Ceci est une histoire vraie. Aucun rapport avec la fiction. Le 27 juillet dernier, quatre chiens ont broyé la jeune Cynthia Moukete Dobe. Et de cet assaut groupé, la petite fille de 7 ans a récolté la mort.
La scène macabre se joue à Muyuka, village anonyme jusque-là, et depuis lors devenu tristement célèbre. Il est situé dans l’arrondissement de Mbanga, département du Moungo. Le Cameroun tout entier est sous le choc. La région du Littoral en particulier a de la peine à dissimuler sa consternation. Les autorités compétentes vont certainement élucider les circonstances de ce drame qui a livré la vie d’une jeune camerounaise aux chiens. Les récits des médias et des réseaux sociaux sont cependant choquants. Le narratif des riverains laisse songeur.
En effet, suite à cette agression, on rapporte que le propriétaire du domicile dans lequel la boucherie a eu lieu aurait beaucoup plus pleuré ses cadors, assommés à coups de gourdins par une population en furie, que pour la vie de la jeune enfant. L’enquête ouverte établira sans nul doute les responsabilités des uns et des autres.
Avec cette agression sauvage, le chien mérite-t-il encore toute la confiance qui lui est faite ? Est-il encore indiqué de présenter le chien comme le fidèle compagnon de l’homme ? N’est-il pas plus honnête de désigner le chien comme infidèle compagnon ? La tentation est bien grande. Le drame de Mbanga met en fait en lumière plusieurs niveaux de responsabilités. Celle du propriétaire de la meute qui a massacré l’enfant, celle du gardien et certainement dresseur et la responsabilité de la société. D’ordinaire, le chien a plutôt bonne réputation. Il est même depuis les temps anciens, un membre de la famille à part entière.
Les anecdotes sur les exploits du chien lors des parties de chasse, la sécurisation des propriétés, les secours et même la sécurité des personnes et des biens ne se comptent plus. Dans un monde exposé à diverses formes de criminalité, le chien a un tableau de chasse éloquent en matière de détection des drogues et stupéfiants voire des engins explosifs. Dans certains cas de figure, le chien seconde même ses maîtres en faisant les tâches qui lui sont assignées. Il est même la marque de fabrique de certaines célébrités.
Les artistes, les hommes politiques, bref les grands de ce monde ont leurs habitudes avec cet animal hors du commun. Labrador, Pittbul, Berger allemand, Berger malinois, Caniche, Rottweiler… sont quelques races bien en vue chez ce descendant du loup. Le chien, ami de l’homme, n’aurait pas mérité cette appellation si cet animal de compagnie n’avait pas suivi un dressage. Quoique jugé intelligent, le chien a besoin d’être moulé, dressé par son maître pour bien se tenir dans une société civilisée et ne pas retourner à sa nature de prédateur féroce.
Cette allusion est faite ici pour dire que le chien, malgré son apparence dissuasive, peut être aussi doux qu’un agneau si on en prend soin. Surtout quand c’est un chien de race. Il peut être affectueux, malgré ses crocs acérés, sa musculation développée et sa mâchoire surpuissante. Il faut tout simplement que son propriétaire, son dresseur et la société intègrent que malgré un processus de socialisation avéré, on doit s’entourer de précaution pour que cet animal de compagnie ne crée pas de problème à l’homme et à son environnement immédiat.
En clair, on doit faire attention à l’éducation du chien. Bien dressé, il est fidèle et doué pour obéir, suivre les ordres. Il devient alors un bon chien de garde. On a l’écho des prouesses de ces molosses lorsqu’ils tiennent compagnie à un visiteur installé au salon en l’absence du maître de céans.
Le plus souvent, le visiteur est tenu à l’œil par le chien qui ne lui demande rien. En cas de mouvement incontrôlé, du genre, prise en mains de la télécommande, votre statut change de visiteur à voleur et le chien vous immobilise en attendant que le maître des lieux vienne vous libérer de son étreinte.
Voilà un exemple de bonne éducation. Mais si par contre, on brusque le chien, on ne le balade pas, s’il ne reçoit pas son repas à temps, s’il n’est même pas souvent vacciné contre la rage et bien d’autres pathologies, il peut devenir dangereux et incontrôlable.
Le drame de Mbanga est tout, sauf banal. Il doit nous amener à reconsidérer notre cohabitation avec le chien, ce fidèle compagnon. On doit prendre toutes les dispositions pour vivre avec cet animal de compagnie comme avec les être humains. Surtout que du point de vue de la loi, le propriétaire d’un animal de compagnie est responsable des dommages que l’animal a causés.
En plus de la vigilance accrue en rapport avec l’origine génétique du chien, il faut que nos habitudes changent. Les contraintes de la société moderne nous imposent cet arrimage. Il n’est pas mal venu que tout propriétaire de chien souscrive une assurance responsabilité civile.
Que les services municipaux fassent leur part en délivrant comme ailleurs des permis de détention à tout propriétaire de chien ; en plus de faire obligation de tenir votre chien en laisse et lui mettre la muselière sur la voie publique. En prenant ces précautions, on évitera d’autres drames. L’idéal étant, in fine, de ne pas avoir peur du chien, mais de son maître.
Par Armand ESSOGO