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Le parcours tortueux d’Hervé Renard, le « sorcier blanc »

Hervé Renard

En position de qualifier l’Arabie Saoudite pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde au Qatar, le Français Hervé Renard a dû emprunter les chemins détournés pour arriver au sommet.

Dans un groupe qui compte l’Argentine de Lionel Messi et la Pologne de Robert Lewandowski, le simple fait d’être encore en vie à la Coupe du monde après les avoir affronté relève de l’exploit, a fortiori quand on préside à la destinée d’une équipe comme l’Arabie Saoudite. Si les Faucons sont encore en capacité de se qualifier au terme de la 3e journée, c’est en grande partie grâce à ce succès inaugural contre l’Argentine (2-1), une victoire qui restera dans les annales comme l’une des plus grandes performances de l’histoire de la compétition.

Ce succès, les Saoudiens le doivent d’abord à eux-mêmes, et au talent de leurs joueurs, mais aussi à la force de persuasion de leur coach, Hervé Renard, un entraîneur taillé pour les exploits. De ce match, il restera bien sûr la lucarne d’Al-Dawsari, un but venu d’ailleurs, mais également la causerie déjà culte du technicien français. La scène a fait le tour du monde aussi vite qu’elle est apparue sur la toile après le match. On y voit « le sorcier blanc » (son surnom) ensorceler ses joueurs avec un discours empreint d’une passion authentique, à l’image du personnage, charismatique, ce gagneur jamais rassasié.

Il ne faudra d’ailleurs pas plus de huit minutes aux Saoudiens pour inverser le rapport de force au retour des vestiaires et plonger l’Argentine dans un profond marasme. Il est comme ça, Hervé Renard, d’une grande exigence avec lui-même, et avec les autres. Les vérités ne sont pas toujours faciles à entendre avec lui, mais ils n’hésitent jamais à les dire, et touche au cœur, parce qu’il aime ses joueurs. Souvent réduit à cette image de playboy au physique avantageux, chemise impeccable, teint hâlé, très affûté, l’ex-entraîneur de Lille et de Sochaux est surtout un entraîneur aux innombrables qualités, dont le visage émacié trahit avant tout le parcours d’un bûcheur auquel on n’a jamais rien donné.

Sa gloire, il est allé la chercher avec les dents, à force de persévérance. Les champions du monde 1998 ? Hervé Renard les a tous côtoyés, sans qu’aucun d’entre eux, ou presque, ne s’en souvienne, de Frank Leboeuf à Emmanuel Petit. Hervé Renard ne leur en a jamais voulu. « Tu en as fait tellement depuis », a-t-il encore excusé Didier Deschamps alors qu’ils répondaient tous deux à nos confrères de L’Equipe dans le cadre d’un entretien croisé, évoquant le milieu des années 80 et l’équipe de France cadets. Les deux hommes ne se croiseront plus beaucoup après ça. Didier Deschamps a emprunté la voie royale, et Hervé Renard les chemins de traverse pour devenir un technicien qui compte.

Une passé de laveur de vitres

La suite ? C’est d’abord, comme il le dira lui-même, le parcours de quelqu’un qui n’a pas fait la carrière professionnelle qu’il aurait espéré, celui d’un joueur avec plein de volonté « mais qui n’avait pas assez de qualités » pour jouer en D1. Son expérience de l’élite se résume à deux matches avec Cannes. Hervé Renard passe l’essentiel de sa première carrière dans les divisions inférieures, « avec un salaire de joueur amateur qui pense déjà à devenir entraîneur ». Mais entre l’obtention des diplômes et le premier poste d’entraîneur, Hervé Renard doit trouver le moyen de subvenir aux besoins de la famille. Sur les conseils de Pierre Romero, l’homme qui fera basculer son destin en l’introduisant auprès de Claude Le Roy, le technicien français monte sa propre entreprise de nettoyage de villas (RV Net) et mène une vie parallèle.

Son quotidien ? Se lever à 3h du matin tous les jours pendant 8 ans, sortir des containers, nettoyer des vitres, et ce jusqu’à 12-13h, puis partir entraîner l’équipe de Draguignan, comme il le racontait dans l’émission Le Vestiaire, sur RMC Sport. Des journées bien remplies pour celui qui a 30 ans en 1998, quand il commence sa carrière d’entraîneur en N3. Rencontré au tournant des années 2000, Claude Le Roy va changer sa vie à tout jamais, en le prenant comme adjoint en Chine, à Cosco Shanghai (2002-2003) avant de le faire atterrir sur le continent africain, au Ghana (2007-2008), point de départ d’une incroyable ascension. « Ce n’était pas planifié mais c’était écrit quelque part », confesse-t-il encore aujourd’hui.

Adjoint loyal, Hervé Renard aspire à davantage de responsabilités, ce qu’il obtiendra. Une première expérience avec la Zambie, puis l’Angola, Hervé Renard se construit patiemment, se forge son identité et son caractère loin de la France, gravissant les échelons les uns après les autres, jusqu’à ce premier triomphe avec la Zambie à la CAN 2012, face à la Côte d’Ivoire, une sélection qu’il mènera au sacre trois ans plus tard, en 2015, avant de permettre le retour du Maroc en Coupe du monde, vingt ans après, en 2018. Depuis 2019, Hervé Renard dirige les Faucons Verts d’Arabie Saoudite, en quête d’un nouvel exploit qui pourrait asseoir sa réputation, et peut-être lui permettre de retrouver l’équipe de France de Didier Deschamps en huitièmes de finale de la Coupe du monde.

RMC Sport

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