Moment de prière et d’absolution pour les fidèles, l’événement revêt cette année une saveur particulière puisque l’Église orthodoxe russe est pointée du doigt pour ses positions en marge du conflit.
Un rituel qui, même en temps de guerre, reste incontournable. Ce jeudi était célébrée, en Russie et en Ukraine, l’Epiphanie orthodoxe, une fête religieuse au cours de laquelle les croyants se plongent dans de l’eau glacée pour célébrer le baptême du Christ. Une tradition qui permet aussi de s’absoudre de ses péchés et de recevoir une bénédiction divine.
« Dieu nous aidera à arrêter l’agresseur »
Avec le bruit des missiles qui s’écrasent à proximité et un rappel que le conflit n’est jamais loin, plusieurs soldats ukrainiens se sont rendus au monastère Holy Dormition Lavra à Svyatohirsk, dans l’oblast de Donetsk, pour participer à la célébration.
Après que les prêtres aient béni le fleuve Donets, qui servait de ligne de démarcation naturelle entre les positions des forces russes et ukrainiennes lorsque Moscou a occupé la ville jusqu’en septembre 2022, plusieurs soldats se dirigent vers le fleuve qui ne dépasse pas les huit degrés en cette saison hivernale.
La règle est « simple », pour que la prière soit recevable, les fidèles doivent se signer et se plonger trois fois dans cette eau froide. Une immersion qui, outre sa dimension œcuménique, aurait des vertus physiologiques. « On dort dans des tranchées et des bunkers, donc s’habituer au froid va nous rendre la vie moins difficile », explique Stanislav, soldat de l’infanterie ukrainienne, devant la caméra de BFTMV.
« Je ne dirais pas qu’elle lave mes péchés, c’est plutôt le contraire en fait, cette eau est bénie, cela veut dire que Dieu va nous aider à arrêter l’agresseur, à arrêter ces démons », ajoute-t-il.
Tensions sociales
Cette année à Sviatohirsk, l’Epiphanie a forcément une saveur particulière et les ravages de la guerre ont laissé leur empreinte sur le monastère. Le vaste lieu saint porte encore les marques des combats, les murs sont marqués par des éclats d’obus et les dômes sont dépourvus de leur revêtement doré traditionnel.
« Avant, je faisais ça avec ma famille. Maintenant, je ne peux plus, je suis seul », a déclaré à l’AFP Oleksandre, un enquêteur du gouvernement de 34 ans, alors qu’il s’habillait après avoir plongé dans l’eau. .
Moment de rassemblement, l’Epiphanie orthodoxe 2023 est aussi marquée par des tensions qui érodent peu à peu le tissu social local, certains habitants célébrant la prise de la ville par les Russes au début du conflit.
Le chef du monastère est lui-même un fervent partisan des séparatistes pro-russes dans l’est de l’Ukraine et l’allégeance de sa communauté à l’Église orthodoxe ukrainienne…