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Pénurie de carburant : l’accalmie obtenue pourrait n’être que de courte durée

Avec un besoin moyen de 1 000 000 de litres de carburants en situation normale pour la seule capitale politique, les quantités cumulées de litres de carburants livrées pour juguler les pénuries constatées depuis le 11 juillet 2022, vont s’épuiser dans quelques jours.

Suite aux perturbations observées depuis quelques jours dans l’approvisionnement en produits pétroliers, des dispositions spécifiques ont été prises pour régler la situation. En effet, selon le Ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee) Gaston Eloundou Essomba, un navire a déchargé le 18 juillet 2022, 13 millions de litres de super.

Le 20 juillet 2022, un autre navire a été mis en déchargement : soit 8,5 millions de litres de gasoil et 2,5 millions de litres de pétrole. Il est important de relever que 1 459 000 de litres de carburant ont été transférés le 19 juillet à Yaoundé qui disposait déjà d’un stock initial de 250 000 litres.

Donc en clair, depuis le 19 juillet 2022, le dépôt de Yaoundé a reçu environ 1,6 millions de litres et a mis sur le marché 1 263 000 litres de carburant. Le 20 juillet 2022, 2 049 000 litres ont été transférés à Yaoundé. Le besoin journalier en carburant pour la ville de Yaoundé s’évalue à 1 million de litres de carburants en situation normale.

Mais avec les perturbations observées ces derniers jours, les consommateurs ont revu leur consommation à la hausse. Cependant le Minee avait indiqué dans son communiqué du 11 juillet 2022, que 28 000 m3 de Super, 22 000 m3 de Gasoil et 12 500 m3 de Jet Al sont en cours de déchargement et seront progressivement mis à la consommation.

Par ailleurs, 88 000 m3 de Gasoil et 35 000 m3 de Super sont d’ores et déjà disponibles, soit un total de 185,500 m3 (185 500 000 litres) de carburants. Si la seule ville de Yaoundé consomme en moyenne 1 million de litre de carburants soit 30 millions par mois, il va s’en dire que si ces 185 500 m3 de carburants étaient destinés à la seule capitale de Yaoundé, cette quantité s’épuiserait au bout de 6 mois. Mais en fait, les stocks annoncés sont pour tout le pays.

Cette quantité ne pourrait excéder 45 jours dans le meilleur des cas. La pénurie récemment jugulée pourrait alors réapparaitre dans un mois, si d’autres commandes ne sont pas effectuées et livrées à temps. 11 faut donc anticiper suffisamment à temps sur les commandes, sinon l’accalmie observée, ne serait que de courte durée. C’est pour dire haut combien l’atmosphère sur les marchés pétroliers est très volatile et instable.

Implosion sociale

La surenchère sur les produits pétroliers à l’international l’ont planer un sérieux risque de hausse des prix de carburants au Cameroun. Le gouvernement table sur une subvention de l’ordre de 700 milliards de Fcfa par an, pour pouvoir maintenir stable les prix actuels de ces produits sur le marché local.

Fort de cette réalité, le prix du litre de super revient à 1016 Fcfa, alors qu’il continue d’être vendu au Cameroun à 630 Fcfa. Le litre de gasoil coûte au Cameroun 575 Fcfa, alors qu’il devrait coûter 1027 Fcfa. Le pétrole lampant pour sa part devrait revenir à 849 Fcfa, mais il est vendu à 350 Fcfa. Par ailleurs, une bouteille de 12 Kg de gaz domestique devrait être vendue à 13 277 Fcfa, mais elle est vendue à 6500 Fcfa.

Pour maintenir cette situation inchangée tout au long de l’année 2022, dans le contexte actuel, l’Etat devra subventionner la consommation du super à 253 milliards de Fcfa ; 376 milliards de Fcfa pour le gasoil ; 43 milliards Fcfa pour le pétrole lampant ; et 70 milliards pour le gaz domestique. La Société nationale de raffinage ( Sonara) ne raffine pas notre pétrole extrait. Ce pétrole est vendu sur le marché international et devrait bénéficier de la surenchère actuelle.

Les bénéfices de cette vente sont minorés par le biais d’une fiscalité flou, et par des réalités managériales camerounaises marquées par l’opacité et la corruption. Pourtant, non seulement les chiffres attendus de ces ventes ne sont pas de nature à couvrir la somme de 700 milliards Fcfa, mais pire, selon certains analystes, le Cameroun devrait dans les 10 prochaines années redevenir un pays non producteur de pétrole, en raison de l’épuisement de nos réserves actuelles.

Il faut relancer la recherche de nouveaux champs pétroliers, et davantage capaciter la Sonara à raffiner le type de pétrole extrait au Cameroun. Dans l’immédiat, les différents Syndicats de Transporteurs menacent d’arrêter le travail et de faire grève, non seulement si ces prix de produits pétroliers connaissent une flambée locale, mais aussi si la pénurie vécue au cours de la semaine du 11 juillet dernier, perdure et se répète.

C’est pour dire que le spectre de 2008 marqué par la grève de la faim, plane sur notre pays, au regard des occurrences. La hausse des prix des produits pétroliers auront une incidence désastreuse sur l’ensemble de l’économie locale, et donc des ménages pauvres.

Ouest Echos

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