« Les Français n’ont pas conscience de ce qu’ils représentent pour les autres pays »

Quand on dit à un Espagnol que les Français sont parmi les champions du monde du pessimisme, sa première réaction est… un éclat de rire. « Comment ? Votre pays fonctionne mille fois mieux que le nôtre ! s’exclame Almudena.Cette maraîchère de 62 ans rencontrée derrière son étal du marché San Enrique dans le centre de Madrid, est intarissable lorsqu’il s’agit de détailler les domaines où, selon elle, la France devance l’Espagne. l’éducation, le système de santé, la culture, une merveilleuse capitale…. tu es meilleur que nous en tout, ou presque ! ». Et Almudena de préciser : « J’admire votre capacité à respecter les traditions. C’est le cas, notamment en gastronomie. Avec mon mari Manolo, nous sommes fans de « Las recetas de Julie », une émission culinaire de la télévision publique espagnole dans laquelle l’animateur dévoile les secrets de la cuisine française. Ce spectacle est un grand succès ! « .

Vu de Madrid, le pessimisme français est difficile à justifier. La France est souvent considérée comme le grand voisin. Le modèle à suivre. « La France est une référence pour l’Espagne et pour le monde… mais je pense que vous l’avez oublié ! explique María Luisa de Contes. A 69 ans, cet ancien secrétaire général du groupe Renault a la particularité d’avoir travaillé vingt ans dans chacun des deux pays. Sa vision du monde des affaires est éclairante. « La France a une culture de décision en équipe. Cela vient sûrement de votre tradition démocratique. C’est extrêmement efficace. Après 20 ans passés à Boulogne-Billancourt, au siège de Renault, je me suis immergé dans cette culture de l’échange et du compromis. Quand je suis arrivé en Espagne au début des années 2000, j’ai voulu reproduire cette stratégie de dialogue. On m’a dit : « C’est toi le chef. Donnez-nous des ordres et nous les exécuterons ! ».

« Tu te compares toujours à un passé que tu idéalises »

Autre différence majeure : « La place des femmes dans l’entreprise est bien meilleure en France qu’en Espagne ». L’amour de María Luisa pour la France est tel qu’en 1981, cette andalouse renonce à sa nationalité espagnole pour adopter la nationalité française. (NDLR : à cette époque, la double nationalité n’était pas possible). Et de conclure : « Les Français n’ont pas conscience de ce qu’ils représentent pour les autres pays ».

Victor Mesa, un paysagiste de 39 ans, nous donne un autre regard. Il voyage souvent en France et suit de près notre actualité. « Je crois que le pessimisme des Français vient du fait que vous vous comparez toujours à un passé que vous idéalisez. Vous vous battez pour rester dans l’élite des Nations. Mais l’émergence de nouveaux…