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Liberté de la presse : célébrer ou capituler

En cette journée du 3 mai dédiée à la liberté de la presse, la question mérite d’être posée : faut-il célébrer la liberté de la presse au Cameroun ? Au-delà de la pluralité, la pertinence du débat sur la la liberté de la presse reste entière.

La reculade a été grande. Entre la dizaine de titres assujettis à la « pensée unique » de la main noire qui dicte sa loi ces damnés sociaux, et les majors qui revendiquent une certaine hauteur, le fossé n’est grand que du fait de la perception erronée que reflète un œil corrompu par les combats passés.

La journée de la presse 2020 se célèbre dans un contexte de double musèlement. D’une part au Cameroun l’on assiste au retour de l’ère de la pensée unique, promue par l’Administration territoriale, inhibant de ce fait les avancées arrachées au fil des années de lutte. D’autre part, la crise du Covid-19 en a rajouté à la précarité dans laquelle les entreprises de presse fonctionnent au quotidien.

Il y a dans cet environnement la responsabilité des concernés eux-mêmes. La Fédération des éditeurs de presse, pour ne prendre que l’exemple de ce « syndicat » des patrons, ne rate aucune occasion de défendre ses intérêts, ceux des patrons. Ne reculant devant rien, ce syndicat sait s’unir pour parler d’une même voix et défendre son bifteck.

Les reporters, eux, sont le parent pauvre de cette famille qui vivote dans un environnement morose. Les reporters ont appris à vivre comme tout bon Camerounais : se résigner à l’extrême. Les frais de reportage, lorsqu’ils existent, sont parfois la rétribution officieuse de beaucoup. A défaut, la marche s’impose non plus comme activité sportive, mais mode de subsistance. Le salaire est parfois un lointain souvenir à peine mémorable.

Et bienvenue dans la république du gombo dont la superficie s’étend inexorablement au-delà des lignes de démarcation public-privé. A la vérité, le clivage presse publique/presse privée a cédé la place au clivage presse/autre. La bonne graine est rare. Le virus a grignoté de part et d’autre, inoculé le venin de l’objectivité, grillé les cerveaux enclins à l’autocritique.

Le Conseil camerounais des médias (CCM) en est mort cliniquement. Le Syndicat national des journalistes du Cameroun (SNJC) a un cœur, mais il lui manque une cervelle vierge et des muscles. Ainsi, la liberté de la presse au pays de Pius Njawé est prise au piège de toutes ces obstacles érigés par le politique et entretenus par la famille de la presse.

Entre le tam-tam présidentiel et les défenseurs des intérêts individuels, le combat pour une presse digne et indépendante perd des ingrédients de son essence : l’audace, le courage et même la volonté. Sacrifiés sur l’autel de la vénalité des intérêts éloignés de ceux du plus beau métier du monde. La liberté d’expression offre l’illusion de prospérer, pendant que la liberté de la presse en prend un coup. Il faut peut-être avoir le courage de capituler si l’on ne peut plus aller de l’avant.

Lafricain

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