fbpx

Cameroun Actuel

Qui est Breel Embolo, l’homme qui aurait pu être dans le camp d’en face ?

Joueur de Monaco depuis l’été dernier, Breel Embolo sera ce jeudi au cœur de l’entrée en lice de la Suisse lors de la Coupe du monde au Qatar. Natif du Cameroun, où il a gardé de fortes attaches, l’attaquant helvète retrouve sur sa route son pays d’origine, qu’il aurait pu choisir de représenter. Avec la certitude de vivre « des émotions spéciales ».

La phrase date d’il y a un peu plus de huit ans, en octobre 2014. Sur le site toutlemondesenfoot.fr, dans une série intitulée Les Suisses de demain, l’auteur se prend à rêver: « Je vois bien Breel Donald Embolo marquer le but décisif de la Suisse en finale de la Coupe du monde 2022… face au Cameroun! » S’il faudrait un énorme concours de circonstances pour voir ça, à commencer par sortir le favori brésilien au premier tour, la chose pourrait bien arriver au premier tour. Et cela aurait forcément un goût très particulier pour l’intéressé.

Attaquant de l’AS Monaco depuis l’été dernier, Breel Embolo va vivre un moment à part ce jeudi à l’occasion du match Suisse-Cameroun, entrée en lice des deux équipes dans le groupe G de la Coupe du monde au Qatar. « Je vais vivre des émotions spéciales, c’est sûr, confirme-t-il en conférence de presse. Je vais devoir les gérer. » Raison? Le joueur suisse aurait pu évoluer dans le camp d’en face.

Natif du Cameroun, la capitale Yaoundé pour être précis, ce neveu d’un chanteur local de bikutsi très populaire (disque d’or) du nom de scène Zélé le Bombardier, qui a aidé sa famille à sortir de la pauvreté et ainsi permis l’installation de Breel et des siens en Europe, débarque dans son pays d’adoption quand il a six ans et va grandir dans la région bâloise.

Après des premiers pas au Nordstern BS, où il joue pendant deux ans, Embolo rejoint le plus huppé BSC Old Boys pour deux saisons avant d’intégrer le centre de formation du prestigieux FC Bâle. Où son talent fait vite parler de lui. L’avant-centre signe son premier contrat pro quelques mois après son seizième anniversaire, à l’été 2013, année où il est élu « meilleur jeune » du club. Quelques mois plus tard, en mars 2014, il fait ses débuts en équipe première – une petite minute de jeu – lors d’un huitième de finale aller de Ligue Europa contre le RB Salzbourg. La machine est lancée.

Trois jours plus tard, lancé à la 85e minute pour son premier match en Super League suisse, Embolo signe un gros raté avant de faire trembler les filets quatre minutes après son entrée en jeu. Celui que beaucoup comparent alors à un certain Mario Balotelli ne marquera aucun autre but cette saison-là mais connaîtra sa première titularisation lors de la dernière journée de championnat. Le départ de coach Murat Yakin, qui croyait beaucoup en lui, ne changera rien.

Son remplaçant, Paulo Sousa, le met lui aussi dans ses petits papiers et lui offre vite des titularisations en Ligue des champions (la première contre Liverpool, rien que ça, avant un premier but européen contre Ludogorets) comme en Super League, où il boucle l’exercice avec 10 buts et 7 passes décisives.

Déjà incontournable dans un des plus grands clubs suisses avant même sa majorité, Embolo doit à cette époque faire face à un choix ultra important pour l’avenir et connu par de nombreux binationaux. Suisse ou Cameroun? Nati ou Lions indomptables?

A l’automne 2014, celui qui a déjà évolué dans les équipes nationales suisses de jeunes ne bénéficie pas encore de la nationalité de son pays d’adoption. De quoi attiser la curiosité du coach camerounais, Volker Finke, qui commence à lui faire la cour. En décembre 2014, alors que le FC Bâle se qualifie pour les huitièmes de la C1 après un nul sur la pelouse des Reds, il reçoit enfin son passeport suisse. Alors qu’il vient de prolonger dans son club jusqu’à 2017 malgré l’intérêt de plusieurs grands d’Europe, ce bilingue français-allemand s’accorde un temps de réflexion pour choisir sa sélection.

, Cameroun Actuel
Le Monégasque Breel Embolo face à Nantes © AFP

« J’avais 17 ans et c’était compliqué, se souvient-il dans une interview au site Get French Football News. J’ai repoussé ma décision de quelques mois. On m’a offert l’opportunité de rejoindre l’équipe du Cameroun et ce n’était pas un choix facile mais ma famille l’a respecté, ce qui était le plus important. » Vladimir Petkivic, le sélectionneur suisse, qui vient de gérer une situation similaire avec François Moubandje (natif de Douala mais qui choisit d’évoluer avec la Nati), s’entretient avec lui pour le convaincre définitivement.

