Le mastodonte anglo-suisse du trading et du négoce, Glencore, se trouve une fois de plus dans la tourmente judiciaire après avoir été condamné par la justice suisse pour des délits de corruption dans plusieurs pays africains. Cette nouvelle condamnation vient s’ajouter à une série de scandales qui ébranlent l’entreprise, mettant en lumière ses pratiques opaques et son implication dans la corruption à grande échelle.
La semaine dernière, le procureur de la Confédération suisse a infligé une amende de 2 millions de francs suisses (environ 2,4 millions de dollars) à Glencore International pour avoir omis de prendre des mesures suffisantes pour prévenir la corruption lors de l’acquisition d’actifs miniers en République démocratique du Congo. En outre, l’entreprise devra verser une « demande de compensation » de 150 millions de dollars en rapport avec les bénéfices indus obtenus grâce à ces pratiques illicites, a indiqué le Ministère public de la Confédération.
Ce n’est pas la première fois que Glencore se retrouve devant les tribunaux pour des affaires de corruption. En mai 2022, lors d’une procédure judiciaire au Royaume-Uni, le géant pétrolier avait déjà avoué sa culpabilité dans des affaires de corruption impliquant des responsables du secteur pétrolier en Afrique. Cette affaire tentaculaire concerne plusieurs pays, dont le Nigeria, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée équatoriale et le Soudan du Sud.
Selon les propres aveux de Glencore, l’entreprise aurait versé environ 79,6 millions de dollars (environ 50 milliards de FCFA) à des sociétés intermédiaires pour obtenir des avantages indus et maintenir des contrats avec des entités publiques et des entreprises d’État dans certains pays africains. Au Cameroun, notamment, environ 7 milliards de FCFA de pots-de-vin auraient été distribués à des responsables de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et de la Société nationale de raffinage (Sonara) afin de favoriser les opérations de Glencore dans le pays.
Cette condamnation en Suisse intervient après une autre décision sévère de la justice britannique le 3 novembre 2022. Le tribunal de Southwark Crown Court de Londres avait alors condamné Glencore à une amende de 276 millions de livres sterling (162,73 milliards de FCFA) après que la société ait plaidé coupable de corruption pour l’obtention de contrats pétroliers dans cinq pays africains. Le juge Peter Fraser avait alors déclaré que « la corruption faisait clairement partie de la culture d’un certain nombre de membres du personnel du bureau d’Afrique de l’Ouest », qualifiant ces infractions de « sophistiquées », étalées sur plusieurs années.
Cette succession de condamnations souligne l’ampleur du scandale et met en lumière les pratiques corruptives enracinées dans certaines opérations de Glencore. Alors que la justice continue de faire son travail, la réputation de l’entreprise subit de sérieux dommages, et son avenir reste incertain dans un contexte où les appels à la transparence et à l’éthique se font de plus en plus pressants sur la scène internationale.
