Le jeu vidéo donne-t-il des idées de pillage et de dégradation ? Depuis des années, des études montrent qu’il n’y a pas de lien entre les jeux vidéo et la violence chez les jeunes. Pour les experts, la violence quotidienne a des effets plus nocifs que GTA.
Au début des émeutes qui ont éclaté dans toute la France après la mort de Nahel, de nombreux jeunes ont été vus commettre de multiples dégradations. Le président de la République Emmanuel Macron confiait alors avoir « le sentiment, parfois, que certains vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués ». Une courte phrase qui a suscité une vague d’émotion et de réactions chez les joueurs, mais aussi dans le monde du jeu vidéo.
Sans citer un titre par son nom, on peut facilement l’imaginer faisant référence à des jeux comme Grand Theft Auto V (GTA V), connu pour son côté subversif et sans limites, où l’on incarne des braqueurs et des petits voyous. Enfreindre la loi fait même partie du petit plaisir coupable des joueurs, si tant est que l’on soit conscient que cela reste un jeu et ne doit pas être reproduit d’après la réalité. Pour le chef de l’Etat, avec les plus jeunes, l’effet serait tout autre et potentiellement dévastateur sur les comportements.
Aucun lien entre les jeux vidéo et la violence
Or, depuis des années, les études tendent à montrer qu’il n’y a pas de lien de causalité entre jouer à des jeux violents, comme appel du devoir, Champ de bataille ou même Fortnite, et le devenir en réalité. « De moins en moins de gens croient à cette théorie, explique Tech&Co Olivier Duris, psychologue-clinicien spécialisé dans les jeux vidéo. « Ça change, car beaucoup de parents d’aujourd’hui sont des joueurs d’hier. Heureusement, on entend de moins en moins parler de ce genre et heureusement il y a eu moins d’attaques en ce sens ces dernières années. »
Fin 2020, une étude britannique menée sur 500 joueurs adolescents, puis jeunes adultes, a permis de mesurer l’évolution de leur comportement après avoir joué pendant près de 13 ans à des jeux de peu à très violents.
Publié dans la revue Cyberpsychologie, comportement et réseaux sociaux, le rapport a conclu qu’il n’y avait pas plus de violence en eux que les autres adultes du même âge. Avec une pratique différente de ce type de jeu (de joueur occasionnel à joueur assidu), ils n’ont pas montré après 10 ans une agressivité plus marquée. Les joueurs plus occasionnels ont développé un intérêt légèrement plus fort au fil du temps pour les jeux de ce genre sans que cela impacte leur comportement quotidien, bien qu’il y ait eu une agressivité légèrement accrue au fil du temps. Une autre étude singapourienne portant sur 3 000 adolescents a montré que les jeux vidéo ne les rendaient pas plus anxieux, déprimés ou provoquaient des troubles…
