À la suite de la polémique qui a entouré l’attribution du Ballon d’Or, les médias ont relayé beaucoup de propos attribués au Real Madrid : « Pour nous le Ballon d’Or n’existe plus… Rupture totale avec le Ballon d’Or et l’UEFA.. ».
Par Martin Camus MIMB
Aussi banale que cela puisse paraître, ces mots trahissent quelque chose de plus profond et nous renvoient beaucoup de non-dits. Parce que le Ballon d’Or n’est pas attribué à un club. C’est là donc que survient l’autre question qui sonne comme une révélation : Quel rôle jouait le Real pour annoncer une « rupture »?
Dire que le club tourne le dos au Ballon d’Or veut dire quoi exactement ? Que le club ne va plus recruter des joueurs désignés Ballon d’or ? Qu’il va interdire à France Football de nominer les joueurs évoluant au Real Madrid ? Qu’ils ne mettront plus jamais pieds à cette cérémonie ? Quel est le contenu de ce « divorce » ou de cette « rupture »? Réfléchissons.
On ne peut pas proclamer un divorce s’il n’y avait pas mariage. Cela suppose donc le rôle du Real et de plusieurs clubs, est d’exercer des lobbying pour le sâcre de leurs joueurs et cela représente forcément un investissement. Sinon quel problème cela pourrait poser à l’organisateur qu’un invité ne vienne pas et qui en plus n’a pas l’assurance que ses joueurs auront la même importance à la prochaine cérémonie ?
En fait le Real est le club qui a fait du Ballon d’Or ou des potentiels Ballon d’Or, son baromètre de recrutement. Parce que dans la logique de Perez, les meilleurs doivent absolument être au Réal. Souvenez-vous que l’un des arguments de recrutement de Mbappé au Real entretenu par la presse madrilène, était la porte ouverte au Ballon d’Or qu’il espère tant.
Le sacre esperé de Vinicius, Bellingham ou Carvajal, participe à cette logique de démontrer à tous, que le club est une usine d’attribution du Ballon d’Or, une tribune pour l’avoir avec assurance. La colère consécutive était donc à la hauteur du plomb que cette vision prenait dans les ailes.
Cela suppose et même si France Football ne le dit pas, que l’une des clause d’attribution, est l’assurance d’avoir un service après-vente de promotion du label Ballon d’Or. Le Real qui en avait fait une politique, le lui rendait bien et tout le monde était gagnant. Entendu que tous les autres clubs coopèrent de la même façon , mais à une échelle moindre que le Real. D’où les phrases de menaces teintées de chantage « rupture totale… n’existe plus pour nous… ».
Entre partenaires ils se comprennent. Souvenez-vous que le Real était l’un des rares clubs qui après l’attribution de la distinction à l’un de ses joueurs, allait jusqu’à faire avec l’équipementier, un maillot collector de célébration. C’est du business.
Au commencement du Ballon d’or était le Real: Di Stefano deux fois, Kopa sur les quatre premières éditions. Et le concept des Galactiques était quasiment adossé sur le Ballon d’Or. À défaut de l’avoir en étant joueur, le Real les recrutait systématiquement dès qu’on le leur attribuait. Kaka Ballon d’Or 2007, recruté au Réal en 2009.
Cannavaro Ballon d’Or en 2006, recruté la même année au Real. Ronaldo Ballon d’Or en 2002, recruté la même année au Real. Figo Ballon d’Or 2000, recruté la même année au Real malgré son passé barcelonais. Zidane Ballon d’or 1998, atterri deux ans plus tard au Réal. CR7 Ballon d’Or 2008 et l’année suivante il va au Real.
Toute la politique du club tourne donc autour de ce principe. C’est à se demander si dans les négociations de transfert, il n’y a pas cette garantie, connue même de France Football. Quand le Real parle du « manque de respect », désolé ça ne peut pas simplement être lié à Vinicius.
Messi avait parfois été préféré à Cristiano et cela ne faisait pas autant de vague. La lune de miel sécrète et vieille entre le Real et France Football, a connu une infidélité que les tourtereaux ne veulent pas expliquer en détail.
