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Violence à l’école : une allergie collective à la discipline

Telle est à l’évidence, la racine du mal qui sévit dans les établissements du pays. Aussi bien les autorités académiques, les élèves et les parents sont concernés.

Commençons par interroger les errements des responsabilités des acteurs chargés d’éduquer ou d’enseigner nos enfants. On n’a pas besoin de faire toute une littérature pour expliciter le malaise ou le mal être qui anime le corps enseignant. La grève de 5 semaines que ces seigneurs de la craie ont imposée à la communauté nationale pour se faire payer ses droits en dit long sur la profondeur du mal.

C’est avouer aussi, qu’on le veuille ou non, que l’essentiel de nos enseignants ont perdu depuis des lustres leur autorité sur nos enfants, certainement par le fait de se présenter tout le temps devant eux comme des pauvres, des sans dents affamés, laissés à leur triste sort. C’est connu, l’enseignant, pour faire passer son message doit avant tout se présenter comme un modèle à suivre dans la matière qu’il dispense, en exposant à ses élèves bien évidemment qu’il professe ex cathedra, en véritable maître dont le sujet n’a que très peu de secret.

Or là, c’est un aspect. Comment le maître sera-t-il maître s’il ne revêt pas les apparemment et les attributs du maître ? Comment le professeur va-t-il s’imposer comme nous l’entendons si son accoutrement à tout au moins n’est pas décent ? Comment l’enseignant va-t-il se retrouver en train d’acheter les beignets de la vendeuse du coin avec ses élèves ? Tout ceci expose l’étendue de la dégradation du climat de sérénité, de confiance en soi que des enseignants peuvent entretenir. On ne va pas de sitôt oublier la collusion sexuelle entre le professeur d’espagnol et son élève en classe de 1ère qui s’est soldée par une grossesse.

C’est dire combien, même si certaines enseignantes ont les moyens de bien se mettre, elles vautrent complaisamment dans les bassesses avec les enfants qu’elles sont supposées encadrer. Dans ce dessin de la psychologie qui peut animer l’enseignant, que peut-on attendre de lui sur le plan du rendement? Dans cette fragilisation, le maître pris dans la globalité, sera prompt à violer les lois qui encadrent la déontologie.

Ainsi, la vente des notes, les notes sexuellement transmissibles, le copinage avec les élèves ou l’implication dans les trafics les plus insoupçonnés sont à sa porte. Il faut donc dire, qu’en réalité, l’enseignant n’est lui-même qu’une victime du système dirigeant. C’est le refus, ou l’incapacité du gouvernement à payer les droits de l’enseignant qui entraînent une telle situation. En réalité, c’est donc le refus du respect de la loi, des droits des uns et des autres, et donc l’indiscipline qui jette le désordre au sein de l’école.

Maintenant que par exemple que le gouvernement est en train de payer ces droits, on s’attend à ce qu’il soit intransigeant sur le respect des normes qui encadrent le bon fonctionnement de l’école. Une tolérance zéro dans l’obligation pour les uns et les autres de respecter la loi. Sur ce point par exemple, comment expliquer la facilité des élèves à entrer dans l’enceinte de l’école avec les couteaux, dagues et poignards ?

Les élèves au cœur de l’indiscipline

Comme démontré plus haut, les élèves sont les premières victimes de la précarité ou de la clochardisation des enseignants. Ce n’est pas une affirmation absolue car l’indiscipline des apprenants n’est pas liée uniquement aux errements des enseignants.

Si les autorités scolaires montrent aux écoliers quelques défaillances disciplinaires, qu’importe la cause, il va de soi que ces derniers vont chercher à exploiter au maximum cette lacune, ce trou d’air pour violer les règles qui encadrent la bonne marche de l’école. On peut de ce fait soupçonner que le transport des armes blanches à l’école par les élèves n’est pas anodin.

Ces outils sont là non pas pour tuer ou blesser au premier chef les encadreurs ou les professeurs, mais pour l’autoprotection ou l’attaque de certains élèves engagés dans les trafics. Les gangs portent les armes pour protéger leur territoire, pour défendre leur bizness. L’école de ce fait étant devenue un haut lieu de vente de la drogue et autres, il n’est donc pas étonnant que les dealers s’arment de poignards au cas où. Et si on va plus loin, on verra bien que les patrons sont bien installés, à l’abri de tout soupçon.

