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Les agriculteurs camerounais cherchent à valoriser les produits dérivés de cacao domestique (REPORTAGE)

Depuis des décennies, Jean Medard Mendouga vit de la culture du cacao à Essessana, un village de l’arrondissement de Mengong dans la région camerounaise du Sud.

Lorsque Xinhua a visité la localité, le chef traditionnel d’Essessana, âgé de 62 ans, s’est réuni avec sept hommes et une femme au centre d’une plantation de cacao pour séparer les fèves de cacao des cabosses mûres récoltées deux jours auparavant.

« Je suis né pour le cacao. C’est ma vie », avoue ce père de six enfants qui possède une plantation de deux hectares.
Assis à ses côtés, Joseph Samba Mfouou, 37 ans, confirme que le cacao est la principale source de subsistance des villageois, mais note que les conséquences néfastes du changement climatique et de la volatilité des prix les poussent à innover s’ils veulent continuer à en vivre.

« A l’époque c’était quatre cueillettes et on pouvait aussi aller jusqu’à cinq (…) Aujourd’hui, nous avons les climats qui ne sont plus stables, les pluies ne viennent plus à l’heure, le soleil qui s’improvise même en pleine saison de pluie, ce qui fait qu’aujourd’hui on cueille au plus deux à trois fois », déplore M. Mfouou qui est également conseiller municipal de Mengong.

La vente de fèves de cacao n’est plus suffisante pour répondre à la demande des producteurs et le gouvernement camerounais pousse les agriculteurs à transformer davantage de fèves de cacao en produits qu’ils peuvent vendre, dit M. Mendouga, selon qui plusieurs séminaires sur ce thème ont été organisés. « Mais on est encore novice », convient-il.

A environ 150km de Mengong, dans la commune de Meyomessi, Suzanne Ayolo, une cultivatrice ambitieuse de cacao, est très consciente de l’importance et des avantages de la transformation domestique des fèves de cacao.

Enfant, elle passait la plupart de son temps dans les plantations à aider ses parents à récolter. Mais les grandes multinationales ont tiré profit de la prospérité du commerce de cacao, voyant des paysans travaillant dur être privés pendant des années de conserver leurs propres approvisionnements.

« On a travaillé très dur tandis qu’on n’a rien obtenu », déplore-t-elle.

A l’âge de 15 ans, Suzanne Ayolo rêvait de transformer les plantations en coopératives productives pour exporter des fèves de cacao à l’étranger.

« Nous avons du cacao. Et même le meilleur du monde! », se vante-t-elle. En 2018, elle décide de fonder Eden Espoir Cacao, une entreprise privée de transformation du cacao située dans le village de Minkang II.

Cette mère de deux enfants âgée de 44 ans fait partie des nombreux entrepreneurs camerounais désireux de saisir l’opportunité de transformer le cacao au Cameroun, puis de le vendre à la population locale et peut-être d’exporter des produits finis plus rentables.

Son entreprise est devenue une attraction dans le village, où les touristes viennent assister au processus de fermentation et observer comment les fèves de cacao sont séchées à l’extérieur avant d’être transformées en plusieurs produits tels que du chocolat, du vin, de la sauce, du beurre, de la poudre et du savon.

D’après Mme Ayolo, son entreprise est capable de travailler 24 heures sur 24, mais elle ne peut traiter pour l’heure qu’une tonne de fèves par mois.

Selon l’Office national du cacao et du café (ONCC), qui supervise la qualité et le prix du cacao camerounais, à la fin du mois d’août, les moulins à cacao camerounais ont traité 86.850 tonnes depuis le début de la saison 2021/22, contre 62.425 tonnes à la même période de la saison précédente, soit une augmentation de 28,12%.

Pendant la campagne, la production nationale du troisième plus grand producteur de cacao en Afrique, a-t-on indiqué de même source, était de 295.163 tonnes, avec 218.993 tonnes soumises à un contrôle qualité pour l’exportation.

Cela signifie, selon Mme Ayolo, que davantage d’exploitants camerounais transforment le cacao localement. « Vraiment, c’est une manière de faire valoriser nos produits, de faire valoriser notre pays (…) Voilà un peu ce qui nous pousse à transformer le cacao aujourd’hui », dit-elle.

Pour des agriculteurs comme Jean Medard Mendouga, la transformation locale des fèves de cacao signifie également plus de profits.

« Plus il y a d’entreprises locales, plus la demande de fèves de cacao est grande et plus le prix est élevé. Mais nous avons besoin du soutien du gouvernement, en particulier en ce qui concerne les insecticides qui peuvent lutter contre les ravageurs et les maladies », souhaite-t-il.

« Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de produire en masse et de consommer réellement nos produits à base de cacao, car c’est une très grande richesse que nous possédons », renchérit Joseph Samba Mfouou.

La transformation domestique du cacao au Cameroun devrait rebondir au cours de la prochaine saison 2022/23, stimulée par une production plus élevée et une meilleure qualité, mais sa rentabilité à long terme pourrait dépendre de l’évolution de la demande locale de produits finis, d’après des analystes.

Xinhua

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