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L’empoisonnement au Cameroun : autopsie d’un fléau social encré dans les moeurs

L’empoisonnement est un fait social qui existe depuis l’existence de l’humanité. En général, lors des périodes des festivités de fin d’année, il y a, très souvent, les histoires d’homicide volontaire par empoisonnement. En jetant un regard rétrospectif sur le passé, l’on découvre que c’est par l’empoisonnement que des nationalistes upcistes avaient été assassinés en exil durant les années pré et post-indépendance. C’est aussi par l’empoisonnement que les conflits fonciers se résolvent parfois dans les contrées rurales ou urbaines juste en raison d’un simple titre foncier.

Dans le Cameroun contemporain, l’empoisonnement est devenu récurrent. Des compatriotes de la diaspora, qui viennent séjourner au Cameroun pour passer leurs vacances ou pour des voyages d’affaires, l’apprennent à leurs dépens. En fin d’année 2021, une Camerounaise domiciliée en Europe était venue célébrer son union matrimoniale au pays, mais elle n’a pu, au bout du compte, y retourner parce que décédée après un empoisonnement.

Était-ce le cas pour Céline Padjoh, entrepreneure économique domiciliée à Paris en France, venue passer un séjour au Cameroun, mais qui n’y retournera plus jamais tant elle a été retrouvée morte dans un appartement ? Céline la doyenne, comme nous l’appelions affectueusement, était tenancière d’un restaurant franco-africain aux spécialités camerounaises à Paris. D’après certains témoignages, ce haut lieu gastronomique était le nec le plus ultra, la référence en France.

Partie donc de Paris pour Douala, où elle venait d’ouvrir un restaurant chic, Céline la doyenne ne répartira plus jamais en France, où elle était devenue une entrepreneure économique, une femme autonome et responsable. Son corps a été, en effet, retrouvé sans vie dans son appartement au Cameroun. Chose curieuse observée : les pieds de Céline la doyenne étaient enflés. Pourtant, relatent ses proches et amis, elle était pétillante de forme à son départ.

Que s’est-il donc passé ? Céline la doyenne a-t-elle été empoisonnée avant d’être retrouvée morte dans son appartement ? A-t-elle succombé à un Accident vasculaire cérébral (Avc)? A-t-elle été victime d’un malaise ou d’une crise cardiaque ? Ce sont, entre autres, questions et interrogations qui méritent d’être explorées par un médecin légiste, qui en dévoilera, naturellement, le résultat de l’autopsie avant l’organisation des rituels funéraires de cette compatriote de la diaspora. Avant d’y arriver, daigne reposer en paix Céline la doyenne !

Des recherches antérieures ont permis de constater qu’il y a des individus qui empoisonnent même leurs amis et leurs camarades tout simplement parce qu’ils sont jaloux(ses) de leur évolution et de leur réussite, parce qu’ils/elles sont aigri(e)s et entretiennent la haine et les rancœurs. La propension à être frustré(e) fait en sorte que les grincheux(ses) n’arrivent pas à supporter l’ascension sociale de leurs congénères.

Illico presto, les faibles d’esprit (en posture de minorité psychologique) estiment que pour survivre, il faut faire disparaître autrui, qui est envié, valorisé et sublimé. Autrui, qui est subjugué ici, qu’il ait des signes extérieurs de richesse, de pouvoir, d’autorité ou non, est, sans conteste, en position de majorité psychologique. C’est donc la guerre symbolique entre les frustrés et les personnes jalousées qui se solde, malencontreusement, par le phénomène de l’empoisonnement, solution éminemment périlleuse et fatale pour les victimes qui sont nombreuses.

Aujourd’hui dans les îlots de plaisir et de loisir (bars-dancing, snack-bars, boîtes de nuit, cabarets, etc), la technique de l’empoisonnement est connue au point où chacun(e) tient absolument à ouvrir sa bouteille de bière. L’on ne laisse plus une bouteille ou un verre ouverts avant d’aller aux toilettes au risque de se faire surprendre.

L’on en arrive même à se déplacer avec son flacon de vin lorsque l’on est contraint de se lever pour aller se trémousser sur la piste ou pour aller décrocher un coup de fil. Tout simplement parce que l’on ne sait jamais. Il est donc urgent de se souvenir de ces nombreuses vies qui sont brisées, de ces nombreux destins déchus et de ces avenirs qui sont rendus incertains.

Repensons, par exemple en guise d’illustration, à l’animatrice de Radio et Équinoxe Tv, Flora Ze, décédée en avril 2020 des suites d’un empoisonnement lors de l’anniversaire de son enfant célébré à Douala selon des indiscrétions faites à cette période-là. En janvier 2022, l’on se souvient aussi du cas de Julio Trésor Tanon, ancien journaliste à Canal 2 international, qui a émigré, ces derniers mois, aux Etats-Unis. Son cas d’empoisonnement avait été relayé dans l’espace public au point d’émouvoir plus d’un. Il avait, quelques mois après, recouvré sa santé.

En février 2022, le cas de Harley Debeau Andebe, alors journaliste à Vision 4, avait défrayé aussi la chronique. Le transfuge de Canal 2 international était décédé des suites de maladie. Les échanges téléphoniques avec des confrères, qui avaient circulé sur la messagerie instantanée whatsaap il y a un an, avaient fait état de ce qu’il avait été empoisonné il y a plusieurs mois.

Bien de personnes étaient restées de marbre tant elles étaient confinées dans un mutisme depuis la découverte de ce cas. C’est lorsque la mort survient que d’aucuns se mettent à forwarder les échanges du défunt sur plusieurs plateformes numériques. Histoire d’informer le grand public.

A cause donc de l’empoisonnement, certaines personnes marchent, par exemple, avec de l’huile rouge et des écorces réputées anti poison. Bien de personnes ont commencé à se mettre à la mithridatisation (immunisation de certains poisons par l’accoutumance).

Le phénomène de l’empoisonnement est non seulement l’expression de la méchanceté, de l’instinct sanguinaire qui anime plus d’un, mais aussi et surtout c’est la matérialisation de la vulnérabilité des individus ayant une mentalité de défaitiste, de pessimiste et de fataliste. Pourtant, ils peuvent valoir mieux que cela. Prudence, vigilance et méfiance !

Serge Aimé Bikoi

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