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Patrimoine : la symbolique du Nkono chez les Bassa’a

Le Nkono est le symbole du savoir-faire culinaire des femmes Bassa’a. De tous les mets Bassa’a, le Nkono est l’un des plus difficiles à composer, à réussir. Les Bassa’a ont pratiquement les mêmes condiments. Il y’a notre Mbongo’o qu’on met partout. Dans la viande, le poisson, les légumes.

En dehors donc du Mbongo’o, nous avons le Nkono qui symbolise notre savoir-faire culinaire.

Pourquoi est-il la symbolique du savoir-faire culinaire Bassa’a ?

1. Le Nkono est difficile à faire. Il prenait beaucoup de temps. Du temps de nos grand-mères, il fallait environ une semaine pour réussir un Nkono. Il fallait commencer par traiter le Ngond ou le Ngwaag, laver, sécher, écraser surtout à la pierre.

Après cela, il fallait passer à la préparation. La feuille pour emballer le Nkono est toute une technique. La non maîtrise de cette technique peut entraîner le déversement du Nkono. Le mélange de la pâte se faisait sans œufs, tel qu’on l’observe aujourd’hui. Il faut savoir que les œufs renforcent la cohésion de la pâte. Nos Mamans n’utilisaient pas les œufs. Leur technique permettait de réussir sans ces ajouts. Le Nkono mettait au moins deux jours au feu avant de cuire.

Le terme de Kouna Nkono renvoie à un Nkono dont la cuisson n’est pas à point. C’est la raison pour laquelle il y’a toujours eu la cérémonie de coupure du Nkono.

Ceci pour magnifier la maîtrise des techniques culinaires des femmes qui se sont occupées de la cuisson de ce précieux mets. On coupe le Nkono et on le présente à l’assistance pour dire que voici une femme de valeur.

2. Dans les mariages, le Nkono revêtait une autre symbolique. Il faut savoir que les jeunes filles se mariaient vierge. Le Nkono devait accompagner la virginité de la jeune fille. Il était la preuve que non seulement la jeune fille avait été bien encadrée dans sa jeunesse par ses mamans, mais qu’en plus ses mamans ont un savoir-faire culinaire qu’elles lui ont transmis.

3. A cela, il faut ajouter la symbolique de l’unité. Une seule femme ne confectionne pas le Nkono, il faut être plusieurs. C’est la raison pour laquelle dans les cérémonies, c’est toujours les femmes, pas une femme, qui présentent le Nkono. C’est donc ce symbolisme d’unité, « Wô wada u nkan be djomb », une seule main ne peut faire un paquet.

Une seule femme ne fait pas le Nkono. Au cours d’un mariage ou d’une grande cérémonie, il y avait toujours une cuisine spéciale pour les mi Nkono. Cette case était interdite aux hommes.

C’est l’enceinte de la féminité. Mais la feuille devant emballer le Nkono était coupée par un homme. Aller chercher les feuilles du Nkono relevait de la responsabilité des hommes. Cette feuille ne devait avoir aucun défaut. Au final, le travail du Nkono mettait en exergue séparément les deux énergies, la femme et l’homme.

4. Le Nkono, mets délicat, mets d’honneur, avait des interdits. Une femme qui était en période de menstruation n’entrait pas dans la case réservée à la préparation du Nkono. Toute femme devant participer à la préparation du Nkono devait s’abstenir de tout rapport sexuel.

Vu ainsi, le Nkono incitait la femme à la concentration, à l’unité, au travail bien fait, à la pureté. À la fidélité aussi car on fait le Nkono à l’époux jamais au concubin. La machette qui devait couper le Nkono était celle utilisée pour la cueillette du vin de palme. Pour finir, le Nkono ainsi obtenu ne se mangeait pas seul.

Destiné au mari, ce dernier invitait ses pairs, sa famille. Destiné à une famille ou à un clan, tous se réunissaient pour sa dégustation.

Bonne dégustation à tous !

Sanaga Maritime Info

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