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Traditions et modernités : le Carnaval de Foumban s’internationalise

Le jour de Pan, tout Foumban et sa région étalent dans les rues de la cité des arts pour magnifier un legs du Dr Adamaou Ndam Njoya, initié il y a de cela trente ans.

Combien étaient-ils dans la rue, à la queue leu leu de la Porte d’entrée de la ville de Foumban jusqu’à la résidence de Njinka, sans discontinuer, d’un trait. Combien de dizaines de milliers étaient-ils ? Cinquante ou soixante ?

Difficile de se prononcer sur le nombre exact de cette marée humaine qui en apparence de loin ressemble à une cohue, mais combien disciplinée dès qu’on s’en approche. A la manette, une dame, Patricia Tomaïno Ndam Njoya ! Elle dont la famille udéciste, à l’unanimité l’a portée au perchoir, il y a tout juste quelque mois, vient de faire d’un coup d’essai un coup de maître.

Depuis le rappel à Dieu du Dr Adamou Ndam Njoya, très peu d’observateurs auraient parié une telle mobilisation en l’absence du président-fondateur. Tout commence en début d’après-midi, quand le maître des céans, tout de noir vêtu, avec des grains de café murs et verts sertis sur sa grande robe qui scintillent au loin telles des perles rares. Elle sort de la mairie et amorce sa longue procession à pied vers la Porte d’entrée.

Trois à quatre km à pied pour saluer les différentes délégations qui s’entassent le long de l’axe principal de la ville de Foumban. C’est dans les clameurs et les youyous qu’elle est accueillie au niveau de chaque délégation, avec sa spécificité. Les tenues d’apparat, les sons et les couleurs, les danses rythmées et chaloupées sont au menu de la grande procession jusqu’à la porte d’entrée. Une fois qu’elle y est, le Carnaval peut s’ébranler vers la résidence de Njinka.

En tête, un carré dédié à la Can, porte fièrement les 24 drapeaux des pays qualifiés à jouer le plus prestigieux tournoi du football africain. Acte sublime de patriotisme, car c’est passé le temps où les élus du Noun s’offusquaient d’être laissés sur le banc de touche par l’Etat du Cameroun. Ils l’ont surmonté avec courage et stoïcisme pour se porter vers l’essentiel. Personne n’ignore que le départe ment n’a bénéficié d’aucune infrastructure dans le cadre de cette compétition.

« C’est un grand rendez-vous qui depuis 30 ans aujourd’hui, anime les rues de Foumban chaque jour de l’an. Le président fondateur l’a voulu ainsi ! C’est lui qui a initié le Carnaval, celui qui va rester notre président pour l’éternité, le Dr Adamou Ndam Njoya. Il disait toujours qu’il fallait créer de nouvelles traditions, et je pense que cela était important à ses yeux.

« Le Carnaval est une mani’festati’on solide de ce que la création, l’innovation, d’un être humain, animé par la volonté de faire vivre une communauté, de faire ressortir la diversité, de faire ressortir les riches potentialités d’un ensemble de populations qui sont unies par l’appartenance, la croyance, aux mêmes valeurs », explicite l’édile de la ville de Foumban qui se distingue au loin avec un chignon sur lequel repose admirablement une branche de café avec des graines.

Une fête des spécificités

Une autre curiosité de cette grande procession culturelle, est la liberté donnée à chaque « carnavatier », d’extérioriser son ressenti et son vécu. Toutes les couleurs, toutes les coupes y passent en matière d’habillement. En toute liberté.

Aujourd’hui, explique par exemple Patricia Ndam Njoya, j’ai choisi le thème de la nature, parce que dans les mairies que l’Union démocratique du Cameroun a remporté, la politique défendue dans le Conseil régional ou à l’Assemblée nationale, se préoccupe de la protection de l’environnement.

« Voilà pourquoi j’ai choisi d’être avec la nature, pour le respect de la biodiversité. En réalité, la Caravane de Foumban, telle que voulu par son initiateur, est une journée d’amour, c’est une journée de paix. Le Dr Adamou Ndam Njoya l’a voulu ainsi pour que nous soyons en toute liberté pour qu’il n’y ait pas d’un côté des personnes qui sont assises sur une tribune pour voir les autres défiler. Chacun de nous est spectateur et acteur », se réjouit l’édile de la ville.

Dans un autre carré, au-devant, trois hommes, torse nu comme il convient aux pêcheurs, portent de grosses silures fraîchement capturées. Une attraction ! Il y a aussi des tenues propres aux guérisseurs et autres praticiens des sciences traditionnelles. On les distingue par leurs perruques, leurs cannes ou leurs tenues sur lesquelles sont brodés des cauris, des coquillages ou des coquilles d’escargot.

Cette année, la présidente des Syndicats du Noun, a reconnu qu’au-delà des populations de Foumban, le Carnaval est devenu un rendez-vous international « parce que nous avons des personnes qui nous viennent du monde entier, d’Afrique du Sud, d’Afrique du nord, d’Afrique centrale à l’instar du Gabon, de l’Europe, des Etats- Unis, bref de l’Occident ».

L’esprit de cette grande procession, faut-il l’avouer, c’est les chants, c’est les danses, c’est l’expression artistique et culturelle dont regorge le Noun. «Vous avez vu les tenues, car nous avons voulu mettre en exergue cette capacité que chacun a, de s’extérioriser de par ce qui /’anime à l’intérieur », ajoute-t-elle.

Le long cortège est fait de plusieurs dizaines de carrés dont chacun est une originalité en fonction de la localité. Il y a des localités où il y a des produits agricoles, dans ce cas ils défilent avec les meilleurs produits qu’ils ont sélectionnés. Dans les rangs, on découvre aussi des inventions.

« Nous avons souvent vu des espèces de voiture inventées, qui sont comme des charrettes. Pour nous, c’est /’expression de la créativité que nous voulons exalter ce jour », se réjouit la présidente nationale de l’Udc au cœur de l’événement.

Le Messager

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