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Pour le sociologue Sebastian Roché « Les effets d’un mauvais maintien de l’ordre sont très corrosifs pour la démocratie »

Auteur d’une étude publiée chez Grasset en 2022, La nation inachevée, la jeunesse face à l’école et à la police, le sociologue Sébastien Roché, directeur de recherche au CNRS, analyse l’instrumentalisation actuelle des violences policières par le gouvernement pour mater l’opposition populaire à sa réforme des retraites.

La violence policière est-elle le résultat d’une perte de contrôle du pouvoir ou d’une stratégie délibérée d’intimidation ?

Les deux. Politiquement, nous assistons à une perte de contrôle. Le gouvernement s’est placé en situation de crise en décidant d’écourter le débat sur la réforme des retraites qui aurait pu durer plus longtemps avec une sortie plus honorable. Politiquement, c’est un gouvernement en perte d’autorité. Il ne dispose pas de la majorité absolue à l’Assemblée et sa réforme est massivement rejetée dans le pays, notamment parmi les ouvriers. Face à cette perte d’autorité, il choisit la contrainte. Cela transparaît clairement dans le discours d’Emmanuel Macron, lorsqu’il parle de faction et de rébellion, induisant l’idée de l’illégitimité des manifestations de rue, contre toute évidence politique, historique et juridique. Le droit de manifester est un droit fondamental. Ce choix politique s’exprime principalement de deux manières. D’abord, en mettant en première ligne les Brigades de répression des violences motorisées (Brav-M) et les Brigades anti-criminalité (Bac). Ce sont des unités qui servent à aller au corps à corps et à faire, en théorie, des arrestations mais en gros, elles servent surtout à intimider. On le voit notamment en ce qui concerne les journalistes et tous ceux qui prennent des vidéos. Les personnes qui filment sont menacées, battues, leur matériel est cassé…

On ne peut pas contrôler la situation mais on va quand même essayer de contrôler les images…

En effet, même si c’est complètement futile. L’autre aspect est la stratégie de pièges et d’arrestations massives revendiquée, d’ailleurs, par le ministre de l’Intérieur lorsqu’il déclare que se rassembler dans la rue est un délit. C’est bien sûr juridiquement une erreur mais ce faisant, il qualifie de délit politique le fait d’être dans la rue. Ceci explique le caractère indéterminé des actions policières menées actuellement. Le pouvoir dévoile sa stratégie de manière très transparente : nous effrayons et arrêtons le plus de monde possible. C’est une punition même s’il n’y a pas d’infraction à la loi. C’est d’ailleurs complètement irresponsable juridiquement. Personne ne peut se retourner contre lui. A la suite d’une arrestation et d’une privation de liberté, dans le cadre d’une garde à vue levée après 24 heures, il n’y a pas de recours judiciaire. Il n’y aura aucune sanction pour personne. La seule sanction possible est l’urne. Le ministre y est complètement immunisé. Il dit,…

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