Au lycée Racine, les premiers blocages, dès le 30 janvier, ont été marqués par la présence des forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à faire usage de la force contre les lycéens. Le 7 février, un certain nombre d’entre eux ont été emmenés devant l’école et placés en garde à vue. Puis les gavs se sont multipliés. Au lycée Racine, Colbert…
Comment expliquez-vous une attitude aussi répressive de la police envers les lycéens, dès les premiers blocages le 31 janvier ?
Le principe était de bloquer immédiatement et le plus efficacement possible les manifestations publiques de protestation : sans aller trop loin quand il s’agissait, qu’il s’agit toujours de mineurs qui débutent tout juste leur vie de citoyens, donc peu informés de ce qu’ils ont le droit de faire ou non.
Au lycée Racine, comment réagissent les parents ? Enseignants ?
Tout le monde est main dans la main pour dénoncer le déluge de gaz lacrymogènes, coups, étranglements, mais surtout scandalisé par les interpellations abusives.
De mémoire de parents de lycéens, garde à vue pour blocages de lycées avec 3 poubelles, cela ne s’est jamais vu. Ensuite, chacun joue son rôle : un proviseur sous l’œil attentif du Rectorat ne réagit pas de la même manière qu’une mère de lycéen de 14 ans qui passe la nuit au poste sans dîner.
Le Collectif anti-répression Lycéennes et Lycéens Paris Ile-de-France a publié une tribune-pétition adressée aux ministres de l’Intérieur et de l’Education pour dénoncer les violences policières. Quel est le rôle de ce groupe ?
Nous nous sommes spontanément formés à partir du 7 février en unissant nos forces de parents, d’enseignants et d’assistants d’éducation répartis dans plusieurs lycées de la capitale.
Nous soutenons les parents bouleversés par l’incarcération provisoire de leurs enfants sans droit de les voir, voire d’entrer dans le commissariat. Il n’est pas rare que des larmes coulent lorsque l’enfant retrouve enfin la liberté.
Nous appelons à des rassemblements devant les commissariats où les enfants sont parfois menottés au banc, mêlés à des adultes interpellés, fouillés au corps (même la main dans le slip pour les garçons).
Des lycéens ont été critiqués pour avoir manifesté pour un sujet – les retraites – qui ne devrait pas les intéresser. Tout comme on se moque d’eux pour l’usage du blocus et l’usage des poubelles. Qu’en penses-tu ?
Les poubelles sont un cadeau du bon dieu de l’émancipation citoyenne – s’il en est un ! Ils permettent de rendre tangible un engagement des jeunes enthousiaste et empathique, souvent très physique, et en même temps, comme ils sont sur roulettes et en plastique, ils ne causent aucun dommage.
Ce sont des barrages symboliques qui bloquent le passage de quelques voitures qui souvent, très souvent, klaxonnent en signe de solidarité. Autour d’eux s’organisent des discours, des échanges entre…
