Le secteur bananier de la Cameroon Development Corporation (CDC) est en plein essor après que le gouvernement a injecté quelque 59,8 milliards de francs CFA pour permettre à l’entreprise de se redresser.
Selon le rapport du premier trimestre 2025 publié par la direction de la CDC, en collaboration avec l’Association Bananière du Cameroun (ASSOBACAM), la CDC a exporté quelque 10 400 tonnes de bananes, soit le volume le plus élevé depuis 2018.
Les données, compilées par les experts de l’ASSOBACAM, confirment que cette croissance constitue la meilleure performance trimestrielle de l’entreprise depuis sept ans.
La dernière fois que la CDC a atteint ce niveau au premier trimestre, c’était en 2018, avec 11 631 tonnes expédiées. Plus tard cette année-là, l’entreprise a été contrainte de cesser ses activités en raison de l’escalade de la crise anglophone dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest.
Des groupes séparatistes armés ont pris le contrôle des plantations de la CDC, transformé certaines fermes en bases opérationnelles, détruit les infrastructures et tué du personnel. En septembre 2018, l’entreprise avait complètement cessé d’exporter des bananes », ont déclaré les analystes.
L’espoir a cependant été ravivé par l’intervention du gouvernement avec un plan de sauvetage impressionnant. Selon le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, le gouvernement est déterminé à garantir que la CDC poursuive ses activités dans toutes ses zones et assume sa juste position de deuxième employeur après l’État.
Dans un discours prononcé le 15 janvier 2025 à Buea, dans la région du Sud-Ouest, le ministre des Finances a déclaré que le gouvernement ne pouvait qu’intervenir pour alléger le lourd fardeau de la dette de l’entreprise.
Il a annoncé que l’État avait conclu un accord avec deux banques locales, la Société Générale et l’AGF Bank (anciennement Banque Atlantique Cameroun), pour la reprise et la restructuration des dettes sociales et salariales de la CDC.
« L’État, par le biais d’un accord de reprise de dette conclu avec les créanciers, a transféré la dette de la CDC, d’un montant de 59,8 milliards de francs CFA, aux deux banques. Ce montant comprenait 35,4 milliards de francs CFA de salaires impayés et 24,1 milliards de francs CFA de cotisations sociales. Dans le cadre de cet accord, 20 milliards de francs CFA ont été versés aux travailleurs en 2024, et les 15 milliards de francs CFA restants seront versés cette année. La dette fiscale de 31,8 milliards de francs CFA a été convertie en capital de la CDC », a précisé le ministre.
Il a également assuré qu’avec le versement des derniers salaires prévu en 2025 et la couverture de tous les arriérés de salaires à compter de juin 2023, la CDC pourrait enfin bénéficier du répit dont elle a besoin.
Un effort plus large est également en cours. Selon Paul Tasong, ministre délégué au ministère de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT), le gouvernement est actuellement en pourparlers avec des partenaires internationaux afin d’obtenir un financement supplémentaire pour la CDC.
Le retour à la normale de l’entreprise agroalimentaire est étroitement lié à l’amélioration de la sécurité dans la région du Sud-Ouest et au soutien renouvelé du gouvernement, unique actionnaire de la CDC. Depuis 2021, l’État s’efforce de stabiliser l’entreprise et de l’aider à se redresser.
La CDC a repris ses activités en juin 2020, après près de deux ans de fermeture. Mais la reprise a été lente. Au premier trimestre 2021, elle n’a exporté que 5 317 tonnes de bananes. Ce chiffre est tombé à 4 541 tonnes au premier trimestre 2022, puis est remonté à 7 289 tonnes en 2023 et à 7 712 tonnes en 2024.
Dépasser les 10 000 tonnes cette année témoigne d’un réel progrès, porté par le soutien indéfectible du gouvernement, qui a conduit à la réouverture progressive de la quasi-totalité des plantations bananières abandonnées par le CDC en 2021.