djihadistes. De plus, le gouvernement burkinabé avait demandé le départ définitif de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires du pays. Cette série de mesures a contribué à un climat de méfiance et de tension entre les deux pays.
Dans une interview récente, le capitaine Traoré a exprimé sa frustration envers les dirigeants français, tout en précisant qu’il n’était pas en conflit avec le peuple français. Il a remis en question l’efficacité de la présence des soldats français au Burkina Faso dans la lutte contre le terrorisme et a exigé leur départ en janvier. Cette position a été soutenue par d’autres pays de la région du Sahel, tels que le Mali et le Niger, qui ont également adopté une posture opposée à la politique française dans la région.
Face à ces tensions, le Burkina Faso cherche à établir de nouvelles coopérations, notamment avec la Russie. Une délégation russe s’est récemment rendue à Ouagadougou pour discuter de questions de développement et de coopération militaire. De plus, le capitaine Traoré s’est rendu en juillet à Saint-Pétersbourg pour assister au sommet Russie-Afrique. Par ailleurs, la ministre des Affaires étrangères burkinabè, Olivia Rouamba, a manifesté récemment le souhait de renforcer la coopération bilatérale avec l’Iran.
Il est important de noter que le Burkina Faso, comme ses voisins le Mali et le Niger, est confronté à une spirale de violences perpétrées par des groupes jihadistes affiliés à l’État islamique et à Al-Qaïda depuis 2015. Ces violences ont fait de nombreuses victimes parmi la population civile et militaire, avec plus de 17 000 morts depuis 2015, dont plus de 6 000 depuis le début de l’année 2023, selon l’ONG Acled.
Dans ce contexte, il est essentiel que les deux pays trouvent un terrain d’entente et renouvellent leur coopération pour faire face à la menace terroriste qui pèse sur la région du Sahel. Une résolution pacifique des différends et une collaboration étroite entre la France et le Burkina Faso seraient bénéfiques pour la stabilité et la sécurité de la région. Il reste à voir comment les relations entre les deux pays évolueront dans les mois à venir.