A côté de ceci, il y a des phénomènes comme le proxénétisme ambiant. On a vu ces derniers temps des bandes de jeunes gens qui ont loué des maisons pour s’y adonner à des débats sexuels filmés, à de la consommation de drogues et autres.

Pire encore, des vidéos érotiques si ce n’est pornographiques sont tournées même dans les salles de classe et postées sans scrupules par ces jeunes écoliers sur la toile. Comme on le voit, l’appétit du gain à l’école, la compétition entre les élèves non plus sur le champ des connaissances, est une réalité. Le jeu de cartes, pour ne pas dire le poker est un fait.

C’est donc un acquis que nos établissements scolaires ont une face cachée qui échappe aux autorités dans l’ensemble mais d’où certains véreux y tirent un certain gain. Qu’on se souvienne de cette maman surprise en train de vendre du Tramadol aux enfants dans l’enceinte d’une école. Sur ce fait, très peu de surveillants démentiront ici que des élèves consomment une variété de drogues au sein du campus scolaire.

Très peu de surveillants nieront ici qu’ils ont peur de certains élèves qui visiblement sont des membres des gangs bien installés à l’école. Pour avoir une idée un peu précise de ces affirmations, il suffit de faire un tour dans les débits de boisson qui jouxtent les établissements scolaires pour constater, les vendredis soirs au sortir des cours, la dimension des dépenses et de la consommation d’alcool de nos jeunes gens.

Encore là une fois de plus, l’allergie des pouvoirs de respecter la loi qui encadre l’ouverture des débits de boisson est indexée. Aussi, combien d’élèves ont été sanctionnés de manière exemplaire pour dissuader autant faire que ce peut, pour limiter au maximum les dégâts ? Combien d’enfants sont surpris en train de violer les filles dans les toilettes et qui ne sont pas punis parce que le parent est venu convaincre avec des moyens appropriés les dirigeants ?

L’indiscipline parentale

Les parents ne sont pas sans actions notoires dans l’addition des faits d’indisciplines qui éclatent et éclaboussent l’école aujourd’hui. Les parents, même s’ils envoient les enfants à l’école, donnent les signes manifestes qu’ils ne croient pas trop à l’école, qu’ils n’ont pas foi à l’école camerounaise du fait du nombre élevé des chômeurs qu’elle fabrique. Les enfants semblent être envoyés à l’école non pour être enseignés et éduqués, mais pour obtenir des diplômes qui permettront d’obtenir un éventuel emploi.

Le sort connu par les enseignants ces derniers temps est venu conforter la pensée collective qui veut que tous les parents lorgnent prioritairement du côté de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature pour placer leurs enfants. A l’école, la question du mérite semble avoir disparu des attentes. L’essentiel est d’avoir le diplôme avant tout et on se préoccupe très peu du niveau réel des connaissances acquises, comment l’élève a opéré pour l’obtenir.

La violence et l’indiscipline à l’école est entretenue sur un pan essentiel par les parents qui non seulement ont démissionné dans leur rôle de partenaires d’encadrement des enfants, mais aussi dès qu’ils y sont, c’est juste pour fragiliser à leur manière l’autorité des encadreurs à l’école. Combien de parents répondent aux invitations de l’école pour un bilan du comportement des enfants ? Combien de parents ne viennent pas à l’école pour essayer de corrompre l’administration sur les défaillances scolaires et disciplinaires de leurs enfants ?

Combien de parents ne traînent pas à l’école leurs titres et fonctions pour influencer les enseignants ? On se souvient de cet homme en tenue qui est allé récemment à Bafoussam frapper la maîtresse tout simplement parce qu’elle avait corrigé son fils. Les parents de par leur position sociale rendent leurs enfants orgueilleux, irrespectueux et méprisants vis-à-vis de la discipline scolaire.

En définitive, la violence rampante au sein de notre école, qui est fille de l’indiscipline, est entretenue par tous les acteurs de la chaîne, à savoir les pouvoirs publics, les responsables des établissements scolaires, les élèves eux-mêmes et les parents pour ne pas citer l’influence de la rue.

Le Messager

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