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Cameroun Actuel

Les camerounais ne connaissent pas leur histoire

 Au niveau du primaire, l’histoire du Cameroun est contée à travers les grandes dates, le secondaire lui accorde 50% de contenus extravertis. Toutefois, la section Histoire-géographie-Economics à l’inspection pédagogique chargée des Sciences humaines au Minesec vante des avancées.

Les manuels scolaires d’histoire et d’éducation civique, quand ils existent, ne répondent pas à la formation du citoyen camerounais, attaché et loyal à son pays, mais plutôt à la formation d’un citoyen cosmopolite dont l’attache avec le Cameroun, c’est-à-dire le sol natal, la patrie n’est pas avérée ». Cette déclaration de l’historien, Jean Koufan Menkene, date de novembre 2016.

Elle avait été prononcée à [Assemblée Nationale du Cameroun. Quatre ans plus tard, cette problématique revient avec acuité. Sur 10 élèves des classes de 3ème interrogés hier, 8 juillet 2020 au quartier Elig-Essono, seul un avait une idée de Um Nyobe. Pourquoi ? Quels sont les contenus des cours d’histoire sur le plan national.

Au niveau de l’éducation de base, l’enseignement de l’histoire du Cameroun occupe une place importante. Des instituteurs rencontrés par Le Jour nous ont fait savoir que le passé est enseigné à travers les grandes dates. « On évoque l’histoire du Cameroun. On donne quelques dates. On parle de Douala Manga Bell et Martin Paul Samba etc. C’est l’histoire du Cameroun à travers les grandes dates sans entrer en profondeur. On cite les pays qui ont colonisé le Cameroun. C’est au secondaire qu’on entre en profondeur », confie Gabriel Fotsah, enseignant dans une école publique. Mais au niveau du secondaire, la refonte des programmes d’histoire est au cœur des débats.

La question des contenus

Pour des enseignants, la priorité doit être donnée aux réalités locales. Certains appellent à une évaluation de la philosophie des programmes d’histoire. L’objectif selon eux est de former une jeunesse en phase avec son pays. « Depuis plus de deux ans, on a réduit un peu le nombre de chapitre en retenant ceux qui concernent le Cameroun. On retrouve dans le programme beaucoup de leçons qui n’ont rien à voir avec notre contexte et n’aident pas le pays à avancer.

Il faudrait que les générations futures s’approprient véritablement l’histoire de notre pays. S’il faut élargir, on gagnerait à étudier l’histoire de certains pays africain », conseille Blandine Cemir, enseignante d’histoire. Andew Egbe va également dans le même sens : « Vous allez vous rendre compte que dans certaines classes, on ne parle du Cameroun que vers la fin des programmes ; ce qui est déjà regrettable à mon sens.

Le programme d’histoire de la classe de seconde de l’enseignement général consacre seulement 3 leçons sur 16 à l’histoire du Cameroun », déplore l’enseignant. Pour ces chevaliers de la craie, l’histoire du Cameroun doit occuper les premiers chapitres des programmes. Cette problématique intéresse également ies camerounais hors des salles de’ classes.

Ancien étudiant et aujourd’hui vendeur de livre, Alphonse Njoh a sa petite idée sur la question. Pour lui : « La société camerounaise s’égare. Les hommes de valeur se raréfient. Les jeunes n’ont plus de repères. Aujourd’hui, on célèbre des non-valeurs pourtant, les Ouandié, Moumié, Um Nyobe ont versé leur sang pour ce pays. Ils avaient le sens de l’intérêt général. Voilà des repères oubliés », se plaint ce vendeur de livres à la criée. Et d’ajouter : « J’ai étudié ces questions à [Université et le constat est frappant. Nous devons nous réconcilier avec notre passé si nous voulons bâtir une société sur des fondements solides. Un pays qui toise son histoire se meurt». Certains s’accordent à dire qu’il faut retirer des programmes des chapitres qui sont en déphasage avec le contexte local.

« Mauvais procès »

Au niveau de l’inspection générale, on assure que la refonte des programmes d’histoire amorcée depuis 7 à 8 ans, donne une part belle à l’histoire du Cameroun à travers ses grands hommes. Pour le moment, la moyenne est de 50% et varie d’un niveau à un autre. Les contenus d’histoire pour ce qui est de [enseignement secondaire parcourent le Cameroun, l’Afrique, le monde. Ces contenus vont de la pré histoire jusqu’à nos jours. C’est séquencé en fonction du niveau, apprend-t-on. « C’est un programme qui vise à donner à l’enfant un certain nombre d’informations sur des évènements qui se sont déroulés dans son pays, le Cameroun, en Afrique et dans le monde.

Ce sont des informations pour l’aider à résoudre des situations de vie auxquelles il pourrait être confronté », explique Jacques Emile Makani, Inspecteur chef de la section Histoire-géogra-phie-Ecônomics à [inspection pédagogique chargée des Sciences humaines au Minesec. Pour lui, il s’agit d’un mauvais procès fait par certains car les nouveaux programmes prennent en compte beaucoup d’éléments. « Beaucoup d’enseignants ont du mal à se départir de ce qu’ils faisaient avant. Ils ne comprennent pas que, dans les contenus actuels, il y a des éléments qui aident à résoudre la crise au Cameroun.

Si vous prenez par exemple le programme dé1ère, il est largement ouvert. Dans ce programme quand on parle du Cameroun, nous partons dû Cameroun une entité, qui subit la pression extérieur qui aboutit à sa division ; une division qui est internationalisée par la SDN. Nous continuons à montrer dans ce programme comment les Camerounais vivent mal cette division ». Et d’ajouter : « Le programme de Terminale s’ouvre sur le combat des Camerounais à se remettre ensemble avec évidemment les difficultés qui . permettent de comprendre les crises actuelles. Ces éléments sont étalés sur plusieurs leçons ». Pour [inspecteur, ceux qui parlent des contenus extravertis ne connaissent pas les programmes.

David Eloundou en veut plus : « On sent, quoi qu’on dise, un effort au niveau des contenus. Il en faut encore plus. Figurez-vous qu’en plein Yaoundé, aucune rue ne porte le nom de Um Nyobe par exemple. Mais vous avez des rues qui portent paisiblement le nom des Européens. Y a-t-il une rue Ouandié en France ? Je doute. Racontons au mieux notre histoire ». Le nouveau programme d’histoire de la classe de Terminale va consacrer 60% de son contenu au Cameroun.

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