C’était une bataille annoncée depuis plusieurs semaines, et elle a finalement abouti. Le Syndicat National des Footballeurs Camerounais (SYNAFOC), sous la direction de Gérémie Sorèle Njitap, a tenu sa promesse de porter plainte contre la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), dirigée par Samuel Eto’o, auprès de la FIFA. Cette décision fait suite à l’échec de la fédération à faire respecter une quinzaine de sentences rendues par ses propres organes juridictionnels, concernant les droits des joueurs.
En effet, la Chambre de Discipline de la FIFA a donné raison au SYNAFOC dans trois affaires impliquant les joueurs Junior Godstine Folhe, Boris Oum Mananga, et Pierre Varèze Zang Ngayene. La FECAFOOT a ainsi été condamnée à payer environ six millions de francs CFA en réparations. Cette victoire juridique marque un tournant dans la lutte du syndicat pour améliorer les conditions de travail des footballeurs camerounais, souvent victimes de mauvais traitements de la part des présidents de clubs, avec la complicité présumée de la fédération.
Le soutien initial du SYNAFOC à Samuel Eto’o lors de son élection à la présidence de la FECAFOOT s’est depuis transformé en un éloignement critique, ce qui a provoqué des tensions entre les deux anciens coéquipiers. Ces tensions ont culminé lorsque Samuel Eto’o a tenté de citer Gérémie Njitap à comparaître devant le Comité d’Éthique de la Fédération, une action finalement bloquée par la Confédération Africaine de Football (CAF).
Le conflit a pris une nouvelle tournure ce mercredi lors de la publication de la cinquième édition du Baromètre des salaires du SYNAFOC. Alors que l’événement devait se tenir à la Fondation Muna, des policiers en civil ont tenté d’interdire sa tenue, sans présenter de documents officiels. Malgré cette tentative d’intimidation, perçue par beaucoup comme une manœuvre d’Eto’o pour museler ses opposants, le SYNAFOC a pu aller de l’avant avec sa publication, révélant une situation alarmante sur les conditions de vie des footballeurs.
Selon les données dévoilées, le taux moyen de paiement des salaires s’établit à seulement 32% en Elite One, 15% en Elite Two, et 67% en Guinness Super League. Ces chiffres contrastent fortement avec les déclarations optimistes de la FECAFOOT et soulignent la précarité chronique des footballeurs camerounais.
Cette confrontation entre deux figures emblématiques du football camerounais, Gérémie Njitap et Samuel Eto’o, met en lumière les défis et les tensions qui secouent actuellement le sport roi au Cameroun.