« Quand j’ai choisi de jouer pour la Suisse, il y avait toujours une part de moi qui voulait représenter mon pays natal, explique-t-il. Mais vous ne pouvez pas faire comme en club et jouer pour deux pays. Je suis très heureux de mon choix et je reste le plus grand fan du Cameroun. J’ai beaucoup d’amis dans cette équipe. On se voit parfois en vacances ou au pays. »

Embolo fait ses débuts en équipe A suisse fin mars 2015 lors d’un match amical face aux Etats-Unis… mais pas dans la rencontre qualificative à l’Euro 2016 disputée quatre jours plus tôt contre l’Estonie, pour laquelle il n’est même pas sur le banc. Comme s’il persistait un doute dans sa tête sur son choix. Il sera balayé en juin 2015 avec sa première participation à un match officiel, en Lituanie, toujours dans le cadre des éliminatoires pour l’Euro.

Une très bonne nouvelle pour les fans suisses, fans de sa joie de vivre mais surtout des jambes de feu de cet attaquant au physique imposant (1,87m, 88 kg) qui peut occuper tous les postes offensifs même s’il est plus à l’aise dans l’axe. La suite en fera un pilier de la Nati, pour laquelle il compte aujourd’hui 59 sélections (et 11 buts).

Il participe à l’Euro 2016 en France, où il reste vierge de but et/ou de passe décisive en quatre matches, avant de disputer sa première Coupe du monde en 2018 en Russie avec un but contre le Costa Rica dans la phase de groupes pour sa seule titularisation du tournoi.

Entretemps, et après 31 buts et 22 passes décisives en 91 apparitions sous le maillot de Bâle, Embolo rejoint l’Allemagne, où il va passer trois saisons à Schalke 04 (12 buts et 9 passes décisives en 61 matches) après un transfert à 26 millions d’euros avant de passer trois autres années au Borussia Mönchengladbach, où son efficacité se fait ressentir (25 buts et 20 passes décisives en 106 apparitions). Un parcours en club poursuivi depuis l’été dernier à Monaco, où il continue de s’épanouir avec 8 buts, dont 7 en Ligue 1, et 4 passes décisives en 23 matches après être arrivé contre un chèque de 12,5 millions d’euros.

Après un Euro 2020 (joué en 2021) où il fait trembler les filets dans le premier match face aux Gallois avant de rester muet, se blessant lors du quart contre l’Espagne après être sorti en fin de match face aux Bleus en huitième, le natif de Yaoundé s’apprête à disputer au Qatar son quatrième grand tournoi international et son deuxième Mondial.

Avec en cerise sur le gâteau ce match si particulier contre le Cameroun, où il garde des attaches fortes. « Je suis toujours très proche du pays, détaille-t-il sur le site Get French Football News. La plupart de ma famille vit là-bas. J’essaie d’y retourner une ou deux fois par an pour garder ce lien. Il est important pour moi de ne pas oublier d’où je viens. »

Une affiche qui a poussé certains supporters des Lions à revenir critiquer son choix de sélection sur les réseaux sociaux. « C’est normal, estime Embolo. Les choses sont pourtant claires depuis toujours. C’était un choix pour la Suisse, pas contre le Cameroun. »

Avant ces retrouvailles, l’attaquant monégasque tente de ne pas trop s’en faire une montagne sans pour autant se cacher: « Au moment du tirage, je n’ai pas sauté de joie mais j’étais heureux. (…) Les émotions seront là. Un match de Coupe du monde, ce n’est pas rien, surtout contre le pays où je suis né. Mais je le prends comme un match comme les autres. Je vais me préparer normalement. Je ressens de la pression, oui, mais c’est une pression positive. (…) Mes parents devraient être là. Pour ma famille, celle du Cameroun et celle de Suisse, ce match est aussi quelque chose de spécial. » A 25 ans, Embolo compte peser bien plus que lors de sa première Coupe du monde. « J’ai un autre rôle, plus axial. Et j’ai surtout gagné en expérience. »

L’homme qui aurait pu être accompagné au Qatar par le Lorientais Yvon Mvogo, autre international suisse né à Yaoundé malheureusement absent sur blessure, devra le montrer dès cette première sortie face à une nation si importante pour lui. Un pronostic, peut-être? « Prétendre que la Suisse est supérieure au Cameroun n’est pas juste, lance-t-il comme une piqûre de rappel à ses coéquipiers. Ce sont deux équipes aux caractéristiques différentes mais qui veulent toute les deux gagner. (…) Le premier match est toujours le plus important. Il peut lancer une dynamique. Il est très important de prendre les trois points et c’est ce que nous voulons faire. »Pour y parvenir, les Suisses compteront en grande partie sur les qualités de leur avant-centre. Qui ne célébrera sans doute pas outre mesure un but face au Cameroun. Sauf si cela se reproduit en finale, bien sûr…

RMC Sport

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dernières nouvelles

Suivez-nous !

Lire aussi